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La Troisième Guerre

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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La Troisième Guerre

Canzone française – La Troisième Guerre – Marco Valdo M.I. – 2013
Histoires d'Allemagne 98
An de Grass 99

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.



Petite illustration : les Douze Variations de Wolfgang Amadeus Mozart. Diverses interprétations.
Mozart drawing by Doris Stock 1789
Tini Mathot piano forte
Samson François
Fazil Say
Ken Barker
Ingrid Haebler
(1975)
Aldo Ciccolini
Giovanni Alvino
Olga Andryushchenko
Steveen Lubin (1998)
Aaron Silver
Élisabeth Sombart




partition ah vous dirais-je


Cette Histoire d'Allemagne est la dernière de celles que contient le kaléidoscope de Günter Grass ; elle est racontée en duo par la mère ressuscitée de la volonté du fils et par le fils lui-même. C'est un dialogue entre une morte et un survivant. C'est la chanson de la dernière année du vingtième siècle et elle projette une lueur inquiétante sur ce que sera le siècle suivant... Celui que nous vivons à présent. Hic et nunc... Ici et maintenant. Encore une fois, la chanson se tourne vers des antiennes populaires et elle reprend comme refrain presque mot pour mot un petit sizain écrit il y a bien longtemps et porté par une musique de Mozart ; une musique elle-même reprise, semble-t-il, de la tradition populaire française par le compositeur autrichien, qui en fit douze variations. Et ainsi, cette fois, le musicien ne sera pas en retard...

Je te cite immédiatement le texte de ce petit sizain :

« Quand trois poules vont au champ
La première va devant
La seconde suit la première
La troisième vient la dernière
Quand trois poules vont au champ
La première va devant. »



Ah, vous dirais-je, Marco Valdo M.I. mon ami, que je connais cette chanson et que j'en connais également d’autres sizains... C'est une chanson célèbre entre toutes, connue de tous ou presque tous, ici en Europe.

Exactement et c'est pour cela que je l'ai choisie... Mais également car elle est aussi une sorte de dialogue entre un enfant et sa maman. Ce qui est précisément notre propos. Et j'ai voulu placer ce finale du siècle d'Histoires d'Allemagne sous la bonne influence de ce musicien qui malgré son génie fut asservi toute sa vie... par les puissants et à l'argent. Ce qui entraîna, sans aucun doute, sa fin misérable. Et comme on le sait, cette forme d'asservissement est une des plaies qui depuis des temps immémoriaux assaillent l'humaine nation.

Oh oui, Marco Valdo M.I., mon ami, la misère remonte à la plus haute Antiquité. Elle est fille de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de les tenir à la gorge, de les transformer en fourmis dociles œuvrant sans répit à accroître les profits et les richesses... Ils entendent, ces riches barbares, confiner l'espèce en une gigantesque fourmilière à la botte et sans aucune honte, écraser toute tentative d’humanisation. Ils louvoient, ils mentent, ils trompent, ils camouflent leur guerre sous le nom de paix, ils présentent leur colonisation de l'homme sous le nom de progrès, ils désignent leur particulière prospérité sous le nom de croissance, terme à vocation générale ; ils sont pour le développement, surtout s'il est durable. Angoissés, ils se répètent comme Maria Letizia Bonaparte, née Maria-Letizia Ramolino : « Pourvu que ça dure ! ». En attendant, ils susurrent aux oreilles inquiètes l'air de la collaboration... Ils entretiennent des mercenaires pour veiller à leurs affaires... Ils rejettent avec dédain toute idée de morale, de conscience. Quand ils prêchent la liberté, c'est pour justifier leurs exactions et leurs privilèges ; c'est la liberté d'entreprendre, c'est la liberté d'exploiter... Ils répandent l'idée qu'il faut créer de la richesse... comme si on pouvait créer de la richesse sans en même temps et par cela même, de manière exponentielle, créer de la misère. Créer de la richesse : on comprend aisément pourquoi... Eux, ils ne créent rien, ce sont des parasites, ils vivent sur le dos des gens; ils accaparent le temps, le travail, la vie des autres.

Mais revenons, si tu veux bien à notre chanson où les personnages qui se répondent, à savoir la mère et l'enfant, ne sont autres que Günter Grass et sa maman qu'il fait revivre pour la cause. Il est vrai que comme chaque fois, j'ai amené d'autres éléments et refait une histoire d'Allemagne, vue d'aujourd'hui et c'est bien le moins, par mes yeux. En fait, il s'agit de l'année 1999, donc la dernière du siècle et quand j'aurai fini (il m'en reste quelques unes à faire, car j'ai sauté quelques années et d'ailleurs, je vais combler ces vides), il y en aura cent et deux de ces Histoires : cent tirées de Günter Grass et deux tirées des Bananes de Königsberg d'Alexandre Vialatte
1 et 2.

Donc, un fils, pour les besoins de la cause, ressuscite sa mère, qui eût été centenaire, s'il n'y avait eu ce foutu cancer qui l’emporta. Il lui demande de raconter sa vie... Elle se remémore : il y eut la guerre, puis la guerre et enfin, la paix, nouvelle forme de la guerre et le cortège des morts : le grand-père, les oncles, la mère. Et puis, maintenant...


… Regardez ce qu'ils font aux Grecs, aux Portugais, aux Espagnols... Ils vous le feront bientôt, s'ils n'ont déjà commencé... Voyons dès lors, cette chanson et puis, dans la foulée, reprenons notre tâche et recommençons à tisser, tels les canuts le linceul de ce vieux monde guerrier, barbare, louvoyant, menteur, trompeur, ambitieux, avide, riche, mortifère et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Quand trois guerres vont au champ
La première va devant
La seconde suit la première
La troisième vient la dernière
Quand trois guerres vont au champ
La première va devant.

Ah ! vous souvenez-vous, maman,
De la guerre d'il y a cent ans.
Papa veut que je raisonne,
Comme une grande personne.
Moi, je dis que les bonbons
Valent mieux que les canons.

C'était la guerre tout le temps
Avec des pauses par moment
Papa faisait des fusils à l'usine
Il est mort d'une balle dans la poitrine
Ses deux frères également
Ont fini soudainement.

Quand trois guerres vont au champ
La première va devant
La seconde suit la première
La troisième vient la dernière
Quand trois guerres vont au champ
La première va devant.

C'était encore la première
Quand est morte ta grand-mère
Comme il fallait bien manger
Moi, j'ai vendu du café
Puis avec Willy, on s'est mariés
Puis sont venus les deux bébés...

Ah ! racontez-moi, maman,
Les histoires de ce temps.
Les gens chantaient en riant
Le moi de mai rend heureux
D'un florin, il en fera deux...
Mais des florins, il n'y en a plus eu
La guerre nous est tombée dessus.

Quand trois guerres vont au champ
La première va devant
La seconde suit la première
La troisième vient la dernière
Quand trois guerres vont au champ
La première va devant.

Ainsi est venue la deuxième
Les morts sont toujours les mêmes
On a eu les rationnements
Puis, ce furent les enterrements
Mais c'était il y a longtemps
C'est plus pareil maintenant.

Ah ! vous dirai-je, maman,
Ce qui cause mon tourment
Avec la paix, c'est merveilleux
On vit de plus en plus vieux
Pour les jeunes, c'est différent
Ils se demandent ce qui les attend

Quand trois guerres vont au champ
La première va devant
La seconde suit la première
La troisième vient la dernière
Quand trois guerres vont au champ
La première va devant.

Écoutez bien les enfants
Ce que dit cette bonne maman
Il y a la guerre depuis si longtemps
Depuis près de cent mille ans
D'un côté, les riches et les puissants
De l'autre, les pauvres et leurs enfants

La guerre se fait autrement
En civil, maintenant
On conquiert par l'argent
Avec lui, on asservit les gens.
Les temps ne sont plus les mêmes
Déjà a commencé la troisième

Quand trois guerres vont au champ
La première va devant
La seconde suit la première
La troisième vient la dernière
Quand trois guerres vont au champ
La première va devant.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 8/11/2013 - 15:05




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