Stimmen aus dem Massengrab (Für den Totensonntag. Anstatt einer Predigt)
Erich KästnerLangue: allemand
Da liegen wir und gingen längst in Stücken.
Ihr kommt vorbei und denkt: sie schlafen fest.
Wir aber liegen schlaflos auf den Rücken,
weil uns die Angst um Euch nicht schlafen läßt.
Wir haben Dreck im Mund. Wir müssen schweigen.
Und möchten schreien, bis das Grab zerbricht!
Und möchten schreiend aus den Gräbern steigen!
Wir haben Dreck im Mund. Ihr hört uns nicht.
Ihr hört nur auf das Plaudern der Pastoren,
wenn sie mit ihrem Chef vertraulich tun.
Ihr lieber Gott hat einen Krieg verloren
und läßt Euch sagen: Laßt die Toten ruhn!
Ihr dürft die Angestellten Gottes loben.
Sie sprachen schön am Massengrab von Pflicht.
Wir lagen unten, und sie standen oben.
"Das Leben ist der Güter höchstes nicht."
Da liegen wir, den toten Mund voll Dreck.
Und es kam anders, als wir sterbend dachten.
Wir starben. Doch wir starben ohne Zweck.
Ihr laßt Euch morgen, wie wir gestern, schlachten.
Vier Jahre Mord, und dann ein schön Geläute!
Ihr geht vorbei und denkt: sie schlafen fest.
Vier Jahre Mord, und ein paar Kränze heute!
Verlaßt Euch nie auf Gott und seine Leute!
Verdammt, wenn Ihr das je vergeßt!
Ihr kommt vorbei und denkt: sie schlafen fest.
Wir aber liegen schlaflos auf den Rücken,
weil uns die Angst um Euch nicht schlafen läßt.
Wir haben Dreck im Mund. Wir müssen schweigen.
Und möchten schreien, bis das Grab zerbricht!
Und möchten schreiend aus den Gräbern steigen!
Wir haben Dreck im Mund. Ihr hört uns nicht.
Ihr hört nur auf das Plaudern der Pastoren,
wenn sie mit ihrem Chef vertraulich tun.
Ihr lieber Gott hat einen Krieg verloren
und läßt Euch sagen: Laßt die Toten ruhn!
Ihr dürft die Angestellten Gottes loben.
Sie sprachen schön am Massengrab von Pflicht.
Wir lagen unten, und sie standen oben.
"Das Leben ist der Güter höchstes nicht."
Da liegen wir, den toten Mund voll Dreck.
Und es kam anders, als wir sterbend dachten.
Wir starben. Doch wir starben ohne Zweck.
Ihr laßt Euch morgen, wie wir gestern, schlachten.
Vier Jahre Mord, und dann ein schön Geläute!
Ihr geht vorbei und denkt: sie schlafen fest.
Vier Jahre Mord, und ein paar Kränze heute!
Verlaßt Euch nie auf Gott und seine Leute!
Verdammt, wenn Ihr das je vergeßt!
envoyé par Bernart - 9/6/2013 - 21:29
Langue: italien
Traduzione italiana di “Italo Slavo” dal sito del Coordinamento Nazionale per la Jugoslavia
VOCI DALLA FOSSA COMUNE (PER IL GIORNO DEI MORTI. IN VECE DI UN SERMONE)
Qui noi giaciamo, già da tempo sfatti.
Voi di passaggio dite: dormon profondo.
Ma noi giaciam rivolti e senza sonno,
perchè il timor di voi ci tiene svegli.
Abbiam la terra in bocca. E stiamo zitti.
Pur grideremmo acché la tomba esploda!
Pur grideremmo, dalle fosse, in piedi!
Ma abbiam la terra in bocca. Voi non sentite
altro che la chiacchiera del prete
che cerca col suo Capo affiatamento.
Il vostro caro dio non ha mai perso guerre
e vuole che diciate: Pace ai defunti!
Di dio apprezzerete i funzionari
che sulla fossa parlan del Dovere.
Noi sottoterra, lor di sopra, bravi,
dicon: "Non è la vita il bene più prezioso".
Qui noi giaciam, la bocca pien di terra.
E non fu come pensavam del dopo:
perimmo. Perimmo senza scopo.
Voi un giorno appresso all'altro combattete.
Quattr'anni di massacri. Solo chiacchiere dopo.
Voi di passaggio dite: dormon profondo.
Quattr'anni di massacri. Un po' di fiori dopo.
Non creder mai a dio ne' alla sua gente!
Dannato sia chi non lo ha chiaro in mente!
Qui noi giaciamo, già da tempo sfatti.
Voi di passaggio dite: dormon profondo.
Ma noi giaciam rivolti e senza sonno,
perchè il timor di voi ci tiene svegli.
Abbiam la terra in bocca. E stiamo zitti.
Pur grideremmo acché la tomba esploda!
Pur grideremmo, dalle fosse, in piedi!
Ma abbiam la terra in bocca. Voi non sentite
altro che la chiacchiera del prete
che cerca col suo Capo affiatamento.
Il vostro caro dio non ha mai perso guerre
e vuole che diciate: Pace ai defunti!
Di dio apprezzerete i funzionari
che sulla fossa parlan del Dovere.
Noi sottoterra, lor di sopra, bravi,
dicon: "Non è la vita il bene più prezioso".
Qui noi giaciam, la bocca pien di terra.
E non fu come pensavam del dopo:
perimmo. Perimmo senza scopo.
Voi un giorno appresso all'altro combattete.
Quattr'anni di massacri. Solo chiacchiere dopo.
Voi di passaggio dite: dormon profondo.
Quattr'anni di massacri. Un po' di fiori dopo.
Non creder mai a dio ne' alla sua gente!
Dannato sia chi non lo ha chiaro in mente!
envoyé par Bernart - 9/6/2013 - 21:31
Langue: français
Version française – VOIX DU CHARNIER (POUR LE JOUR DES MORTS. AU LIEU D'UN PRÊCHE) – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande - Stimmen aus dem Massengrab (Für den Totensonntag. Anstatt einer Predigt) – Erich Kästner – 1927
Poème du grand écrivain et poète allemand, du recueil intitulé « Herz auf Taille » publié en 1928.
Je crois que le premier à mettre en musique ce très beau et terrifiant poème fut le peintre et musicien allemand Hans Trimborn (1891-1979) en 1941.
En 2012 Campino, le leader de Die Toten Hosen, a inclus ce poème dans le double CD que le groupe a publié sous le titre « Ballast der Republik ».
Chanson allemande - Stimmen aus dem Massengrab (Für den Totensonntag. Anstatt einer Predigt) – Erich Kästner – 1927
Poème du grand écrivain et poète allemand, du recueil intitulé « Herz auf Taille » publié en 1928.
Je crois que le premier à mettre en musique ce très beau et terrifiant poème fut le peintre et musicien allemand Hans Trimborn (1891-1979) en 1941.
En 2012 Campino, le leader de Die Toten Hosen, a inclus ce poème dans le double CD que le groupe a publié sous le titre « Ballast der Republik ».
Ah, Lucien l'âne mon ami, ces morts qui parlent font penser à l'Anthologie de Spoon River d'Edgar Lee Masters… Il n'y aurait là rien d'impossible… La-dite anthologie date de quinze ans avant le poème de Kästner…
Peut-être, dit Lucien l'âne, mais je crois plutôt plus encore que ce sont les épigraphes grecques qui elles datent de bien des siècles et qui ont elles-mêmes inspiré le poète de l'Illinois.
Quoi qu'il en soit des inspirations, c'est un texte terrible et prémonitoire. Il date de 1927 et dit déjà :
Et voyant cela, dit Lucien l'âne, je fais juste une parenthèse, pour dire le rôle révélateur de la poésie. On ne constate souvent que longtemps après qu'elle disait ce qu'il adviendrait et le pire, mais Homère le racontait déjà, c'est que très rares sont ceux qui la croient.
Pour le reste, il faut rendre à Kästner cette place, qui lui revient, de poète d'insigne envergure, qui dans la sphère de culture française a été ignoré, négligé ou carrément oublié. Et il faudra bien aussi aller voir l'essayiste, le militant pacifiste, l'écrivain, le journaliste… Un homme, quoi ! Un de ceux qui dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres et font faire aux pauvres afin d'accroître leur puissance, leurs richesses, leurs dominations… Un de ceux qui ont nettement marqué leur choix, nettement montré de quel côté ils entendaient être – toujours ( le côté des pauvres, évidemment) et s'y sont tenus à travers tout.
Tu fais bien d'insister, Marco Valdo M.I. mon ami, car des hommes de cette trempe sont rares et leur histoire est exemplaire…
Parenthèse pour parenthèse, Lucien l'âne mon ami, à propos de cette idée d' « exemplaire », Erich Kästner est aussi un romancier pour enfants et dans ce genre particulier, les romans qu'il écrivit sont eux aussi « exemplaires » en ce sens qu'outre d'être des histoires passionnantes, ils indiquaient – dans les temps difficiles où ils furent conçus – comment ne pas se laisser prendre aux avilissantes pratiques des adultes en chemises d'uniformes… Bien sûr, ils (ces adultes aux mœurs avilissantes) ont brûlé ses livres sur les places publiques…
Allons dans son sens et prolongeons ses efforts en tissant, nous aussi, le linceul de ce vieux monde bancal, exécrable, ennuyeux, mortifère et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Peut-être, dit Lucien l'âne, mais je crois plutôt plus encore que ce sont les épigraphes grecques qui elles datent de bien des siècles et qui ont elles-mêmes inspiré le poète de l'Illinois.
Quoi qu'il en soit des inspirations, c'est un texte terrible et prémonitoire. Il date de 1927 et dit déjà :
«Nous sommes morts. Mais nous sommes morts pour rien.
Comme nous hier, vous serez abattus demain. »
Comme nous hier, vous serez abattus demain. »
Et voyant cela, dit Lucien l'âne, je fais juste une parenthèse, pour dire le rôle révélateur de la poésie. On ne constate souvent que longtemps après qu'elle disait ce qu'il adviendrait et le pire, mais Homère le racontait déjà, c'est que très rares sont ceux qui la croient.
Pour le reste, il faut rendre à Kästner cette place, qui lui revient, de poète d'insigne envergure, qui dans la sphère de culture française a été ignoré, négligé ou carrément oublié. Et il faudra bien aussi aller voir l'essayiste, le militant pacifiste, l'écrivain, le journaliste… Un homme, quoi ! Un de ceux qui dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres et font faire aux pauvres afin d'accroître leur puissance, leurs richesses, leurs dominations… Un de ceux qui ont nettement marqué leur choix, nettement montré de quel côté ils entendaient être – toujours ( le côté des pauvres, évidemment) et s'y sont tenus à travers tout.
Tu fais bien d'insister, Marco Valdo M.I. mon ami, car des hommes de cette trempe sont rares et leur histoire est exemplaire…
Parenthèse pour parenthèse, Lucien l'âne mon ami, à propos de cette idée d' « exemplaire », Erich Kästner est aussi un romancier pour enfants et dans ce genre particulier, les romans qu'il écrivit sont eux aussi « exemplaires » en ce sens qu'outre d'être des histoires passionnantes, ils indiquaient – dans les temps difficiles où ils furent conçus – comment ne pas se laisser prendre aux avilissantes pratiques des adultes en chemises d'uniformes… Bien sûr, ils (ces adultes aux mœurs avilissantes) ont brûlé ses livres sur les places publiques…
Allons dans son sens et prolongeons ses efforts en tissant, nous aussi, le linceul de ce vieux monde bancal, exécrable, ennuyeux, mortifère et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
VOIX DU CHARNIER (POUR LE JOUR DES MORTS. AU LIEU D'UN PRÊCHE)
Nous gisons là et depuis longtemps en morceaux.
Vous passez et vous pensez : ils doivent bien dormir.
Mais sans dormir nous gisons sur le dos,
Car notre peur de vous nous empêche de dormir.
Nous avons de la boue en bouche. Nous devons nous taire.
Mais nous pleurerons jusqu'à ce que la tombe se casse !
Mais nous monterons sur nos tombes en criant à pleine voix!
Nous avons de la boue en bouche. Vous ne nous entendez pas.
Vous n'entendez que les prêches des desservants,
Qui se concertent avec votre chef, confidentiellement.
Votre cher Dieu a perdu une guerre
Et il vous fait dire : Laissez les morts en terre !
Vous pouvez faire l'éloge des serviteurs du Très Haut.
Au charnier, ils ont bien parlé du devoir.
Nous étions en bas, et ils étaient en haut.
« La vie n'est pas le bien le plus méritoire. »
Nous gisons là, notre bouche morte emplie de saleté.
Et il est advenu autre chose, que ce qu'en mourant nous avions pensé.
Nous sommes morts. Mais nous sommes morts pour rien.
Comme nous hier, vous serez abattus demain.
Quatre ans de meurtre, et puis le carillon sonne!
Vous passez et vous pensez : ils dorment profondément.
Quatre ans de meurtre, et aujourd'hui une paire de couronnes !
Ne vous fiez jamais à Dieu et à ses gens !
Nom de Dieu, n'oubliez jamais ça !
Nous gisons là et depuis longtemps en morceaux.
Vous passez et vous pensez : ils doivent bien dormir.
Mais sans dormir nous gisons sur le dos,
Car notre peur de vous nous empêche de dormir.
Nous avons de la boue en bouche. Nous devons nous taire.
Mais nous pleurerons jusqu'à ce que la tombe se casse !
Mais nous monterons sur nos tombes en criant à pleine voix!
Nous avons de la boue en bouche. Vous ne nous entendez pas.
Vous n'entendez que les prêches des desservants,
Qui se concertent avec votre chef, confidentiellement.
Votre cher Dieu a perdu une guerre
Et il vous fait dire : Laissez les morts en terre !
Vous pouvez faire l'éloge des serviteurs du Très Haut.
Au charnier, ils ont bien parlé du devoir.
Nous étions en bas, et ils étaient en haut.
« La vie n'est pas le bien le plus méritoire. »
Nous gisons là, notre bouche morte emplie de saleté.
Et il est advenu autre chose, que ce qu'en mourant nous avions pensé.
Nous sommes morts. Mais nous sommes morts pour rien.
Comme nous hier, vous serez abattus demain.
Quatre ans de meurtre, et puis le carillon sonne!
Vous passez et vous pensez : ils dorment profondément.
Quatre ans de meurtre, et aujourd'hui une paire de couronnes !
Ne vous fiez jamais à Dieu et à ses gens !
Nom de Dieu, n'oubliez jamais ça !
envoyé par Marco Valdo M.I. - 1/10/2014 - 22:03
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Versi del grande scrittore e poeta tedesco, dalla raccolta intitolata “Herz auf Taille” pubblicata nel 1928.
Credo che il primo a trasporre in musica questa bellissima e terrificante poesia sia stato il pittore e musicista tedesco Hans Trimborn (1891-1979) nel 1941.
Nel 2012 Campino, il leader dei Die Toten Hosen, ha incluso la poesia del doppio CD che il gruppo ha pubblicato con il titolo “Ballast der Republik”.
Una poesia dedicata all’immane massacro della Grande Guerra...