Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre,
Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans
Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,
Où plus que jamais douce apparut la lumière.
On n’osait plus songer au réveil des champs d’or
Que l’aube revêtait de sa gloire irisée ;
La guerre occupait tout de sa sombre pensée
Quand au fond des hameaux on apprit votre mort.
Depuis votre départ, à l’angle de la glace,
Votre image attirait et les cœurs et les yeux,
Et nul ne s’asseyait sur l’escabeau boiteux
Où tous les soirs, près du foyer, vous preniez place.
Hélas ! où sont vos corps jeunes, puissants et fous,
Où, vos bras et vos mains et les gestes superbes
Qu’avec la grande faux vous faisiez dans les herbes ?
Hélas ! la nuit immense est descendue en vous.
Vos mères ont pleuré dans leur chaumière close ;
Vos amantes ont dit leur peine aux gens des bourgs ;
On a parlé de vous tristement, tous les jours,
Et puis un soir d’automne on parla d’autre chose.
Mais je ne veux pas, Moi, qu’on voile vos noms clairs.
Vous qui dormez là-bas dans un sol de bataille
Où s’enfoncent encor les blocs de la mitraille
Quand de nouveaux combats opposent leurs éclairs.
Je recueille en mon cœur votre gloire meurtrie,
Je renverse sur vous les feux de mes flambeaux
Et je monte la garde autour de vos tombeaux,
Moi qui suis l’avenir, parce que la Patrie.
Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans
Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,
Où plus que jamais douce apparut la lumière.
On n’osait plus songer au réveil des champs d’or
Que l’aube revêtait de sa gloire irisée ;
La guerre occupait tout de sa sombre pensée
Quand au fond des hameaux on apprit votre mort.
Depuis votre départ, à l’angle de la glace,
Votre image attirait et les cœurs et les yeux,
Et nul ne s’asseyait sur l’escabeau boiteux
Où tous les soirs, près du foyer, vous preniez place.
Hélas ! où sont vos corps jeunes, puissants et fous,
Où, vos bras et vos mains et les gestes superbes
Qu’avec la grande faux vous faisiez dans les herbes ?
Hélas ! la nuit immense est descendue en vous.
Vos mères ont pleuré dans leur chaumière close ;
Vos amantes ont dit leur peine aux gens des bourgs ;
On a parlé de vous tristement, tous les jours,
Et puis un soir d’automne on parla d’autre chose.
Mais je ne veux pas, Moi, qu’on voile vos noms clairs.
Vous qui dormez là-bas dans un sol de bataille
Où s’enfoncent encor les blocs de la mitraille
Quand de nouveaux combats opposent leurs éclairs.
Je recueille en mon cœur votre gloire meurtrie,
Je renverse sur vous les feux de mes flambeaux
Et je monte la garde autour de vos tombeaux,
Moi qui suis l’avenir, parce que la Patrie.
Contributed by Dead End - 2012/12/20 - 14:12
Language: English
Traduzione inglese (escluse le ultime due strofe) dal sito del Museo Canadese della Guerra.
TO THE DEAD SOLDIERS
No more shall you see mountains, woods, earth,
Handsome eyes of my soldiers, just twenty years old,
Who fell last spring
When light was at its softest.
We dared not remember the golden fields
That dawn covered with iridescent glory;
Only the sadness of war was in our thoughts
When, behind the hamlets, came news of your death
Since your departure, at the angle of the mirror,
Your image attracted both heart and eyes;
No one sat on the rickety stool
Where each night, by the fireplace, you took your place.
Alas! Where are your young, strong and wild bodies?
Where are your arms, your hands and the superb gestures
You made with the big scythes in the fields?
Alas, the immense night has descended upon you.
Your mothers have wept in their closed thatched cottages,
Your lovers have spoken their sorrow to the villagers,
Every day you have been mentioned, sadly,
But, one evening in June, talk turned to something else.
No more shall you see mountains, woods, earth,
Handsome eyes of my soldiers, just twenty years old,
Who fell last spring
When light was at its softest.
We dared not remember the golden fields
That dawn covered with iridescent glory;
Only the sadness of war was in our thoughts
When, behind the hamlets, came news of your death
Since your departure, at the angle of the mirror,
Your image attracted both heart and eyes;
No one sat on the rickety stool
Where each night, by the fireplace, you took your place.
Alas! Where are your young, strong and wild bodies?
Where are your arms, your hands and the superb gestures
You made with the big scythes in the fields?
Alas, the immense night has descended upon you.
Your mothers have wept in their closed thatched cottages,
Your lovers have spoken their sorrow to the villagers,
Every day you have been mentioned, sadly,
But, one evening in June, talk turned to something else.
Contributed by Dead End - 2012/12/20 - 14:13
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Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.
Versi di Émile Verhaeren (1855-1916) poeta belga fiammingo di scrittura francese.
Dalla raccolta “Les Ailes rouges de la guerre”
Musica di Koen De Cauter, multistrumentista belga fiammingo.
Interpretata da Kristien Dehollander.
Nel disco collettivo intitolato “We Died in Hell - They Called it Passchendaele” (1993) con June Tabor, Shoshana Kalisch, Kristien Dehollander, Marwan Zoueni e The Lone Tree Orchestra.
Il poeta Émile Verhaeren dedicò tutta l’ultima parte della sua vita a comporre poesie pacifiste e a denunciare l’orrore e l’assurdità della guerra. Le poesie raccolte in “La Belgique sanglante”, “Parmi les Cendres” e “Les Ailes rouges de la Guerre” furono scritte in Gran Bretagna dove il poeta era fuggito in seguito all’occupazione tedesca del Belgio. Nel 1916 Verhaeren viaggiò molto in Gran Bretagna e in Francia, tenendo conferenze contro la guerra dove declamava i suoi versi. Fu proprio nel corso di uno di questi viaggi che il poeta morì accidentalmente finendo sotto un treno alla stazione di Rouen il 27 novembre 1916. Il governo francese avrebbe voluto onorarlo con la sepoltura nel Panthéon, ma la famiglia di Verhaeren rifiutò e preferì che il congiunto fosse sepolto in un cimitero militare di un piccolo paese delle Fiandre.
Le ultime due strofe sono state espunte dalla versione cantata da Kristien Dehollander, forse perché hanno un sentore troppo patriottico, così come “La patrie” è stata eliminata dal titolo, divenuto semplicemente una dedica “Aux soldats morts”