Sans se soucier de rien, ni de personne sans se faire de bile
Le nuage baladeur venu de Tchernobyl
Césium oblige, voguait par dessus les frontières
Et ne s'arrêta qu'arrivé au Rhin, passé la Bavière
Stop ! Secret défense !
Il ne pénétra pas dans le ciel de France
Mais qui donc a pu croire çà ?
Hors de France, pas un chat !
Il ne faut pas jouer avec le feu
Grand-mère le criait à la ronde
Un coût faramineux
Et pas perdus pour tout le monde
Mille milliards de dollars
Mille milliards, mille milliards
Un quart de siècle plus tard
C'est toujours une fameuse histoire
Nous, cette année-là dans le Haut-Palatinat,
On regardait le nuage avec un certain émoi
En plus, on nous annonçait le retraitement
Une belle usine, en Bavière, évidemment
Franz-Josef Strauss régnant
Mais à Amberg, de ce temps
Le juge Wilhelm était contre le retraitement
Face à Wackersdorf, on planta notre camp.
On se battit comme des lions
Les flics nous arrosaient de poison
Plutonium, piège à cons !
Le nuage salopait nos champignons
Le bolet bai, le bolet orangé, le bolet à chair jaune,
Le lactaire délicieux, la petite chanterelle, la pauvre girolle
Pour le meilleur, pour notre cèpe, ce fut bien pis.
Le coprin chevelu et l'armillaire n'ont rien senti
La mort de Franz-Josef, deux ans plus tard,
Envoya tout au rancart,
L'atome s'est retraité en France
À Wackersdorf, plus de concerts, plus de résistance
Plus aucun des cent mille manifestants
Ma famille et mes petits-enfants
Ne vont plus aux champignons, on les comprend
C'est ainsi que la tradition fout le camp.
Le nuage baladeur venu de Tchernobyl
Césium oblige, voguait par dessus les frontières
Et ne s'arrêta qu'arrivé au Rhin, passé la Bavière
Stop ! Secret défense !
Il ne pénétra pas dans le ciel de France
Mais qui donc a pu croire çà ?
Hors de France, pas un chat !
Il ne faut pas jouer avec le feu
Grand-mère le criait à la ronde
Un coût faramineux
Et pas perdus pour tout le monde
Mille milliards de dollars
Mille milliards, mille milliards
Un quart de siècle plus tard
C'est toujours une fameuse histoire
Nous, cette année-là dans le Haut-Palatinat,
On regardait le nuage avec un certain émoi
En plus, on nous annonçait le retraitement
Une belle usine, en Bavière, évidemment
Franz-Josef Strauss régnant
Mais à Amberg, de ce temps
Le juge Wilhelm était contre le retraitement
Face à Wackersdorf, on planta notre camp.
On se battit comme des lions
Les flics nous arrosaient de poison
Plutonium, piège à cons !
Le nuage salopait nos champignons
Le bolet bai, le bolet orangé, le bolet à chair jaune,
Le lactaire délicieux, la petite chanterelle, la pauvre girolle
Pour le meilleur, pour notre cèpe, ce fut bien pis.
Le coprin chevelu et l'armillaire n'ont rien senti
La mort de Franz-Josef, deux ans plus tard,
Envoya tout au rancart,
L'atome s'est retraité en France
À Wackersdorf, plus de concerts, plus de résistance
Plus aucun des cent mille manifestants
Ma famille et mes petits-enfants
Ne vont plus aux champignons, on les comprend
C'est ainsi que la tradition fout le camp.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 18/12/2012 - 22:58
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Canzone française – Césium oblige – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 85
An de Grass 86
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Mais c'est précisément de ça qu'il s'agit. Enfin, presque. De ça et de concerts, de méga-concerts de protestation contre le retraitement nucléaire, contre le centre et l'usine qu'on voulait installer à Wackersdorf dans le Haut-Palatinat, quelque part en Bavière. Forcément en Bavière, compte tenu de l'énorme poids du sieur Franz-Josef Strauss. Je parle de son poids politique évidemment... Il avait beau être repoussé dans sa Bavière, il n'en restait pas moins un des hommes les plus influents de l'Allemagne... et pas seulement Fédérale, comme on l'a vu précédemment.
Ah, Franz-Josef, encore lui... Rien d'étonnant avec de tels prénoms qu'il se soit pris pour un empereur...
L'histoire, car il s'agit d'une de nos Histoires d'Allemagne, celle de l'année 1986, cette histoire est contée par un personnage, qui pourrait bien, cette fois, être Günter Grass lui-même. Car le raconteur a l'air de s'y connaître en champignons... Mais ce n'est pas lui-même, car ce grand-père militant anti-nucléaire au temps de Tchernobyl (là, ce pourrait encore être lui qui sectionne les fils des clôtures à la cisaille ... Il avait fait la guerre tout de même) se trouve dans une maison de retraite... Ce qui n'est – à ma connaissance – pas le cas de notre écrivain. Pour en revenir à notre Histoire et à Wackersdorf, on peut résumer l'affaire ainsi : Franz-Josef Strauss avait combiné avec les électriciens nucléaires d'Allemagne (on parle bien évidemment des patrons de l'industrie nucléaire) d'installer quelque part en Bavière une usine de retraitement des déchets radioactifs. Mais le secret fut éventé et sous une impulsion écologiste, une résistance se mit en place et la protestation chercha des modes (pacifiques) d'intervention. C'est là que l'on vit arriver des foules de gens qui, d'année en année plus nombreux, campèrent pendant l'été autour du chantier de construction de l'usine. Pour attirer du monde et distraire les militants, on organisa des concerts avec des groupes musicaux et des artistes eux-mêmes protestataires... Cela fit boule de neige et l'année de Tchernobyl, ils étaient cent mille à Wackersdorf.
Je sais, je sais, je me souviens moi aussi, je suis passé par là, cette année-là. Il y avait une de ces ambiances... Je ne te dis pas..., dit Lucien l'âne en balançant de tout son poitrail. On chantait Lisa, Denn Sie Brauchen Keinen Führer, Nemm Mich Met et plein d’autres choses. Mais il y avait aussi de l'action, de la castagne... les flics étaient d'une virulence ; bref, ça cognait.
Ça cognait dur, en effet. Comme dans tous les grands mouvements où sont mis en cause de grands investissements, où grouillent les affairistes... Il y a des commissions qui risquent de se perdre, il y a beaucoup, beaucoup d'argent en jeu... Et des gens puissants vivement intéressés... Alors, pour défendre tout ça, on envoie les chiens...
Oh, je déteste ces chiens-là, dit Lucien l'âne en montrant les dents. Mais dis-moi la suite...
La suite de l'affaire... La bataille dura encore deux ans... Jusqu'à la mort de Franz-Josef Strauss où tout s'arrêta subitement. En Allemagne, plus de retraitement... On fit l'usine en France... en bord de mer. Il faut de l'eau, beaucoup d'eau... Depuis, à Wackersdorf, on a quand même installé un centre scientifique... Mais plus nucléaire, apparemment.
Vois-tu, Marco Valdo M.I., moi, dans tout ça, ce qui me révulse, c'est qu'il y a toujours derrière ces intentions généreuses de construire de grandes choses : des centres de retraitement nucléaire, des centrales atomiques, des tunnels pharaoniques, des gares titanesques... de sordides intérêts qu'on fait primer sur le bien public et au détriment et aux frais des populations. Et pas seulement en Allemagne... Et c'était déjà le cas à Athènes du temps d'Aristophane où Criton fournisseur de bois poussait la Démocratie au combat maritime... à la construction de trières, de trières, de trières... pour lesquelles, en effet, il fallut trouver du bois, du bois, du bois... C'est ce que déjà à cette époque-là, on appellait la démocratie. Moi, rappelle-toi, j'ai vu tout ça en passant de mon petit pas, tranquillement. Ainsi, j'ai idée que je sais pourquoi, et je le savais déjà au temps de Socrate avec qui j'en ai parlé (si, si, on dialoguait déjà en ce temps-là), je sais donc pourquoi il nous faut tisser le linceul de ce vieux monde nucléaire, atomique, prébendier, corrompu, répressif, démentiel et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane