De bon matin, réveille-toi,
marche, marche, marche, marche
sur les pieds de ton voisin.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire, et tu l'auras
le gros poisson.
Le but, le but, le but, le but de tant d'années d'hypocondrie.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire...
On dit, chacun pour soi,
et que les autres meurent,
la raison du plus fort est toujours la meilleure.
Oui, tu l'auras, le gros poisson,
le but, le but, le but, le but de tant d'années d'hypocrisie.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire, et tu l'auras
le gros poisson.
Le but, le but, le but, le but de tant d'années sans fantaisie.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire...
On dit, chacun pour soi,
et que les autres meurent,
la raison du plus fort est toujours la meilleure.
Oui, tu feras, comme un poisson
des bulles, bulles, bulles, bulles,
au fond de l'océan.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire,
et tu mourras comme un poisson
au fond, au fond, au fond, au fond, au fond,
au fond de l'océan.
Oui, tu mourras comme un poisson,
Tire, tire, tire, tire, et tu l'auras,
la couverture à toi,
d'un joli bleu,
Au fond...
La, la, la, la,
La, la, la, la,
La, la, la, la, la, la, la, la...
marche, marche, marche, marche
sur les pieds de ton voisin.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire, et tu l'auras
le gros poisson.
Le but, le but, le but, le but de tant d'années d'hypocondrie.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire...
On dit, chacun pour soi,
et que les autres meurent,
la raison du plus fort est toujours la meilleure.
Oui, tu l'auras, le gros poisson,
le but, le but, le but, le but de tant d'années d'hypocrisie.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire, et tu l'auras
le gros poisson.
Le but, le but, le but, le but de tant d'années sans fantaisie.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire...
On dit, chacun pour soi,
et que les autres meurent,
la raison du plus fort est toujours la meilleure.
Oui, tu feras, comme un poisson
des bulles, bulles, bulles, bulles,
au fond de l'océan.
De bon matin, de quoi te plains-tu,
tire, tire, tire, tire,
et tu mourras comme un poisson
au fond, au fond, au fond, au fond, au fond,
au fond de l'océan.
Oui, tu mourras comme un poisson,
Tire, tire, tire, tire, et tu l'auras,
la couverture à toi,
d'un joli bleu,
Au fond...
La, la, la, la,
La, la, la, la,
La, la, la, la, la, la, la, la...
envoyé par Marco Valdo M.I. - 13/11/2012 - 20:43
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Chanson française – Petite marche sur les pieds du voisin – Giani Esposito – 1969
Tu imagines fort bien, c'est une chanson extraordinaire au plein sens du terme et tu ne sais même pas jusqu'à quel point elle l'est... Car tant par sa forme – elle a l'air d'une comptine enfantine, elle ritournelle à tours de bras, elle t'entraîne dans une virevolte infernale, elle ressemble à un poème qui aurait été écrit par un enfant doué tout en jouant à la marelle ou au chat-perché, mais un enfant singulièrement rêveur. Un enfant des bords de mer qui chatouillerait les méduses et les poissons, sans jamais les blesser ou les martyriser. On dirait Rimbaud aux bains de mer dans un petit maillot rose qui aurait rencontré Jarry en maillot jaune dans un cirque ambulant et répéterait sur la plage en lançant des boules violettes, mauves et vertes sa partition de jongleur duettiste. Le diable m'a dit une chanson... crie-t-il, sans pour autant s'interrompre, à qui veut savoir d'où vient ce bon vent si poétique.
Hou là, tu t'envoles comme le cerf-volant bigarré à la longue queue fluorescente...
Et, mon ami Lucien l'âne, tu n'as encore rien entendu. Car la comptine en est une aussi musicalement et sous ses airs sautillants de moineaux printaniers ou de geai sautant de branche en branche, elle constitue une véritable petite fête foraine à elle toute seule.
Cela, je l'imaginais bien, s'agissant de Giani Esposito – celui qui chanta si merveilleusement la mort du clown. Et cette voix de magicien, a-t-elle cette voix de magicien ? Cette voix et ce timbre si caractéristiques de Giani Esposito ?
Évidemment et le plus étonnant, c'est bien cette complexité de l'interprétation qui emmêle rythme et voix, ton et contre-ton. Mais je t'avais déjà dit que Giani venait tout droit du théâtre populaire et possédait à la perfection les talents du bateleur et ce génie propre à la commedia dell'arte. C'est véritablement tout un spectacle.
D'accord, Marco Valdo M.I., mon ami. Va pour la forme. Mais que dit-elle cette canzone ?
Cette chanson est une chose impertinente, vois-tu. Elle sautille, comme je t'ai dit, mais dans le fond, elle est très grave sous ses clochettes vibrantes. Elle décrit – comme pouvait le faire Hieronymus van Aken Les Diables de Bosch ou Ivan Della Mea La nave dei folli, qui nous disait :
Par signe devient parole et poésie
Devient création pour une révolution
Pour un seul instant, mais d'imagination. »
Ainsi, peut-être, comprend-t-on tout l'art de Giani Esposito. Et, crois-moi, cette chanson en témoigne, il était en train de changer la manière de la chanson et en tous cas, celle de la chanson française. Malheureusement, Giani est mort bien trop tôt. Depuis... Mais, le contenu, disais-tu... C'est tout simplement la description de ce vieux monde, avide cupide, fanfaron, banquier, actionnaire... etc, et cacochyme dont tu me proposes à longueur d'année de tisser le linceul ou le suaire, c'est selon qu'on s'écarte ou qu'on s'approche de la capitale du Piémont. Donc, la canzone démonte toute la condition inhumaine de celui qui a accepté et prêté le serment du buffle (ceux-là-même dont parlait Heinrich Böll), celui qui s'en va écrasant tout et les autres sur son chemin, celui qui – en l'étant ou en aspirant à l'être – s'est rangé dans le camp des riches, celui qui fait la course du rat, celui qui dans cette foire d'empoigne espère attraper le gros lot... comme un enfant sur le carrousel, le grelot... C'est cela : un homme qui ne s'en est jamais remis de ses tours de manège... Un vieil enfant qui se veut roi... Sauf que ça ne suit pas... Une chanson heureusement enfantine et pas du tout infantile... Comme l'est la chanson de Bobby Lapointe qui parle elle aussi de poisson.. Tu sais bine... La Maman des Poissons...
Le sens de la chanson, me demandais-tu... C'est celui qui définit la Guerre de Cent Mille Ans, qui dévoile son fonctionnement intime :
et que les autres meurent,
la raison du plus fort est toujours la meilleure. »
Si c'est cela cette chanson, Marco Valdo M.I., mon ami, laisse-moi maintenant l'écouter...
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane