Un certain soir, étant dans la débine, (1)
Un coup de vague il leur fallut pousser, (2)
Car sans argent on fait bien triste mine ;
Mais de courage ils n’ont jamais manqué.
La condition était fixée d’avance, (3)
Le rigolo eut bientôt cassé tout ; (4)
Du gai plaisir ils avaient l’espérance,
Quand on est pègre on peut passer partout.
Le coffre-fort fut mis dans la roulante, (5)
Par toute l’escorte il fut entouré ;
Chez l’père Clément on lui ouvrit le ventre
D’or et d’fafiots, l’enfant était serré : (6)
Quarante millets (7), telle était cette aubaine ;
Ah ! mes amis, c’était un fier coup !
De la manger ils n’étaient pas en peine,
Quand on est pègre on peut se payer tout.
L’ami Lapatte, qui n’était pas une bête,
Du coffre-fort voulant s’ débarrasser,
Chez l’père Jacob pour l’jour de sa fête,
A son burlingue (8) il voulait l’envoyer.
Tout près d’chez eux en face était la Bièvre,
On l’y plongea, mais voyez quel casse-cou.
Il fut repêché : adieu tous les beaux rêves,
Quand on est pègre on doit penser à tout.
Vive le vin, vive la bonne chère,
Vive la grinche (9), vivent les margotons, (10)
Vivent les cigs (11), vive la blonde bière ;
Amis, buvons à tous les vrais garçons. (12)
Ce temps heureux a fini bien trop vite,
Car aujourd’hui nous v’là dans l’trou, (13)
Nous sommes tous victimes des bourriques, (14)
Quand on est pègre, il faut s’attendre à tout.
Quinze jours après, ces pauvres camarades (15)
Rentrant chez eux par l’arnac (16) furent pincés ;
Ils revenaient de faire une rigolade.
Deux contre dix, comment pouvoir lutter ?
Ils furent vaincus, mais leur rappe (17) porta tout :
Vrais compagnons de la haute Fanandelle, (18)
A mes amis, à vous, gloire éternelle,
Quand on est pègre, le devoir avant tout.
Mes chers amis, j’ai fini leur histoire ;
A la Nouvelle, tous trois, ils partiront,
Mais avant peu, bientôt, j’en ai l’espoir,
Brisant leurs fers, vers nous ils reviendront.
Mort, cent fois mort à toute la police,
Ces lâches bandits sans pitié coffrent tout ;
On les pendra, et ce sera justice,
Car pour les pègres, la vengeance avant tout.
Un coup de vague il leur fallut pousser, (2)
Car sans argent on fait bien triste mine ;
Mais de courage ils n’ont jamais manqué.
La condition était fixée d’avance, (3)
Le rigolo eut bientôt cassé tout ; (4)
Du gai plaisir ils avaient l’espérance,
Quand on est pègre on peut passer partout.
Le coffre-fort fut mis dans la roulante, (5)
Par toute l’escorte il fut entouré ;
Chez l’père Clément on lui ouvrit le ventre
D’or et d’fafiots, l’enfant était serré : (6)
Quarante millets (7), telle était cette aubaine ;
Ah ! mes amis, c’était un fier coup !
De la manger ils n’étaient pas en peine,
Quand on est pègre on peut se payer tout.
L’ami Lapatte, qui n’était pas une bête,
Du coffre-fort voulant s’ débarrasser,
Chez l’père Jacob pour l’jour de sa fête,
A son burlingue (8) il voulait l’envoyer.
Tout près d’chez eux en face était la Bièvre,
On l’y plongea, mais voyez quel casse-cou.
Il fut repêché : adieu tous les beaux rêves,
Quand on est pègre on doit penser à tout.
Vive le vin, vive la bonne chère,
Vive la grinche (9), vivent les margotons, (10)
Vivent les cigs (11), vive la blonde bière ;
Amis, buvons à tous les vrais garçons. (12)
Ce temps heureux a fini bien trop vite,
Car aujourd’hui nous v’là dans l’trou, (13)
Nous sommes tous victimes des bourriques, (14)
Quand on est pègre, il faut s’attendre à tout.
Quinze jours après, ces pauvres camarades (15)
Rentrant chez eux par l’arnac (16) furent pincés ;
Ils revenaient de faire une rigolade.
Deux contre dix, comment pouvoir lutter ?
Ils furent vaincus, mais leur rappe (17) porta tout :
Vrais compagnons de la haute Fanandelle, (18)
A mes amis, à vous, gloire éternelle,
Quand on est pègre, le devoir avant tout.
Mes chers amis, j’ai fini leur histoire ;
A la Nouvelle, tous trois, ils partiront,
Mais avant peu, bientôt, j’en ai l’espoir,
Brisant leurs fers, vers nous ils reviendront.
Mort, cent fois mort à toute la police,
Ces lâches bandits sans pitié coffrent tout ;
On les pendra, et ce sera justice,
Car pour les pègres, la vengeance avant tout.
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1) être dans la débine: senza soldi
2) leur fallut pousser: bisognava andare a rubare
3) La condition était fixée d’avance: il luogo prescelto per il furto era stato ben studiato
4) Le rigolo eut bientôt cassé tout: la tronchese avrebbe presto fatto il suo lavoro
5) roulante: automobile
6) D’or et d’fafiots, l’enfant était serré: la cassaforte era piena d’oro e banconote
7) Quarante millets: quaranta mila franchi
8) burlingue: commissariato
9) grinche: viene tradotto come ballo, ma secondo me l’espressione significa invece “Viva la razza dei ladri!”
10) margotons: ragazze
11) cigs: le banconote da 20 franchi
12) vrais garçons: i ladri in gamba
13) trou: prigione
14) bourriques: informatori della polizia
15) ces pauvres camarades: potrebbe trattarsi di uno degli ipotetici autori del brano, Philippe Clément, e di un suo amico e sodale chiamato Quatrelivres
16) arnac: la polizia
17) rappe (o rap): schiena, nel senso che gli arrestati non hanno parlato e si sono fatti carico di tutto
18) Haute Fanandelle o Haute-pègre: “grinche de la haute-pègre” significa ladro di gran livello, di grande stile, dedito soltanto a furti importanti, complessi e molto remunerativi.