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La Rafle

Bruno Dromigny
Langue: français




Par un beau jour d'été où il a fait si chaud
Dès l'aube les flics ont raflé des familles entières
Entassées au « Vel d'hiv » sans vivre et sans eau
Ce n'est que le début du chemin vers l'enfer.

Plus tard, ils sont chargés dans des wagons à bestiaux
Ils ont faim, ils suffoquent, la peur les tenaille
Le voyage fait déjà une partie du sale boulot
Les plus faibles en crèvent comme des chiens, sur la paille.

Un matin comme les autres, à Auschwitz-Birkenau
Mais pas pour tous ceux-là qui fourbus, l'air hagard
Descendent résignés, de ce train de cauchemar
Ils ne sont plus des Hommes, à peine des animaux.

File de droite, chambre à gaz, à gauche, survivre un peu
Ceux qui vont vers le néant, et ceux qui leur disent adieu
Au loin une cheminée crache toute sa fureur
Elle enveloppe le monde de sa mortelle puanteur.

Humiliés et battus, poussés au désespoir
Par la botte inhumaine des bourreaux vert-de-gris
Rongés par la vermine, mal traités, mal nourris
Tous les jours des corps s'envolent en nuages de fumée noire.

Font-ils encore des rêves, dans ces pyjamas rayés,
Décharnés, les yeux vides, derrière les barbelés ?
La mort les accompagne dans chacun de leurs gestes
Beaucoup espèrent au plus vite ce devenir funeste

‎1945, à la fin de janvier
Apparaissent au levant des colonnes de blindés,
Qui ne trouveront là que quelques rescapés
Les autres sont allés vers la mort à marche forcée

Si je te raconte tout ça, ne l'ayant pas vécu,
C'est que la barbarie n'est toujours pas vaincue
Ici des abrutis cultivent la nostalgie
Arborant croix gammées, chemises brunes, chants nazis

Si je te raconte tout ça, c'est que souvent j'y pense
Car bien des innocents qui sont venus de France
furent envoyés au massacre par "d'excellents Français"
Et ça, tu vois, je n'pourrai jamais, jamais l'oublier !‎



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