Every Sperm Is Sacred

Mon ami Lucien l'âne, voici une chanson qui fera rire et grincer des dents... Rire les uns qui comme nous ont une vision joyeuse, libertaire et libertine du monde et grincer des dents tous les pisse-froid et les ecclésiastiques. Et pourtant, c'est une chanson en quelque sorte théologique, une théologie de la naissance... Ou plus exactement même, de la conception. Comme tu le sais, si la conception est un privilège divin, elle est rarement immaculée... Elle naît d'une sorte d'émulsion, d'une turgescence explosive et visqueuse. Donc, au commencement était la conception... et je dirais même qu'avant la conception, il y a cette substance visqueuse et blanchâtre, la substance sacrée par excellence, le sperme. Le sperme, c'est-à-dire la semence, la graine et pour la répandre, le geste auguste du semeur. Là, il y a plusieurs gestes possibles... Le sperme « hand made », à la manière d'Onan, est très mal vu des natalistes de tous poils et du premier de tous, Dieu lui-même.

Il y a des moments, dit Lucien l'âne dont le dos frémit comme la mer Baltique un jour de novembre, où je me dis que Dieu, à voir ses sectateurs, Dieu aurait mieux fait d'imiter Onan... et semer le sperme de la divine création dans le vent. Il nous aurait évité bien des croisades, bien des censures, bien des interdits, bien des tortures, bien des inquisitions et bien des bûchers... et même, la Guerre de Cent Mille Ans... Je m'arrête là... Il y aurait encore beaucoup à dire. Cela étant, elle a l'air bien drôle ta chanson...

Ce n'est pas ma chanson... C'est une chanson des Monty Pythons, tu sais bien, ces Anglais « so british ». Une excellente chanson pour un cours de religion. Car, comme je te l'ai dit, elle est théologique. Elle fait l'apologie du sperme et de la conception. Et ce qui ne gâte rien, elle loue la foi catholique... On y trouve un chœur d'enfants – toute une famille et nombreuse avec ça... On l'a faite irlandaise et catholique (ou l'inverse), mais faut dire que l'affaire se passe en Angleterre. Cela dit, c'est aussi une chanson dramaturgique, une chanson polyscénique où paraissent successivement une série de personnages : le père, la mère, les enfants, un prêtre, des nurses, des nonnes, un Cardinal, un croque-mort, le mort, un frère du défunt, un frère du frère du défunt, le défunt (soulevant le couvercle)...

Une chanson théologique... , dit l'âne Lucien soudain pensif. J'imagine qu'on ne pourrait trouver mieux pour célébrer la benoîte influence du Vatican sur la vie de millions de personnes dans le monde.
Évidemment ! Mais Dieu ne mesure pas les conséquences désastreuses de ses actes et je ne parle pas du Vatican et de son Église... Non, non, ce n'est pas de cela que je veux parler... Je dis que son influence est désastreuse aussi car la procréation à répétition conduit cette sympathique famille catholique (irlandaise) à la ruine au moment où le père est chassé de l'usine... Il ne lui reste plus qu'à vendre ses enfants à un laboratoire pour des expériences scientifiques... C'est le revers de la médaille... Cela dit, mon cher Lucien l'âne, mon ami, je te conseille de regarder la version tirée du film « The meaning of life », qui date déjà de trente ans et aussi, une version orchestrale du Boston Gay Men's Chorus, des plus désopilantes en raison de son sérieux-même.


Trente ans déjà et toujours d'une brûlante actualité... As-tu entendu les dernières homélies du blanc Benoît, ses anathèmes, ses condamnations, ses interdits... On se croirait revenu au temps des croisades... Et dire que personne n'a osé depuis la Libération remettre en cause cet accord fasciste qui a laissé pénétrer le ver dans le fruit et a redonné à l'homme en blanc et à ses hommes en noir une place démesurée dans la vie publique et même, dans la vie privée de tout un pays.

Oh, Marco Valdo M.I., mon ami, laissons nos amis découvrir cette petite merveille et à propos de sperme, de semence et de semeur, suggérons cette autre chanson due au génie de Georges Garnir Le Semeur. Et nous, reprenons notre tâche qui consiste à tisser le saint suaire de ce monde crédule, prolifique, théologique et cacochyme (Heureusement !)


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane