Mil neuf-cent soixante et un, une année de folie
« Alors, Ulli... Raconte-nous comment ça s'est passé
Quand tu es allé chercher ton Elke de l'autre côté ?... »
Comme dit ma femme, en ce temps-là, c'était la vraie vie.
Maintenant, le mur est tombé, mais tout va de travers
La solidarité est morte, il nous reste la misère.
Les temps étaient troubles, on ne voyait pas bien l'horizon
Les Zétazuniens débarquaient dans la Baie des Cochons
Du coup, Cuba devenait socialiste.
Eichmann avouait tout : Wannsee, Auschwitz,
L'administration rigoureuse de la mort : la solution finale,
Pour conclure, on l'a pendu : point final.
Gagarine fila le premier dans l'espace.
Chez nous, ça ne pouvait plus durer,
Les gens s'en allaient sans se retourner.
Notre Miss Bade-Wurtemberg était venue d'en face,
Marlène, Marlène, blonde, un mètre septante-trois
Jouer à la Miss Univers et faire son cinéma.
Chez nous, on n'arrivait pas à endiguer le flot
Un beau jour, ou peut-être une nuit. En tout cas, très tôt
Le peuple se levait à peine. Ils ont commencé à construire le mur
Pour marquer la séparation, rideau de fer et mur de pierre
Nos tunnels sous le mur fonctionnaient sans encombre
On évacuait les amis en grand nombre.
Une télé étazunienne, bizenesse is patafesse
Acheta les droits sur la Bernauer Strasse
Filma l'exode tunnelien, spectacle émouvant
Sur leurs écrans... La fugue souterraine des Allemands
Ça n'a pas tardé... Les autres sont arrivés.
Fini de rire. Par sécurité, on a dû tout noyer.
L'année suivante, Peter Fechter, une balle dans le flanc
Agonisa dans le no man's land, en direct sur leurs écrans.
Moi je faisais le « couvercle » du Glockengasse 4711
Maintenant qu'on y est, on y va, on fonce !
Dans la merde jusqu'au Kreuzberg sous le sable
Mais des idiots ont fait un raffut du diable.
Par le cimetière, fleurs et couronnes, des gens compassés,
Rejoignaient les trépassés, juste le temps de passer.
Ces défunts s'en allaient ressusciter de l'autre côté
Jusqu'à ce qu'une mère pressée
Abandonne son landau devant l'entrée.
Alors, une fois encore, on a dû fermer.
Mil neuf-cent soixante et un, une année de folie
« Alors, Ulli... Raconte-nous comment ça s'est passé
Quand tu es allé chercher ton Elke de l'autre côté ?... »
Comme dit ma femme, en ce temps-là, c'était la vraie vie.
Maintenant le mur est tombé, mais tout va de travers
La solidarité est morte, il nous reste la misère.
« Alors, Ulli... Raconte-nous comment ça s'est passé
Quand tu es allé chercher ton Elke de l'autre côté ?... »
Comme dit ma femme, en ce temps-là, c'était la vraie vie.
Maintenant, le mur est tombé, mais tout va de travers
La solidarité est morte, il nous reste la misère.
Les temps étaient troubles, on ne voyait pas bien l'horizon
Les Zétazuniens débarquaient dans la Baie des Cochons
Du coup, Cuba devenait socialiste.
Eichmann avouait tout : Wannsee, Auschwitz,
L'administration rigoureuse de la mort : la solution finale,
Pour conclure, on l'a pendu : point final.
Gagarine fila le premier dans l'espace.
Chez nous, ça ne pouvait plus durer,
Les gens s'en allaient sans se retourner.
Notre Miss Bade-Wurtemberg était venue d'en face,
Marlène, Marlène, blonde, un mètre septante-trois
Jouer à la Miss Univers et faire son cinéma.
Chez nous, on n'arrivait pas à endiguer le flot
Un beau jour, ou peut-être une nuit. En tout cas, très tôt
Le peuple se levait à peine. Ils ont commencé à construire le mur
Pour marquer la séparation, rideau de fer et mur de pierre
Nos tunnels sous le mur fonctionnaient sans encombre
On évacuait les amis en grand nombre.
Une télé étazunienne, bizenesse is patafesse
Acheta les droits sur la Bernauer Strasse
Filma l'exode tunnelien, spectacle émouvant
Sur leurs écrans... La fugue souterraine des Allemands
Ça n'a pas tardé... Les autres sont arrivés.
Fini de rire. Par sécurité, on a dû tout noyer.
L'année suivante, Peter Fechter, une balle dans le flanc
Agonisa dans le no man's land, en direct sur leurs écrans.
Moi je faisais le « couvercle » du Glockengasse 4711
Maintenant qu'on y est, on y va, on fonce !
Dans la merde jusqu'au Kreuzberg sous le sable
Mais des idiots ont fait un raffut du diable.
Par le cimetière, fleurs et couronnes, des gens compassés,
Rejoignaient les trépassés, juste le temps de passer.
Ces défunts s'en allaient ressusciter de l'autre côté
Jusqu'à ce qu'une mère pressée
Abandonne son landau devant l'entrée.
Alors, une fois encore, on a dû fermer.
Mil neuf-cent soixante et un, une année de folie
« Alors, Ulli... Raconte-nous comment ça s'est passé
Quand tu es allé chercher ton Elke de l'autre côté ?... »
Comme dit ma femme, en ce temps-là, c'était la vraie vie.
Maintenant le mur est tombé, mais tout va de travers
La solidarité est morte, il nous reste la misère.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 10/2/2012 - 22:24
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Canzone française – Le Jeu du Pendu – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 60
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Mil neuf-cent soixante et et un... Quelle année pour une histoire d'Allemagne... Figure-toi, Lucien l'âne mon ami, que cette année-là, une jeune femme allemande, grande, blonde, bref, conforme à l'image de l'Allemande, de Breslau en République Démocratique Allemande, après de solides études d'ingénieur, s'en vint avec papa, maman et toute la famille vivre à Sttutgart en Western Germanie. Elle se prénommait Marlène... Je te jure que je n'invente pas. Un prénom qui remuait les foules et spécialement, les militaires. Mais passons. Marlène Schmidt avait un physique d'enfer... Elle devint Miss Bade-Wurtemberg... Un peu plus tard, Miss Allemagne et pour finir, Miss Univers. Après les footballistes champions du monde aux amphétamines, après Hary et ses lacets, voici donc encore une fois l'Allemagne au sommet. Grâce à Marlène et ses... et son physique d'enfer.
C'est passionnant, en effet, dit Lucien l'âne. Mais encore...
Mil neuf-cent soixante et un... Ce fut une année terrible. C'est l'année où le divorce allemand fut consommé ; on partagea la chambre en deux à l'aide d'une belle cloison toute neuve. De hardis maçons militaires en quelques heures édifièrent un mur que par la suite, on consolida. Ce fut un grand spectacle, tout le monde y mit le paquet. Une surperproduction mondiale. Pour les télés, pour les journaux, il fallait de la sensation. Des morts à chaque étage pour meubler les émissions... Et, dès lors, on en trouva. Mais notre narrateur, quelqu'un qui a vécu l'affaire sur le terrain et même plutôt, en dessous, rapport aux tunnels et aux souterrains qu'il creusait avec les copains... Pour aller voir sa fiancée, pour aller et venir tranquillement... Au départ, leur truc, à ces jeunes Allemands des deux côtés, c'était faux papiers et compagnie, mais un jour, ça n'a plus marché... À cause du mur et du ramdam qu'il a déclenché. Des avions partout, tout le temps, pendant des mois... C'est ça qu'elle raconte notre histoire d'Allemagne, cuvée 1961. Toujours cette déchirure, aussi. Berlin et la Guerre des Deux mondes, Berlin et cette Guerre civile entre Allemands commencée il y a longtemps et qui complexe, difficile, compliquée, voit s'affronter les deux camps : les riches installés – commerce, banque, entreprise et compagnie et de l'autre, les aspirants, les autres candidats à la domination et à l'exploitation. Nous verrons plus tard comment tout cela va évoluer... La chanson anticipe un peu en disant : « Maintenant, le mur est tombé, mais tout va de travers. La solidarité est morte, il nous reste la misère. ».
À ce propos, les Grecs pourraient dire la même chose... Ils leur font subir le même sort... et demain, ce sera pour nous ici de subir le même régime..., dit Lucien l'âne . Je comprends mieux l'intérêt de tes histoires d'Allemagne... Ça me rappelle cette sentence que j'ai entendue bien des fois depuis un siècle : « Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Et le communisme, c'est l'inverse. ».
Exact, Lucien l'âne mon ami, tu fais bien de me la rappeler. Tout à fait exact ! D'ailleurs, si on regarde cet affrontement dans le cadre de la Guerre de Cent Mille Ans... Tu sais, cette Guerre que les riches et les puissants font en permanence aux pauvres pour asseoir leur domination, accroître leur richesse, étendre leur pouvoir, assurer leur exploitation, on voit bien que c'est une lutte entre des puissants... Il n'a pas été question un seul instant de permettre aux pauvres de l'un ou l'autre camp de se débarrasser des riches... Et d'ailleurs, on le voit bien maintenant que ces riches et leurs concurrents d'État ont trouvé un modus vivendi entre eux... Pour combien de temps, nul ne le sait, mais il existe ce consensus. Regarde la Russie, regarde la Chine... Les riches d'aujourd'hui sont les apparatchiks d'hier, il n'y a pas de mystère. Et pour les pauvres, c'est simplement pire qu'avant... La misère s'accroît grâce à la concurrence...
Ainsi, dit Lucien l'âne en se redressant tout tendu, il y a là plus de raison encore que nous tissions le linceul de ce vieux monde trompeur, rusé, mesquin, avide et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane