Les frères Dassler étaient du parti nazi
L'usine à Adolf, la SS pour Rudolf
Pour équiper les soldats d'Adolf
Pour combattre jusqu'en Russie
Hary avait deux pieds
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
Mais deux pour gagner.
L'Allemagne coupée en deux
Chez Adidas, un pied pour Adolf
Chez Puma, un pied pour Rudolf
Hary courait pour les deux
Hary avait deux pieds
Deux mètres vingt-neuf d'enjambée.
Sur la piste magique, par deux fois
Le même jour, son foutu record par deux fois
Cent mètres en dix secondes
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
L'homme le plus rapide du monde
A Rome, en 1960, il gagnait encore
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
Il enlevait la timbale en or.
Et bien des années plus tard,
À Quierschied en Sarre
La rue des Roses où il grandit
Est devenue la rue Armin Hary
Cent mètres en dix secondes
L'homme le plus rapide du monde
Hary avait deux pieds
Deux pieds pour gagner
L'usine à Adolf, la SS pour Rudolf
Pour équiper les soldats d'Adolf
Pour combattre jusqu'en Russie
Hary avait deux pieds
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
Mais deux pour gagner.
L'Allemagne coupée en deux
Chez Adidas, un pied pour Adolf
Chez Puma, un pied pour Rudolf
Hary courait pour les deux
Hary avait deux pieds
Deux mètres vingt-neuf d'enjambée.
Sur la piste magique, par deux fois
Le même jour, son foutu record par deux fois
Cent mètres en dix secondes
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
L'homme le plus rapide du monde
A Rome, en 1960, il gagnait encore
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
Il enlevait la timbale en or.
Et bien des années plus tard,
À Quierschied en Sarre
La rue des Roses où il grandit
Est devenue la rue Armin Hary
Cent mètres en dix secondes
L'homme le plus rapide du monde
Hary avait deux pieds
Deux pieds pour gagner
envoyé par Marco Valdo M.I. - 21/1/2012 - 17:50
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Canzone française – Les Pieds d'Hary et ses Lacets– Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 58
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Ah, dit Lucien l'âne tout souriant, je me souviens bien d'Hary, d'Armin Hary... On en a raconté des histoires à son sujet... Mais personnellement, je préfère retenir sa performance de coureur et plus tard, ses efforts pour aider de jeunes sportifs... Laissons la période entre deux dans une ombre propice...
Je crois bien comprendre que tu connais ses exploits à ce jeune homme qui abandonna ses études de mécanicien pour devenir un « dieu du stade »... et il le fut. Armin Hary quand on veut bien y réfléchir, c'est à lui seul toute une histoire d'Allemagne, une histoire exemplaire et c'est par cela qu'elle m'intéresse son histoire – sinon que veux-tu que je fasse des pieds d'Hary ou des performances sportives en général...
C'est bien ce que je me disais... Qu'est-ce qu'il peut bien trouver comme intérêt à ces histoires de pieds, de lacets, de starters, de départs au pistolet et de records ? Depuis quand s'intéresse-t-il au cent mètres plat ?
Avant d'aller plus loin et de reprendre mon raisonnement, je te rappelle tout de même, Lucien l'âne mon ami, que je t'avais déjà entretenu des exploits d'un boxeur (en 1930)et de ceux de footballistes (en 1954)... j'aurais même dû te faire connaître les joies du cyclisme sur piste en 1909... Mais je ne l'ai pas encore fait... Cependant, rassure-toi, je le ferai. Pour en revenir aux pieds d'Hary, ils sont exemplaires de l'histoire d'Allemagne, disons depuis les années 1930 (plus exactement 1937, quand il est né) et jusqu'à présent. C'est ce que raconte la chanson « Les pieds d'Hary et les lacets ». Commençons par les pieds d'Hary... Ce sont des membres fabuleux qui firent de lui le premier homme à courir le cent mètres en 10 secondes (et peut-être moins encore... mais on était au temps des chronomètres mécaniques). Et ce n'est certes pas un hasard, ni une tricherie. Car déjà en 1956, il avait remporté le 100 m junior d'Allemagne en 10 secondes et quatre centièmes au moment où à Melbourne le champion olympique de l'époque l'emportait en 10 secondes et cinq centièmes. Ça n'a l'air de rien comme ça, ce dixième de seconde, mais c'est tout un monde qui s'ouvrait pour Hary. Il était déjà à ce moment, le champion olympique virtuel...
J'ai compris, Hary avait des pieds en or... Une sorte d'Atalante masculine... Mais qu'as-tu à me dire de ses lacets ?
Pour les lacets d'Hary, vois-tu Lucien mon ami l'âne, l'affaire se complique un peu. Tu as évidemment bien compris qu'il s'agit des lacets de ses chaussures de sport et qu'il y a forcément des nœuds. Et ta comparaison avec la princesse Atalante est tout-à-fait pertinente. Souviens-toi... Atalante était imbattable à la course et aussi, très belle. Elle avait beaucoup de prétendants et elle avait annoncé qu'elle ne se rendrait qu'à celui qui la battrait à la course... Or, celui qui l'emporta ne le dut pas à sa pointe de vitesse, mais bien aux pommes d'or qu'il sema sur le chemin. C'est sa vénalité qui vainquit Atalante. C'est la vénalité qui eut raison d'Hary. Mais Hary avait pourtant su tirer un maximum de ses prétendants, de ses sponsors, comme on dit maintenant. Ces deux frères ennemis, installés en Bavière, étaient fabricants de chaussures de sport et puis de godasses de guerre du temps où ils étaient nazis comme presque (j'insiste sur le presque, car il y eut heureusement des exceptions)toute l'Allemagne et les environs; ils s'appelaient Dassler - Adolf et Rudolf. Et quelle histoire celle-là, celle des frères Dassler qui après la guerre se séparèrent et firent chacun leur entreprise de chaussures de sport : l'un Adidas, l'autre Puma. Hary lui faisait joyeusement des nœuds dans touts ses chaussures ; en 1960, à Rome, finale olympique, il courut avec les chaussures de l'un – des Puma et monta sur le podium avec celles de l'autre - des Adidas. L'important, à ses yeux, c'est qu'il touchait deux fois. Et même pour la Fédération allemande,pourtant très fière de son champion, deux fois, c'était trop. On l'a exclu. Mais remarque bien qu'ils l'ont exclu seulement après qu'il ait porté haut les couleurs de la R.F.A. En somme, Hary, c'était comme un mouchoir en papier, une fois qu'il a eu servi... On l'a jeté. Pas avant...
Oui, je comprends, dit Lucien l'âne en secouant sa grosse tête. Les grands sportifs, c'est comme les gladiateurs au temps de Néron. Ils amusent le public – Panem et circenses et puis, hop, au trou. C'est comme pour tous les hommes de spectacle, comme pour les artistes... Jeux d'ombres sur le mur de la caverne.
Exactement... Et dans le cas d'Hary, comme pour bien d'autres, la chute fut brutale et il dérapa un peu... Il fit un séjour en prison et puis, il se reprit et se mit à s'occuper d'aider de jeunes sportifs...
En somme, dit Lucien l'âne en ricanant, ta chanson à deux pieds en dit plus qu'elle n'en a l'air, à première vue. Et ce qu'elle me laisse entrevoir m'encourage encore à tisser le linceul de ce vieux monde avide, arriviste, absurde, ambitieux et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.