Pour nous réchauffer, cette année-là
Dans ce Berlin glacial, on dansait avec Anna
Bien à l'écart de la Foire du Livre
Des dizaines de milliers de livres
Des milliers de visiteurs
On dansait aux frais de l'éditeur
C'était l'année du Tambour
Le fruit de nos amours
A Bad-Godesberg, cette année-là
Le socialisme allemand capitula
Une reculade digne d'Iena
Et les conséquences sont là
Côté littérature, mon premier grand pas
Sept cent et trois pages, quel cinéma !
Les tirages montaient jusqu'au Japon
Avec le dixieland, Anna perdait son jupon.
Sur l'écran, Fernandel et Marguerite
Passent en revue des troupes émérites
Je lance Anna, la danseuse de chez Nora
D'un bras ferme tout au bout de mes doigts
Je rattrape Anna, la danseuse de chez Nora
D'un bras ferme tout au bout de mes doigts
J'entends le tambour de son cœur qui bat
On crie Oscar, Oscar. Oscar, ce soir, c'est moi !
Dans ce Berlin glacial, on dansait avec Anna
Bien à l'écart de la Foire du Livre
Des dizaines de milliers de livres
Des milliers de visiteurs
On dansait aux frais de l'éditeur
C'était l'année du Tambour
Le fruit de nos amours
A Bad-Godesberg, cette année-là
Le socialisme allemand capitula
Une reculade digne d'Iena
Et les conséquences sont là
Côté littérature, mon premier grand pas
Sept cent et trois pages, quel cinéma !
Les tirages montaient jusqu'au Japon
Avec le dixieland, Anna perdait son jupon.
Sur l'écran, Fernandel et Marguerite
Passent en revue des troupes émérites
Je lance Anna, la danseuse de chez Nora
D'un bras ferme tout au bout de mes doigts
Je rattrape Anna, la danseuse de chez Nora
D'un bras ferme tout au bout de mes doigts
J'entends le tambour de son cœur qui bat
On crie Oscar, Oscar. Oscar, ce soir, c'est moi !
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2012/1/12 - 11:00
×
Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.
Canzone française – Oscar, Oscar ou La Danse du Tambour – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 58
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Mais, Marco Valdo M.I., laisse moi te dire, mon ami, que toutes les années sont historiques...
Sans doute, sans doute, me suis-je mal exprimé ; sans doute, sans doute, me suis-je laissé prendre aux regrettables tics de langage qui parsèment les propos de nos contemporains. Un récit, quel qu'il soit, je te le concède volontiers, est toujours historique et a fortiori, une année... Où pourrait-elle être ailleurs que dans l'histoire ?
C'est bien ce que je voulais te faire remarquer, dit l'âne Lucien en riant.
Donc, 1959 est une année remarquable pour nos histoires d'Allemagne et elle l'est à plusieurs titres. La première raison est que le narrateur et l'auteur se confondent. Cette danse du Tambour est dansée par le narrateur et sa compagne, la danseuse Anna... Précisément, sur un air de Dixieland... Musique venue des lointaines Amériques... Ce caractère autobiographique et sensuel est assez exceptionnel pour qu'on le remarque...
Je me souviens cependant, Marco Valdo M.I. mon ami, d'une autre année de tes Histoires d'Allemagne où un écrivain (lui aussi) emmenait danser une jeune personne... C'étaient Peter Panter et mademoiselle Ilse.
D'autant plus remarquable que c'est l'année de la venue au monde du Blechtrommel (venue au monde littéraire, s'entend). Et c'est là un événement considérable... Sur le moment-même, ce qui justifie et la danse et la canzone ; mais surtout, un événement considérable car ce roman est – du moins, à mes yeux – un des textes, une des histoires, une des œuvres importantes. Car elle est la matrice de ces Histoires d'Allemagne que je te raconte à présent. Et ainsi que tu le sais, toi qui es une histoire vivante, ce Tambour de fer blanc, Oscar, Oscar, qui réussit à désynchroniser la splendide fanfare du Reich de Mille Ans et à faire revenir le portrait de Beethoven sur la cheminée en lieu et place du moustachu dément, est, en fait, le premier chapitre du long roman que Günter Grass a écrit pendant des dizaines d'années.... Mais il y a d'autres raisons à l'historicité de cette canzone...
Si tu voulais bien préciser, je comprendrais peut-être...
Cette année 1959 a ceci d'historique qu'elle est l'année où le socialisme allemand a définitivement capitulé face au capital... et a – lors du Congrès de Bad-Godesberg – abandonné ses principes, dont la présence dans ses statuts n'était d'ailleurs plus que très formelle – afin de pouvoir entrer dans les sphères du pouvoir. Mais enfin, elle existait encore. Ceci marque en quelque sorte la « trahison des clercs » et en même temps, l'abandon de toute volonté de mettre fin à la domination des riches sur les pauvres, de même faire allusion à la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour maintenir leur domination, pour développer leurs pouvoirs, pour étendre l'exploitation, pour accroître leurs richesses... C'est l'illustration du grand renoncement... Et aujourd'hui, ceci s'étend à l'ensemble de la « Grosse Europe ».
Est-ce que cela a tant d'importance ?, dit Lucien l'âne avec une lueur d'ironie dans son œil lunaire...
Finalement, Lucien l'âne mon ami, je crois bien que non. Ce n'était qu'une péripétie dans cette longue guerre défensive des pauvres, ce n'était qu'une trahison, une félonie parmi tant d'autres... Mais elle éclaire le présent et d'autres félonies du genre en cours actuellement... Elle permet de mieux percevoir quel est le prix du ralliement aux institutions... On n'accède pas impunément au pouvoir... Quant à ce qu'il faut y faire pour y rester... Cela dit et pour te dérider un peu, je t'invite à voir Marguerite défiler au son de la fanfare devant une escouade de nazis au garde-à-vous... Un grand moment cinématographique... Au fait, c'est fou ce qu'il y a de fanfares dans les cérémonies officielles...
Moi, j'aime beaucoup cette Marguerite... dit Lucien l'âne en riant. Je crois bien que je l'avais rencontrée un jour où elle était en goguette sur les bords du Danube... Cela dit, Marco Valdo M.I., toutes ces digressions ne doivent pas nous faire oublier notre tâche qui, je te le rappelle, consiste à tisser chaque jour le linceul de ce vieux monde félon, fanfaron, militaresque et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne