Totucantos l’ischìana, in bidda,
chi Pedru Tric-Trac,
butegheri de sindria e de arantzu,
faghiat su majarzu:
connoschiat sos verbos,
sas dóighi paràulas proibidas,
faghiat pungas de amore
pro piseddas in puddu,
ligaduras pro maridos corrudos,
màzinas pro sas betzas bagadias.
Totu podiat fagher Tric-Trac
cun s’antigu frastimu
de sas dóighi paràulas proibidas.
Sos verbos che tenian attesu
donzi male ’e su mundu:
marigiani dae puddas,
frommìgia dae s’arzola,
ràndine dae sa ua,
tilipirche dae s’erva,
su fogu dae sas àrvures,
su erme solitàriu dae sa mata.
Oe, in Arasolè, a sas paràulas
proibidas nisciunu pius bi credet,
niunu pius las connoschet,
ca Tric-Trac est mortu
in su trinceramentu
de sa Linea Kappa,
addae, in terra ’e Russia,
lampende, a boghe manna,
contra su carru armadu, sos antigos
frastimos de sas dóighi paràulas.
chi Pedru Tric-Trac,
butegheri de sindria e de arantzu,
faghiat su majarzu:
connoschiat sos verbos,
sas dóighi paràulas proibidas,
faghiat pungas de amore
pro piseddas in puddu,
ligaduras pro maridos corrudos,
màzinas pro sas betzas bagadias.
Totu podiat fagher Tric-Trac
cun s’antigu frastimu
de sas dóighi paràulas proibidas.
Sos verbos che tenian attesu
donzi male ’e su mundu:
marigiani dae puddas,
frommìgia dae s’arzola,
ràndine dae sa ua,
tilipirche dae s’erva,
su fogu dae sas àrvures,
su erme solitàriu dae sa mata.
Oe, in Arasolè, a sas paràulas
proibidas nisciunu pius bi credet,
niunu pius las connoschet,
ca Tric-Trac est mortu
in su trinceramentu
de sa Linea Kappa,
addae, in terra ’e Russia,
lampende, a boghe manna,
contra su carru armadu, sos antigos
frastimos de sas dóighi paràulas.
Contributed by Bartleby - 2012/1/7 - 13:52
Language: Italian
Versione italiana di Francesco Masala
BALLATA PER TRIC-TRAC, SOLDATO-STREGONE
Tutti lo sapevano, in paese,
che Pietro Tric-Trac,
venditore d’angurie e di aranci,
faceva anche il mestiere di stregone:
conosceva il segreto dei verbos,
le dodici parole proibite,
faceva filtri d’amore
per ragazze in calore,
legature per mariti cornuti,
fatture per vecchie zitelle.
Tutto poteva fare Tric-Trac
con l’antico scongiuro
delle dodici parole proibite.
I verbos tenevano lontani
Tutti i mali del mondo:
le volpi dal pollaio,
le formiche dall’aia,
la grandine dalle vigne,
le cavallette dall’erba,
il fuoco dai boschi,
il verme solitario dalla pancia.
Oggi, in Arasolè, alle parole
proibite nessuno più crede
nessuno più le conosce,
perché Tric-Trac è morto
in una trincea
della Linea Kappa,
là, in terra di Russia,
mentre scagliava, a gran voce,
contro un carro armato, l’antico
scongiuro delle dodici parole.
Tutti lo sapevano, in paese,
che Pietro Tric-Trac,
venditore d’angurie e di aranci,
faceva anche il mestiere di stregone:
conosceva il segreto dei verbos,
le dodici parole proibite,
faceva filtri d’amore
per ragazze in calore,
legature per mariti cornuti,
fatture per vecchie zitelle.
Tutto poteva fare Tric-Trac
con l’antico scongiuro
delle dodici parole proibite.
I verbos tenevano lontani
Tutti i mali del mondo:
le volpi dal pollaio,
le formiche dall’aia,
la grandine dalle vigne,
le cavallette dall’erba,
il fuoco dai boschi,
il verme solitario dalla pancia.
Oggi, in Arasolè, alle parole
proibite nessuno più crede
nessuno più le conosce,
perché Tric-Trac è morto
in una trincea
della Linea Kappa,
là, in terra di Russia,
mentre scagliava, a gran voce,
contro un carro armato, l’antico
scongiuro delle dodici parole.
Contributed by Bartleby - 2012/1/7 - 13:53
Language: French
Version française –BALLADE DE TRIC-TRAC, SOLDAT-SORCIER – Marco Valdo M.I. – 2012
Chanson italienne – Cantone pro Tric-Trac, soldadu-majarzu (Sarde) et BALLATA PER TRIC-TRAC, SOLDATO-STREGONE (Italien) – Frantziscu Màsala / Francesco Masala (1981)
Tirée du recueil « Poesias in duas limbas – Poesie bilingui » (bilingue : sarde-italien), Scheiwiller, Milano (2° ed. 1993, 3° ed. 2006 per i tipi de Il Maestrale di Nuoro).
Chanson italienne – Cantone pro Tric-Trac, soldadu-majarzu (Sarde) et BALLATA PER TRIC-TRAC, SOLDATO-STREGONE (Italien) – Frantziscu Màsala / Francesco Masala (1981)
Tirée du recueil « Poesias in duas limbas – Poesie bilingui » (bilingue : sarde-italien), Scheiwiller, Milano (2° ed. 1993, 3° ed. 2006 per i tipi de Il Maestrale di Nuoro).
La section qui inclut ce chant est intitulée : « Cantones pro sos laribiancos » autrement dit "Ballate per quelli dalle labbra bianche" (Ballade pour ceux aux lèvres blanches). « Ceux aux lèvres blanches » est surtout le titre de la première oeuvre de Masala publiée en 1962 chez Feltrinelli, le récit de l'épopée des gens de Arasolè, petit hameau de la commune de Tonara, dans la province de Nuoro (Sardaigne).
Les lèvres blanches sont celles des morts de faim, des morts d'épuisement, des morts de guerre... Les Chants contenus dans cette section des Poesias in duas limbas sont donc une transcription poétique du petit roman des débuts, presque une « Anthologie de Spoon River » sarde.
Frantziscu Màsala a combattu sur le front russe à vingt-cinq ans. Avec lui 300.000 autres jeunes, en grande partie convaincus d'aller se couvrir de gloire, abusés par les boniments de la rhétorique fasciste. Il en mourut environ 115.000, dont 85.000 en un peu moins de trois mois, entre décembre 1942 et le printemps suivant, pendant la seconde bataille sur le Don, la débandade et la retraite désastreuse qui en suivirent... "
« ... Il me paraît de bon compte de dire que, la guerre, je l'ai vraiment faite. J'ai été décoré à la valeur militaire, j'ai été blessé en combat sur le front russe, c'est-à-dire, comme on dit, j'ai versé mon sang pour la patrie. Mais ce qui m'est arrivé, était déjà arrivé à mon grand-père, « Gambadilegno » qui perdit la jambe droite à la Bataille de Custoza, pendant la Troisième Guerre d'indépendance. Mon intrépide jambe droite aussi s'est prise sa balle héroïque, russe cette fois-ci, là, entre le Dnieper et le Don. Je veux dire, en somme, que moi et mon grand-père, tous deux de nationalité sarde avons fait les guerres italiotes: de Sardes loyaux, il s'entend, bons héros, en temps de guerre mais mauvais bandits, en temps de paix. En guerre, dans les tranchées de la patrie, en paix, dans les prisons de la patrie... [Enfin] la guerre m'enleva, pour ainsi dire, des yeux, les bandes de deux rhétoriques officielles : d'un côté, celle de la « petite patrie sarde héroïque » et, de l'autre côté, celle de la « grande patrie italienne impériale ».
(Frantziscu Màsala, da “Il riso sardonico” [ Le Rire Sardonique], 1984)
Les lèvres blanches sont celles des morts de faim, des morts d'épuisement, des morts de guerre... Les Chants contenus dans cette section des Poesias in duas limbas sont donc une transcription poétique du petit roman des débuts, presque une « Anthologie de Spoon River » sarde.
Frantziscu Màsala a combattu sur le front russe à vingt-cinq ans. Avec lui 300.000 autres jeunes, en grande partie convaincus d'aller se couvrir de gloire, abusés par les boniments de la rhétorique fasciste. Il en mourut environ 115.000, dont 85.000 en un peu moins de trois mois, entre décembre 1942 et le printemps suivant, pendant la seconde bataille sur le Don, la débandade et la retraite désastreuse qui en suivirent... "
« ... Il me paraît de bon compte de dire que, la guerre, je l'ai vraiment faite. J'ai été décoré à la valeur militaire, j'ai été blessé en combat sur le front russe, c'est-à-dire, comme on dit, j'ai versé mon sang pour la patrie. Mais ce qui m'est arrivé, était déjà arrivé à mon grand-père, « Gambadilegno » qui perdit la jambe droite à la Bataille de Custoza, pendant la Troisième Guerre d'indépendance. Mon intrépide jambe droite aussi s'est prise sa balle héroïque, russe cette fois-ci, là, entre le Dnieper et le Don. Je veux dire, en somme, que moi et mon grand-père, tous deux de nationalité sarde avons fait les guerres italiotes: de Sardes loyaux, il s'entend, bons héros, en temps de guerre mais mauvais bandits, en temps de paix. En guerre, dans les tranchées de la patrie, en paix, dans les prisons de la patrie... [Enfin] la guerre m'enleva, pour ainsi dire, des yeux, les bandes de deux rhétoriques officielles : d'un côté, celle de la « petite patrie sarde héroïque » et, de l'autre côté, celle de la « grande patrie italienne impériale ».
(Frantziscu Màsala, da “Il riso sardonico” [ Le Rire Sardonique], 1984)
BALLADE DE TRIC-TRAC, SOLDAT-SORCIER
Tous le savaient, au pays
Que Pietro Tric-trac,
Vendeur de melons et d'oranges,
Faisait aussi le métier de sorcier:
Il connaissait le secret des verbos,
Les douze mots interdits
Il faisait des filtres d'amour
Pour filles en chaleur,
Des ceintures pour maris cornus,
Des sorts pour de vieilles vieilles filles.
Tout pouvait faire Tric-trac
Avec l'ancienne conjuration
Des douze mots interdits.
Les verbos éloignaient
Tous les maux du monde:
Les renards du poulailler,
Les fourmis de l'aire,
La grêle des vignobles,
Les sauterelles de l'herbe,
Le feu des bois,
Le ver solitaire de la panse.
Aujourd'hui, à Arasolè,
Aux mots interdits
Plus personne ne croit,
On ne les connaît plus,
Car Tric-trac est mort
Dans une tranchée
De la Ligne Kappa,
Là-bas, en terre de Russie
Alors qu'il lançait, à pleine voix,
Contre un char, l'ancienne
Conjuration des douze mots.
Tous le savaient, au pays
Que Pietro Tric-trac,
Vendeur de melons et d'oranges,
Faisait aussi le métier de sorcier:
Il connaissait le secret des verbos,
Les douze mots interdits
Il faisait des filtres d'amour
Pour filles en chaleur,
Des ceintures pour maris cornus,
Des sorts pour de vieilles vieilles filles.
Tout pouvait faire Tric-trac
Avec l'ancienne conjuration
Des douze mots interdits.
Les verbos éloignaient
Tous les maux du monde:
Les renards du poulailler,
Les fourmis de l'aire,
La grêle des vignobles,
Les sauterelles de l'herbe,
Le feu des bois,
Le ver solitaire de la panse.
Aujourd'hui, à Arasolè,
Aux mots interdits
Plus personne ne croit,
On ne les connaît plus,
Car Tric-trac est mort
Dans une tranchée
De la Ligne Kappa,
Là-bas, en terre de Russie
Alors qu'il lançait, à pleine voix,
Contre un char, l'ancienne
Conjuration des douze mots.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2012/1/19 - 16:36
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Dalla raccolta “Poesias in duas limbas – Poesie bilingui”, Scheiwiller, Milano (2° ed. 1993, 3° ed. 2006 per i tipi de Il Maestrale di Nuoro).
La sezione che include questo "cantone" è intitolata "Cantones pro sos laribiancos", ossia "Ballate per quelli dalle labbra bianche". "Quelli dalle labbra bianche" è prima di tutto il titolo dell'opera prima di Masala, pubblicata nel 1962 da Feltrinelli, racconto dell'epopea della gente di Arasolè, piccola frazione del comune di Tonara, in provincia di Nuoro.
Le "labbra bianche" sono quelle dei morti di fame, dei morti di fatica, dei morti di guerra...
I "cantones" inclusi in quella sezione di "Poesias in duas limbas" sono dunque una trascrizione poetica di quel piccolo romanzo di esordio, quasi un' "Antologia di Spoon River" sarda.
Frantziscu Màsala a combattere sul fronte russo ci finì venticinquenne. Con lui altri 300.000 giovani, in gran parte convinti di andare a coprirsi di gloria, imboniti dalla retorica fascista. Ne morirono circa 115.000, dei quali 85.000 in poco meno di tre mesi, tra il dicembre 1942 e la primavera successiva, durante la seconda battaglia sul Don, lo sbando e la disastrosa ritirata che ne seguirono...
(Frantziscu Màsala, da “Il riso sardonico”, 1984)