Engourdie à la lisière de la forêt
La Cruche de la Lande périclite
Depuis la mort de ma mère,
Notre auberge n'intéresse plus mon père
Noël est pour bientôt
À la vitrine des marchands de radio
Les gens s'entassent malgré l'hiver
Pour voir la merveille et son écran de verre
À Lunebourg, on est nombreux devant la vitrine
À zyeuter l'étrange lucarne à la tombée du jour
Un certain Docteur Pleister fait son discours
Gundel et moi, on regarde la speakerine
Elle est là comme un reflet identique
Tremblant sur le miroir magique
En robe à fleurs et à ramages
Souriante, timide et bien sage
Flottant dans son brouillard de neige
Je tombe les bras en croix dans le piège.
Engourdie à la lisière de la forêt
La Cruche de la Lande périclite
Depuis la mort de ma mère,
Notre auberge n'intéresse plus mon père
La télévision, en ce temps-là,
Le message du pape en noir et blanc,
C'était du sérieux, on ne rigolait pas
Ils ne faisaient pas encore l'amour, sur l'écran.
Même pendant le match de foot Hamborn – Sankt-Pauli.
Et la chanson « Prends ton maillot de bain ».
Gundel et moi, on se tient par la main
Au Nouvel-An, on est devenus de bons amis.
Réfugiée de Silésie, elle travaille chez Salamander
J'ai présenté Gundel à mon père
Il approuvait mon choix
Je lui ai présenté La Cruche de la Lande,
Elle aimait l'endroit
La lande et son ambiance allemande.
Engourdie à la lisière de la forêt
La Cruche de la Lande périclite
Depuis la mort de ma mère,
Notre auberge n'intéresse plus mon père
Une maîtresse femme, ma Gundel
Elle a secoué mon père et relancé la maison
D'un grand écran Philips, elle a tiré une clientèle
D'habitués, qui venaient pour le feuilleton.
Dans notre Cruche repeuplée
Elle servait les recettes du marmiton de la télévision.
Gundel, de l'auberge a fait une pension
En mangeant devant la cheminée
On suit les péripéties de la famille Schölermann
Au bord de la lande, on est tous des Schölermann.
Allemands moyens, on prend du poids
Entretemps, je suis devenu papa, trois fois
Gundel, disent les gens, elle sait ce qu'elle veut
Moi, je peigne mes cheveux.
Les gens disent depuis Lunebourg à Eisenach
Venue de Silésie au pays du grand Bach
Gundel sait ce qu'elle veut
La Cruche prospère à qui mieux mieux.
La Cruche de la Lande périclite
Depuis la mort de ma mère,
Notre auberge n'intéresse plus mon père
Noël est pour bientôt
À la vitrine des marchands de radio
Les gens s'entassent malgré l'hiver
Pour voir la merveille et son écran de verre
À Lunebourg, on est nombreux devant la vitrine
À zyeuter l'étrange lucarne à la tombée du jour
Un certain Docteur Pleister fait son discours
Gundel et moi, on regarde la speakerine
Elle est là comme un reflet identique
Tremblant sur le miroir magique
En robe à fleurs et à ramages
Souriante, timide et bien sage
Flottant dans son brouillard de neige
Je tombe les bras en croix dans le piège.
Engourdie à la lisière de la forêt
La Cruche de la Lande périclite
Depuis la mort de ma mère,
Notre auberge n'intéresse plus mon père
La télévision, en ce temps-là,
Le message du pape en noir et blanc,
C'était du sérieux, on ne rigolait pas
Ils ne faisaient pas encore l'amour, sur l'écran.
Même pendant le match de foot Hamborn – Sankt-Pauli.
Et la chanson « Prends ton maillot de bain ».
Gundel et moi, on se tient par la main
Au Nouvel-An, on est devenus de bons amis.
Réfugiée de Silésie, elle travaille chez Salamander
J'ai présenté Gundel à mon père
Il approuvait mon choix
Je lui ai présenté La Cruche de la Lande,
Elle aimait l'endroit
La lande et son ambiance allemande.
Engourdie à la lisière de la forêt
La Cruche de la Lande périclite
Depuis la mort de ma mère,
Notre auberge n'intéresse plus mon père
Une maîtresse femme, ma Gundel
Elle a secoué mon père et relancé la maison
D'un grand écran Philips, elle a tiré une clientèle
D'habitués, qui venaient pour le feuilleton.
Dans notre Cruche repeuplée
Elle servait les recettes du marmiton de la télévision.
Gundel, de l'auberge a fait une pension
En mangeant devant la cheminée
On suit les péripéties de la famille Schölermann
Au bord de la lande, on est tous des Schölermann.
Allemands moyens, on prend du poids
Entretemps, je suis devenu papa, trois fois
Gundel, disent les gens, elle sait ce qu'elle veut
Moi, je peigne mes cheveux.
Les gens disent depuis Lunebourg à Eisenach
Venue de Silésie au pays du grand Bach
Gundel sait ce qu'elle veut
La Cruche prospère à qui mieux mieux.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 8/11/2011 - 22:24
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Canzone française – La Cruche de la Lande – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 51
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Mil neuf cent cinquante-deux, encore une fois, c'est un narrateur, dont on ignore le nom qui raconte cette histoire d'Allemagne. 1952, souviens-toi, c'est l'année où l'Allemagne Fédérale est en quelque sorte libérée de l'occupation des Alliés – USA, France et Royaume-Uni. Mais comme à l'ordinaire, notre chanson ne se préoccupe pas vraiment de ces événements d'actualité si éphémères et qui passent tant au-dessus de la tête et de la vie des gens. De ceux qu'on appelle chez nous, dans le parler populaire, les vraies gens.
J'avais, en effet, Marco Valdo M.I., mon ami, depuis fort longtemps remarqué ce genre de paradoxe... Que les événements qui sont considérés par ceux qui font bruisser les informations, qui les font ronfler comme des moustiques, comme les plus importants, ces événements-là sont sans véritable importance pour les gens... et pas seulement à ce moment, mais même, et j'ajouterais volontiers surtout, à plus longue échéance. En fait, ils sont l'écume des jours. La vie, la vraie vie se déroule sous la surface du temps.
Donc, pour en revenir à notre chanson, elle apporte un récit autrement plus significatif... Celui de l'arrivée de la télévision dans la vie quotidienne... Et là, il se passe quelque chose... En effet, la vie quotidienne change... À tout le moins pour le narrateur... Tu verras comment... et tu verras tout tracées ses évolutions. On peut également – on doit – voir dans cette Histoire de Gundel non seulement, une Histoire d'Allemagne, mais une parabole de l'Histoire d'Allemagne, une allégorie. De l'Allemagne écrasée à l'Allemagne reprospérant... Avec cette contraposition qui fait passer du refrain négatif :
« Engourdie à la lisière de la forêt
La Cruche de la Lande périclite
Depuis la mort de ma mère,
Notre auberge n'intéresse plus mon père »
qu'on peut considérer comme une description de l'état de l'Allemagne après la guerre avec cette quasi-hibernation des hommes,
à la reprise marquée par le dernier refrain de la chanson... soudain, modifié dans sa texture :
« Les gens disent depuis Lunebourg à Eisenach
Venue de Silésie au pays du grand Bach
Gundel sait ce qu'elle veut
La Cruche prospère à qui mieux mieux. ».
Quand même, dit Lucien l'âne, parabole pour parabole, cette Gundel me rappelle étrangement quelqu'une, laquelle, il me semble, est en train de vouloir caporaliser l'Europe entière... et de la faire marcher à son pas. Je dis bien « caporaliser » en pensant à certain caporal à moustache... Il me semble que si la méthode a changé, le but reste le même... et certaine suffisance et certaine arrogance me remémorent d'autres temps. Moi qui ai quelque proximité antique avec les gens et les paysages de Grèce, je ressens là comme une sorte de colonisation en marche... Regarde ce qu'ils ont fait aux Grecs et méfie-toi de ce qu'ils vont faire aux autres vraies gens du continent...Il est plus que temps Marco Valdo M.I, mon ami, que nous reprenions notre tâche essentielle de tisser le linceul de ce vieux monde bégayant, arrogant, suffisant, caporalisant et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane