Piedi piegati e terra maledetta
Lunga schiera nei grigi mattini.
Fuma la Buna dai mille camini,
Un giorno come ogni giorno ci aspetta.
Terribili nell'alba le sirene:
"Voi moltitudine dai visi spenti,
Sull'orrore monotono del fango
È nato un altro giorno di dolore"
Compagno stanco ti vedo nel cuore,
Ti leggo gli occhi compagno dolente.
Hai dentro il petto freddo fame niente
Hai rotto dentro l'ultimo valore.
Compagno grigio fosti un uomo forte,
Una donna ti camminava al fianco.
Compagno vuoto che non hai più nome,
Uomo deserto che non hai più pianto,
Così povero che non hai più male,
Così stanco che non hai più spavento,
Uomo spento che fosti un uomo forte:
Se ancora ci trovassimo davanti
Lassù nel dolce mondo sotto il sole,
Con quale viso ci staremmo a fronte?
Lunga schiera nei grigi mattini.
Fuma la Buna dai mille camini,
Un giorno come ogni giorno ci aspetta.
Terribili nell'alba le sirene:
"Voi moltitudine dai visi spenti,
Sull'orrore monotono del fango
È nato un altro giorno di dolore"
Compagno stanco ti vedo nel cuore,
Ti leggo gli occhi compagno dolente.
Hai dentro il petto freddo fame niente
Hai rotto dentro l'ultimo valore.
Compagno grigio fosti un uomo forte,
Una donna ti camminava al fianco.
Compagno vuoto che non hai più nome,
Uomo deserto che non hai più pianto,
Così povero che non hai più male,
Così stanco che non hai più spavento,
Uomo spento che fosti un uomo forte:
Se ancora ci trovassimo davanti
Lassù nel dolce mondo sotto il sole,
Con quale viso ci staremmo a fronte?
Contributed by Bartleby - 2011/10/31 - 13:50
Language: French
Version française – LA BUNA [28 décembre 1945] – Marco Valdo M.I. – 2011
Chanson italienne – Buna – Primo Levi – 1945
Paroles de Primo Levi, du recueil poétique “Ad Ora Incerta” publiée en 1984.
Musique de Simon Bainbridge, compositeur anglais. (The Lied, Art Song and Choral Texts Archive)
La Buna-Werke, dite La Buna, l'usine chimique de l'IG Farben pour la production de caoutchouc synthétique, construite à Monowitz, à côté d'Auschwitz, où le prisonnier Primo Levi fut contraint à travailler de 1943 à la libération du camp par l'Armée Rouge.
Chanson italienne – Buna – Primo Levi – 1945
Paroles de Primo Levi, du recueil poétique “Ad Ora Incerta” publiée en 1984.
Musique de Simon Bainbridge, compositeur anglais. (The Lied, Art Song and Choral Texts Archive)
La Buna-Werke, dite La Buna, l'usine chimique de l'IG Farben pour la production de caoutchouc synthétique, construite à Monowitz, à côté d'Auschwitz, où le prisonnier Primo Levi fut contraint à travailler de 1943 à la libération du camp par l'Armée Rouge.
LA BUNA
Pieds pliés et terre maudite
Longue file dans les matins gris
La Buna fume de ses mille cheminées
Un jour comme chaque jour nous attend.
Les sirènes de l'aube sont terribles:
« Vous, multitudes de visages éteints,
Sur l'horreur monotone de la boue
Est né un autre jour de douleur. »
Camarade fatigué, je vois dans ton cœur,
Je lis dans tes yeux, camarade de souffrance.
J'ai froid dans la poitrine et faim de rien.
J'ai brisé en dedans l'ultime valeur.
Camarade gris, tu fus un homme fort,
Une femme marchait à ton côté.
Camarade vide qui n'a plus de nom,
Homme désert qui n'a plus de pleurs,
Si pauvre que tu n'as plus mal,
Si fatigué que tu n'a plus peur,
Homme éteint qui fut un homme fort ;
Si nous nous trouvions encore face à face,
Là-bas dans le doux monde sous les soleils,
Avec quel visage, nous regarderions-nous ?
Pieds pliés et terre maudite
Longue file dans les matins gris
La Buna fume de ses mille cheminées
Un jour comme chaque jour nous attend.
Les sirènes de l'aube sont terribles:
« Vous, multitudes de visages éteints,
Sur l'horreur monotone de la boue
Est né un autre jour de douleur. »
Camarade fatigué, je vois dans ton cœur,
Je lis dans tes yeux, camarade de souffrance.
J'ai froid dans la poitrine et faim de rien.
J'ai brisé en dedans l'ultime valeur.
Camarade gris, tu fus un homme fort,
Une femme marchait à ton côté.
Camarade vide qui n'a plus de nom,
Homme désert qui n'a plus de pleurs,
Si pauvre que tu n'as plus mal,
Si fatigué que tu n'a plus peur,
Homme éteint qui fut un homme fort ;
Si nous nous trouvions encore face à face,
Là-bas dans le doux monde sous les soleils,
Avec quel visage, nous regarderions-nous ?
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2011/11/2 - 17:17
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Parole di Primo Levi, dalla raccolta poetica “Ad Ora Incerta” pubblicata nel 1984.
Musica di Simon Bainbridge, compositore inglese. (The Lied, Art Song and Choral Texts Archive)