Y'avait dans la gorge à Jimmy
Tant de soleil à trois cents balles
Du blues du rêve et du whisky
Tout comme dans les bars à Pigalle
Dieu est nègre
C'est à la une des quotidiens
Ça fait du tort aux diplomates
Jimmy l'a vu au petit matin
Avec un saxo dans les pattes
Dieu est nègre
Ça fait du bruit dans le monde entier
À faire danser tous les cimetières
Les orgues à Saint-Germain-des-Prés
En perdent le souffle et la prière
Dieu est nègre
Armstrong est reçu chez le président
Il y est allé sans sa trompette
Depuis deux jours qu'ils sont là de dans
C'est plus du blues c'est la tempête
Dieu est nègre
Il a de petits cheveux d'argent
Qui font au ciel comme des nuages
Et dans sa gorge y'a du plain-chant
Comme dans les bars au moyen âge
Dieu est nègre
Et dans la gorge à mon Jimmy
Y'a tant de soleil à trois cents balles
Du blues du rêve et du whisky
Tout comme dans les bars à Pigalle
Dieu est nègre
À l'aube grise et toute gelée
Jimmy s'endort dans le caniveau
En jouant de la trompette bouchée
Dans sa bouteille de Jéricho
Pauvre et maigre
Tant de soleil à trois cents balles
Du blues du rêve et du whisky
Tout comme dans les bars à Pigalle
Dieu est nègre
C'est à la une des quotidiens
Ça fait du tort aux diplomates
Jimmy l'a vu au petit matin
Avec un saxo dans les pattes
Dieu est nègre
Ça fait du bruit dans le monde entier
À faire danser tous les cimetières
Les orgues à Saint-Germain-des-Prés
En perdent le souffle et la prière
Dieu est nègre
Armstrong est reçu chez le président
Il y est allé sans sa trompette
Depuis deux jours qu'ils sont là de dans
C'est plus du blues c'est la tempête
Dieu est nègre
Il a de petits cheveux d'argent
Qui font au ciel comme des nuages
Et dans sa gorge y'a du plain-chant
Comme dans les bars au moyen âge
Dieu est nègre
Et dans la gorge à mon Jimmy
Y'a tant de soleil à trois cents balles
Du blues du rêve et du whisky
Tout comme dans les bars à Pigalle
Dieu est nègre
À l'aube grise et toute gelée
Jimmy s'endort dans le caniveau
En jouant de la trompette bouchée
Dans sa bouteille de Jéricho
Pauvre et maigre
envoyé par Marco Valdo M.I. - 2/9/2011 - 23:16
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Chanson française – Dieu est nègre - Léo Ferré – 1958
C'est fabuleux, dit Lucien l'âne en se gondolant. D'abord, cette chanson, on dirait une histoire de Vernon Sullivan, par bien des côtés et puis aussi, pour la musique, une de ces séquences de jazz que Boris organisait régulièrement à Paris (souvent au Taboo) avec les grands musiciens noirs étazuniens. J'entends encore ses propres soli de trompinette.
Et, ce qui ne gâte rien, dès le titre, il y a cette question évidemment essentielle que le petit homme blanc ( et plus aryen, tu meurs !) du Vatican n'est pas près de résoudre : « Dieu est nègre ». Quelle histoire !!!
Évidemment, comme bien tu l'imagines, pour que Dieu soit nègre, il faudrait déjà qu'il existe... Mais enfin, dit Lucien l'âne, supposons – quia ineptum...
En vérité, dit Marco valdo M.I., Tertullien disait très exactement : « « Et mortuus est Dei Filius : CREDIBILE EST QUIA INEPTUM EST ; et sepultus resurrexit ; certum est quia impossibile est.[1] ». Donc, pour nous en sortir, faisons semblant d'y croire - ça, c'est Pascal - et voici que Dieu existe et qu'il est nègre. C'est le fondement de la chanson.
En fait, dit Lucien l'âne carrément hilare, il n'y a pas plus de raison qu'il soit nègre, que juif, arabe, hindou, patagon, femme ou même, un âne. Ou, ineptum... Tout à la fois. Mais quel boxon, ça foutrait. Un peu comme Ray Charles dans une scène avec les Blues Brothers , marchand d'instruments de musique, qui dit (je cite de mémoire) : « Je suis Juif et aveugle... Mais imaginez qu'en plus, je sois noir.... ».
Mais au fond de tout ça en plus, mon ami Lucien l'âne, il y a Jimmy, son whisky et sa misère... Un éclairage de cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de les écraser tellement pour les dominer, pour les forcer au travail – esclavage ou salariat – même combat, cette guerre que les riches font aux pauvres musiciens et aux noirs pauvres (évidemment, quand ils sont riches... C'est une autre histoire. Voir Mobutu et tant d'autres du même acabit) afin de leur arracher leur musique ou leur sueur... pour en tirer toutes sortes de profits.
Les chants sont plus beaux sous la souffrance, n'est-il pas ? Décidément, où que je regarde, comment que je le regarde, ce monde est insensé, inepte, assassin, dominateur et ... Tout cela me révulse aussi et me persuade de poursuivre – tout comme toi et des millions d'autres – cette humble tâche quotidienne qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde raciste, borné, croyant et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane