Je suis le Conteur d'une « Sonate au Clair de Lune »
Dans la tourelle avant du Heinkel 111, au premier plan
Depuis des heures, les nuages, la mer et les dunes
Défilent sous les mille ailes qui plient sous le vent
Les grands rapaces croisent dans le ciel
Et les sirènes lancent leurs appels démentiels.
Sous nos ailes, de rudes croix noires
Un chapelet de bombes qu'on sème dans le noir
Ô Lady, Lady Godiva
Que viennent faire ces mille ailes-là ?
Ô Lady, Lady Godiva
Que faisons-nous au-dessus de vos toits ?
Lady, entends-tu cette rumeur au-dessus de ta tête
Lady, entends-tu le bruit sourd des canons qui se répète
La ville tremble et brûle maintenant, c'est l'alarme
Ce soir, Coventry connaît le prix du sang et des larmes.
À voir venir les oiseaux de malheur
Coventry qui rit, Coventry pleure
Les bombes, les incendies durent des heures
On étouffe, on suffoque, on brûle, on meurt
Par les rues de la cité, pâle sur son blanc destrier
Nue sous ses cheveux, Lady Godiva avance
Personne ne regarde, Coventry se tait effondré
Victime incrédule d'une effroyable démence.
Ô Lady, Lady Godiva
Que font donc ces oiseaux-là ?
Ô Lady, Lady Godiva
Que font-ils au-dessus de ton toit ?
Lady, entends-tu cette rumeur au-dessus de ta tête
Lady, entends-tu le bruit sourd des canons qui se répète
La ville tremble et brûle maintenant, c'est l'alarme
Ce soir, Coventry connaît le prix du sang et des larmes.
Dans la tourelle avant du Heinkel 111, au premier plan
Depuis des heures, les nuages, la mer et les dunes
Défilent sous les mille ailes qui plient sous le vent
Les grands rapaces croisent dans le ciel
Et les sirènes lancent leurs appels démentiels.
Sous nos ailes, de rudes croix noires
Un chapelet de bombes qu'on sème dans le noir
Ô Lady, Lady Godiva
Que viennent faire ces mille ailes-là ?
Ô Lady, Lady Godiva
Que faisons-nous au-dessus de vos toits ?
Lady, entends-tu cette rumeur au-dessus de ta tête
Lady, entends-tu le bruit sourd des canons qui se répète
La ville tremble et brûle maintenant, c'est l'alarme
Ce soir, Coventry connaît le prix du sang et des larmes.
À voir venir les oiseaux de malheur
Coventry qui rit, Coventry pleure
Les bombes, les incendies durent des heures
On étouffe, on suffoque, on brûle, on meurt
Par les rues de la cité, pâle sur son blanc destrier
Nue sous ses cheveux, Lady Godiva avance
Personne ne regarde, Coventry se tait effondré
Victime incrédule d'une effroyable démence.
Ô Lady, Lady Godiva
Que font donc ces oiseaux-là ?
Ô Lady, Lady Godiva
Que font-ils au-dessus de ton toit ?
Lady, entends-tu cette rumeur au-dessus de ta tête
Lady, entends-tu le bruit sourd des canons qui se répète
La ville tremble et brûle maintenant, c'est l'alarme
Ce soir, Coventry connaît le prix du sang et des larmes.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 24/6/2011 - 22:13
Petite modification à la canzone. Du fait que finalement, comme me le fait remarquer Lucien l'âne mon ami,le destrier de Lady Godiva n'était pas un mâle, du fait que Coventry est une ville et donc, comme Paris, Londres, Ouagadougou, Oslo, Rio, Bruxelles, Singapour, Rome, Florence, Pékin... doit s'accorder d'un féminin... J'ai modifié le quatrain où il est question de tout cela, comme suit :
Par les rues de la cité, pâle sur sa blanche haquenée
Nue sous ses cheveux, Lady Godiva avance
Personne ne regarde, Coventry se tait effondrée
Victime incrédule d'une effroyable démence.
Ainsi parlait Marco Valdo M.I.
Par les rues de la cité, pâle sur sa blanche haquenée
Nue sous ses cheveux, Lady Godiva avance
Personne ne regarde, Coventry se tait effondrée
Victime incrédule d'une effroyable démence.
Ainsi parlait Marco Valdo M.I.
Marco Valdo M.I. - 30/6/2011 - 11:34
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Canzone française – Sonate au clair de Lune – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 39
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Et comment que je la connais et je connais tout aussi bien le cheval qui la portait, c'était une haquenée... Moi, j'étais là et j'aurais bien aimé la prendre sur mon dos... Mais comme tu le vois, je ne suis qu'un pauvre âne... J'ai le poil rude et noir et le sort des ânes noirs est moins brillant que celui des belles et douces haquenées blanches. De plus, nous les ânes et moi le tout premier, nous avons une réputation sulfureuse ; on nous suppose des mœurs si dépravées qu'on ne nous confierait jamais une dame vêtue de sa seule chevelure blonde. Et puis, sait-on jamais, que j'eusse ce jour-là rencontré des roses... ? Comme tu le sais, j'aurais retrouvé sur le champ mon apparence humaine, celle d'un beau jeune homme au charme méditerranéen... Non, non, tout cela doit rester un rêve, un très joli rêve, cependant.
Voyons, voyons, Lucien l'âne mon ami, ton imagination romantique t'entraîne encore hors du sujet. Tu affabules... Voyons voir si tu connais par exemple la ville où cette dame fit pareille sortie et l'époque où elle le fit...
Mais voyons, comme si je ne le savais pas... Attends voir, je te dis tout cela à l'instant. D'abord, c'était il y a mille ans, mille années – environ, tu ne me chicaneras pas sur quelques années. Elle se promena dans les rues de Coventry et laisse-moi te dire qu'elle y circule encore certains soirs en prenant bien soin de ne pas se faire remarquer des humains, mais nous les ânes... Enfin, pas tous les ânes... Elle accepte qu'on accompagne sa promenade. D'ailleurs, on dit Lady Godiva, mais c'est une extrapolation moderniste et anglaise. En vérité, dans sa langue saxonne, elle s'appelait Godgifu, ce qui pourrait bien vouloir dire, m'a-t-on dit, « Don de Dieu » et tu peux me croire, c'en était un.. Mais peu importe... Où veux-tu en venir ? Dis-moi, car il s'agit quand même d'une histoire d'Allemagne....
Je vais te le dire à l'instant. Il s'agit bien évidemment d'en venir à la canzone, à cette histoire d'Allemagne qui raconte l'année 1940, vu que la précédente contait l'année 1939. Oh, comme tu sais, on ne raconte pas tout ce qui a pu se passer cette année-là, mais juste un événement, mais il fut particulièrement terrible... Le bombardement de Coventry par la Luftwaffe. On était en plein Blitz, en plein Éclair, l'Allemagne voulait mettre à genoux l'Angleterre. Le Chancelier du Reich qui avait déjà déliré sur un empire millénaire (un Impero ... Il n'était pas seul à y songer...) , le Chancelier se prenait soudain pour Zeus lui-même, lequel – on le sait depuis Euripide – rend fou celui qu'il veut perdre. Sur son ordre, cinq cent avions partis d'Allemagne arrivèrent le 14 novembre 1940 en fin de journée sur Coventry et ils détruisirent la ville. Ce fut atroce. Je ne t'en dirai pas les détails, sauf peut-être celui-ci qui concerne le nom de l'opération projetée. Tu sais que les militaires ont la désastreuse habitude de donner des noms fleuris à leurs opérations de massacre. Je ne sais qui fut le désaxé qui eut l'idée saugrenue de nommer cette boucherie la « Sonate au Clair de Lune » (Mondscheinsonate). Imagine un instant ce que Ludwig van Beethoven en aurait pensé... lui dont la « Sonate au Clair de Lune » est une pure merveille, tellement éloignée de cette barbarie à hélices et de cette faune absurde si gutturale. Comme je te le disais à propos des « témoins de la victoire », la précédente de ces histoires d'Allemagne, Günter Grass raconte une réunion d'anciens correspondants de guerre de l'armée ou de l'aviation du Reich et chacun y va de son souvenir... Ici, c'est un ancien de la revue Adler (Aigle), la revue de la Luftwaffe, qui embarqué dans un Heinkel 111 a vu de ses yeux vus, mais vu du haut, l'anéantissement de Coventry. Car tel était bien le projet... Anéantir totalement la ville et bien sûr, ses habitants sans distinction de race, de couleur de peau, d'âge... Les Anglais en ont retenu le terme « coventrir »... qui signifie « anéantir, écraser totalement, sans pitié, ni scrupule ».
J'imagine déjà la conjugaison, dit Lucien l'âne en se tordant de rage. Je coventris, tu conventris, il conventrit... Pas drôle, épouvantable... Et voilà qu'on entend à nouveau venir les mêmes remugles, l'Europe reprend le même chemin, rechante les mêmes chansons... contre les travailleurs et leurs organisations, contre les systèmes de protection sociale et de santé, contre les chômeurs, contre les Roms, contre les réfugiés, contre les émigrés, contre les services publics, contre toute forme de gestion collective. Elle (l'Europe) reprend en quelque sorte le flambeau à l'échelle du continent. Elle s'étend, avale de plus en plus de peuples. Elle écrase les pauvres et favorise de plus en plus l'appétit de richesse, l'avidité, la concurrence... Elle s'est ralliée de plus en plus ouvertement au camp des riches ; elle s'applique à appliquer consciencieusement les mesures les plus favorables au capital, aux riches. Regarde ce qu'elle fait subir au peuple grec... Et ce n'est qu'un début. En somme, elle a pris son parti dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d'asseoir leur domination, de renforcer leur pouvoir, de créer – qu'ils disent – de la richesse (en réalité, ils créent de la pauvreté)... Faire comprendre cela, voilà le sens de ces histoires. Raison largement suffisante pour que nous n'abandonnions pas notre tâche et que nous continuions à tisser le linceul de ce vieux monde affreux, sale, méchant et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane