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Il canto dei krumiri

Antonio Vergnanini
Langue: italien


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[fine 800/inizio 900]
Probabilmente su qualche aria verdiana.
Da “Canti degli operai torinesi dalla fine dell’800 agli anni del fascismo”, a cura di Emilio Jona e Sergio Liberovici”, 1990.
Testo trovato qui


Sono ignudi e sul volto d'idiota
portan scritta l'impronta del tristo,
come Giuda tradì Gesù Cristo,
il krumiro tradisce il fratel.

Essi gridan: “Noi siamo i krumiri
siam la guardia dei ventri pasciuti,
nel pantano noi siamo cresciuti,
nel pantano vogliamo restar.”

“Lottin gli altri pel santo ideale,
corran dietro all' inutile ciancia;
l'idèal noi l'abbiam nella pancia;
è la sbornia, per noi, l'ideal.”

“Che c'importa se gli altri s'affannano
a combatter l'umana nequizia?
se altri ha sete di pane e giustizia,
sol di grappa assetati noi siam.”

“Levin gli altri orgogliosi la fronte,
noi pieghiam rassegnati il groppone,
sferzi, sfrutti, ci umilii il padrone,
chi ci paga fedeli ci avrà.”

“Noi sfruttiam dei fratelli le pene,
noi viviam sui fraterni dolori,
siam krumiri, noi siam traditori,
prostitute noi siamo del lavor”.

envoyé par Bartleby - 13/5/2011 - 12:09



Langue: français

Version française - LE CHANT DES CROUMIRS – Marco Valdo M.I. – 2011
Chanson italienne – Il canto dei krumiri – Antonio Vergnanini – fin du XIX – début Xxième.
Probablement sur un air de Verdi.

Ah, Lucien l'âne mon ami, as-tu déjà) entendu cet étrange mot de « croumir » et en connais-tu la signification ? Sinon, la chanson t'aidera à le comprendre et à en découvrir les arcanes.

Eh bien pour tout te dire, Marco Valdo M.I. mon ami, dit Lucien l'âne en levant ses oreilles : la droite en point d'exclamation, c'est-à-dire droite comme un if et la gauche en point d'interrogation, dressée elle aussi jusqu'à la moitié de sa hauteur et ensuite, recroquevillée vers l'extérieur de sa tête, des kroumires ou kroumirs, j'en ai déjà vus aux pieds de certaines personnes. En fait, ce sont des sortes de chaussons ou de pantoufles. Mais je ne pense pas que ce soient là des kroumirs de ta chanson. J'ai comme l'intuition qu'il s'agit de tout autre chose. J'ai aussi entendu ce mot de croumir pour désigner des gens, des gens comment dire un peu idiots, un peu cons, des bavacheurs, des radoteurs, des à qui il manque une case et si ils les ont toutes, elles sont dans le désordre... Des croumirs, quoi...

De fait, Lucien l'âne mon ami, tu brûles... C'est un peu çà, mais transposé dans un domaine particulier, dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent à l'encontre des pauvres à les sucer jusqu'au sang, à en tirer le profit maximal, à s'en remplir la panse et les poches à l'infini, à les exploiter en quelque sorte, à se faire des couilles en or – comme ils disent.

Oh là là, dit Lucien l'âne en se roulant par terre de rire, je ne voudrais pas voir çà, et puis, ce ne devrait pas être grand chose... Enfin, passons sur ces broutilles... mais que sont donc ces croumirs dont tu me rebats les oreilles...

Mais, Lucien l'âne mon ami, ce sont tout bêtement des jaunes.

Des jaunes ? Sont-ce des nains jaunes ? En voilà une autre maintenant... Si tu veux bien traduire...

Mais enfin, Lucien l'âne mon ami, les jaunes, ce sont tout simplement les travailleurs qui sont du côté des patrons, ceux qui s'obstinent à travailler alors même qu'il y a grève, ceux qui trahissent leurs frères de travail, ceux qui en somme comme dit la chanson, se prostituent pour les patrons, ceux qui entrent à l'usine sous la protection de ces maquereaux de la Pinkerton, sous la garde de milices ou des flics... Bref, des ordures. En fait, les « jaunes », ce sont les syndicats récupérés, ralliés à la collaboration de classes, les ceusses qui ne se sont jamais rendu compte qu'ils étaient vilainement exploités – eux ou en tous cas, leurs compagnons de travail, car c'est certain, ces jaunes-là, ces croumirs, ils touchent leurs trente derniers... Ils ont même leurs syndicats, qui comme les partis fascistes, parafascistes, profascistes, les partis anti-ouvriers, les partis libéraux, les partis de la soi-disant liberté, les partis de l'amour, que sais-je encore qu'ils vont nous inventer... sont financés par les riches financiers, industriels, banquiers, propriétaires... ou par leurs sbires. Les croumirs, Lucien l'âne mon ami, ce sont ceux qui collaborent avec la police, avec les services spéciaux... Ceux qui n'hésitent pas à dénoncer leurs camarades de travail aux patrons, aux flics et même, à l'occupant...

Je vois, je vois, dit Lucien l'âne en se redressant et en raidissant sa posture, Ce sont là des choses qui ne se font pas, des choses qui dissolvent à jamais l'honneur d'un homme... Les croumirs, ce sont donc, dans la Guerre de cent Mille Ans, ceux qui collaborent avec l'autre camp, ceux qui - et ce serait leur seule excuse – qui n'ont pas compris (mais il faut être idiot pour ne pas le comprendre) dans quelle sale guerre les riches ont plongé l'espèce humaine...Cela dit, excuse ou pas, leur comportement, leur mental est assez ignoble... je n'oserais même pas dire ce que je ressens... Pour citer Max Liebermann, je dirais : « Ick kann jar nich soville fressen, wie ick kotzen möchte », autrement : « Je ne pourrai jamais autant manger que je ne pourrai vomir ». Alors, voilà, Marco valdo M.I, voilà pourquoi je m'en vais de ce pas rependre ma tâche interrompue, comme chaque jour pour te parler, qui consiste, ainsi que tu le sais, à tisser le linceul de ce vieux monde corporatiste, jaune, croumirien et cacochyme.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
LE CHANT DES CROUMIRS

Ils sont nus et sur leur visage d'idiot
Ils portent l'empreinte de la tristesse
Comme Judas trahit Jésus
Le croumir trahit son frère.

Ils crient : « Nous sommes les croumirs
Nous sommes la garde des ventres repus
Dans le marécage, nous avons grandi
Dans le marécage, nous voulons rester. »

Les autres luttent pour leur saint idéal
Ils courent après une inutile utopie
Nous, c'est dans la panse qu'est notre idéal
Pour nous, notre idéal, c'est la cuite.

« Que nous importe si les autres s'essoufflent
À combattre l'iniquité humaine ?
Si l'autre a soif de pain et de justice,
Nous nous sommes assoiffés de gnôle. »

« Les autres lèvent orgueilleux le front
Nous plions résignés l'échine
Battus, exploités, le patron nous humilie,
Mais qui nous paye, fidèles nous aura ».

« Nous profitons des peines de nos frères
Nous vivons leurs douleurs
Nous sommes les croumirs, nous sommes les traîtres
Nous sommes les prostitués du labeur. »

envoyé par Marco Valdo M.I. - 23/5/2011 - 15:24




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