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U 1, et cætera

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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U 1, et cætera

Canzone française – U 1, et cætera – 1906 – Marco Valdo M.I. – 2010
Histoires d'Allemagne 7
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
U1


Cette fois encore, Lucien l'âne mon ami, nous allons à la mer et même, plus exactement, sous la mer. C'est une chanson qui relate l’histoire des sous-marins allemands (Unterseeboote) et cela, à partir d'un événement de l'année 1906 : la livraison à la Marine Impériale du premier sous-marin allemand : le U 1 (Unterseeboot 1), ainsi nommé en bonne logique et le suivant, c'est assez farce dans un site de chanson s'appellera : U2, et ainsi de suite, d'où, le et cætera. Enfin, relater n'est pas le mot exact, ce serait plutôt, qui évoque. Ce n'est pas qu'on ait ici un goût particulier pour l'historiographie guerrière, loin de là. On préfère essayer de comprendre la guerre pour mieux la dénoncer et forcément, en limiter les effets, notamment les effets de la guerre sous l'angle militaire. Ce n'est pas simple. Sachant que la guerre militaire est toujours la résultante de soubresauts qui se déroulent à l'intérieur de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour accroître leurs richesses, leurs pouvoirs, leurs privilèges, leurs possessions... J'ajoute que ces riches peuvent être de conformations diverses : ce peut être des gens, ce peut être des entités économiques, des entités étatiques, des groupes, des bandes ... Mais tous ont le même comportement général, le même but... Même s'il existe des rivalités entre riches, l'addition est toujours très lourde pour les pauvres. En fait, et en définitive, ce sont toujours eux qui finissent par payer la note. Il y a donc tout intérêt à limiter les guerres dans leurs versions les plus brutales et les plus criminogènes.

Je te comprends, mon ami Marco Valdo M.I. et je vois bien le sens de ce que tu me dis. Mais, dis-moi, que raconte exactement cette canzone ?

Comme je te l'ai dit, elle prend le prétexte ou elle a comme point de départ, c'est comme on voudra, le lancement en août 1906 – il y a déjà un siècle, du premier sous-marin allemand à Kiel. Ce n'est pas ici, non plus, le lieu de faire l'histoire des sous-marins depuis l'Antiquité, quoique cette histoire existe véritablement. Il s'agit juste, ainsi que je l'ai dit dès le départ, de suivre Günter Grass dans ses pérégrinations au travers du XXième siècle, soit de 1900 à 2000. Cependant, cette pérégrination, outre de sortir de l'imagination et des méditations d'un des plus grands écrivains du siècle écoulé, a également le mérite de lever un peu le voile sur la question « comment en est-on arrivé là ? » (par exemple, aux folies démentes du Reich de Mille Ans), vu par un écrivain – allemand. Et ici, en ce qui concerne spécifiquement, les sous-marins et les sous-mariniers, les dégâts qu'ils causèrent et qu'ils subirent. On verra également combien – et c'est à mon avis une loi du genre – la guerre est un jeu idiot, où il n'y a jamais de vainqueurs tant les additions sont lourdes. C'est le jeu de « Qui gagne, perd aussi ».

J'imagine bien que ni Günter Grass, ni toi, n'avez l’intention de faire de l'apologie guerrière.

En effet, on verra à la fin de la canzone que c'est bien le contraire. Pour en revenir à une particularité extraordinaire de cette canzone, fidèlement reprise de l'année 1906 de Günter Grass, c'est la présence du récit dans le récit, d'un récit de Conan Doyle dans un récit de Günter Grass...

Et du récit de Günter Grass dans la canzone, qui est elle-même un récit..., dit Lucien l'âne en riant de tout son piano facial.

Mais il y a plus... Le récit de Conan Doyle est une sorte de discours de Cassandre... Il raconte en fait l'intervention (victorieuse dans son récit) des sous-marins de la Norlande contre l'Angleterre... Récit prémonitoire, s'il en fut. Il s'en est fallu de pas grand chose pour qu'il en soit ainsi et que les sous-marins (U-Boote) mettent à genoux l'Angleterre... et cela, dans les deux guerres. Mais ceci sort du cadre de la canzone... Il y a une dernière chose, c'est le titre lui-même et le refrain, U1 et cætera – qui renvoie à La Marseillaise, vue par Serge Gainsbourg... qui fit tant rager certains militaires nationalistes français. Manière comme une autre de faire un clin d’œil à ce grand de la chanson.

Tout ça n'empêche pas, dit Lucien l'âne, bien au contraire, que nous reprenions notre tâche quotidienne qui, je le rappelle, est de tisser le linceul de ce vieux monde trop militaire et cacochyme.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
À Kiel, j'y étais le 4 août
Au mois de Marie, au mois le plus doux
À Eckernförde, au chantier naval
Dans le plus grand secret national
On mettait à l'eau, un beau matin
Notre U1, notre premier grand sous-marin
Trente mètres de fond et hop, au large
L'ennemi n'en mènera pas large
Plongée rapide, périscope aux aguets
Les bateaux sont en vue de la terre
« Torpille... Feu ! » Coulé ! Nous, on applaudissait.
Ce n'est encore qu'un rêve. Vivement la guerre !
Ah, ils en feront couler les gars
Des bateaux des grands, des lourds, des invincibles
Ah, ils en feront des dégâts.
C'est la chanson de l'Untersee, c'est la chanson du submersible
U1, et cætera, U1, et cætera,
U1, et cætera, U1, et cætera...

Le capitaine John Sirius l'a prédit
Et ce sera ainsi
Les submersibles s'en iront sous l'eau
Piéger la Tamise, couler les bateaux
Alpha, Bêta, Gamma, Thêta, Delta, Epsilon, Iota
Ne se rendront pas
On coulera, dit Doyle, l'Adela – chargé d'agneaux
Et chargés de blé, le Moldavia et le Cusco
L'avertissement de Sir Arthur intitulé « Danger »
Eut l'effet escompté, l'Angleterre put se sauver
Et nos submersibles par centaines furent coulés
Et nos gars moururent par milliers.
Ah, ils ont coulé nos gars
Nos sous-marins sont de belles cibles
Ah, par milliers, ils n'en reviendront pas
C'est la chanson de l'Untersee, c'est la chanson du submersible
U1, et cætera, U1, et cætera,
U1, et cætera, U1, et cætera...

envoyé par Marco Valdo M.I. - 14/1/2011 - 23:16




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