Povero Mario, l'hanno licenziato
Era il più bravo di tutto il capannone
Ma il tempo è tempo, e trenta pezzi all'ora
Per quel merda del controllo non sono tanti
Trenta è la regola, e un pò di più non guasta
L'ha detto Piaggio all'ultima riunione
Chi fa di meno si cambia e mi dispiace
Ma la catena non si ferma, non c'è ragione
Povero Mario, s'era fatto male
Quando allo sciopero di due giorni prima
Quel celerino con la ghigna cane
Gli calò la mazzata sulla spalla
Andava piano, con la spalla gonfia
A monta’ i pezzi dietro alla catena
E il caporale, ruffiano del padrone,
Con l'orologio in mano stava a ride’
Ma un giorno Mario, vedrai, quella catena
Si fermerà perchè nelle turbine
Ci si butta padrone e caporale
Che stanno bene insieme, insieme morti.
Era il più bravo di tutto il capannone
Ma il tempo è tempo, e trenta pezzi all'ora
Per quel merda del controllo non sono tanti
Trenta è la regola, e un pò di più non guasta
L'ha detto Piaggio all'ultima riunione
Chi fa di meno si cambia e mi dispiace
Ma la catena non si ferma, non c'è ragione
Povero Mario, s'era fatto male
Quando allo sciopero di due giorni prima
Quel celerino con la ghigna cane
Gli calò la mazzata sulla spalla
Andava piano, con la spalla gonfia
A monta’ i pezzi dietro alla catena
E il caporale, ruffiano del padrone,
Con l'orologio in mano stava a ride’
Ma un giorno Mario, vedrai, quella catena
Si fermerà perchè nelle turbine
Ci si butta padrone e caporale
Che stanno bene insieme, insieme morti.
Contributed by The Lone Ranger - 2010/7/1 - 14:39
Language: French
Version française – MARIO DE PIAGGIO – Marco Valdo M.I. – 2010
Chanson italienne – Mario della Piaggio – Canzoniere Pisano – 1968
Pour une belle chanson, c'est une belle chanson et elle raconte une histoire modèle. Coup d'éclairage sur un réel de merde : celui du travail obligatoire, cette obligation folle que l'on impose aux femmes et aux hommes dans ce monde.
Que raconte-t-elle de si juste, dit Lucien l'âne en dressant ses oreilles noires et lisses et brillantes, cette chanson ?
Elle raconte, elle dévoile, une réalité constamment occultée dans la société. Je dirais aussi, pour bien insister sur son côté extraordinaire, que c'est une chanson réaliste. Elle raconte tout simplement la réalité des ateliers, cette réalité dont il est presque obscène de parler. La chanson peut raconter tout, sauf cela; on peut parler d'amour, de foot, de fesses... Mais grand Zeus, pas de la vie à l'atelier... Çà ne se fait pas... Chantez les îles, les vacances, les palmiers, le soleil, les aventures, tout ce que vous voulez, mais pas çà... On ne doit rien dire du grand secret de la société : la lutte sordide et quotidienne que mènent les patrons et leurs « ruffians » (leurs hommes de main) contre la résistance ouvrière à l'oppression. Il s'agit de cacher la domestication des employés et des ouvriers... Il faut à tout prix occulter cet authentique dressage social auquel ils se livrent. Ici, dans cette chanson, bien au contraire, tout est montré et sans fard, en direct. Mario travaille chez Piaggio... On y fabrique des motos, de celles qui pétaradent partout. Le patron a décidé d'augmenter le rythme de production... Mario s'en tient au strict nécessaire contractuel : trente pièces à l'heure. C'est déjà fort bien. Mais pas assez. Et puis, c'est là un prétexte. Il y a surtout que Mario a été gréviste... Il résiste à la domestication...
Bref, dit Lucien l'âne, si je comprends bien, cette chanson, c'est comme un reportage en direct par un journaliste qui n'hésiterait pas à dire vraiment la vérité...
En quelque sorte, oui. Évidemment, un tel journaliste aurait bien vite beaucoup d’ennuis... On lui conseillerait de se taire ou d'écrire à propos d'autre chose : « les îles, les vacances, les palmiers, le soleil, les aventures, tout ce que vous voulez, mais pas çà... » Il finirait comme Mario : viré. Cela dit, la chanson annonce un « happy end »... qui aurait bien plu à notre bon Meslier.
« Mais un jour Mario, tu verras, cette chaîne
S'arrêtera quand dans les turbines
On jettera le patron et le caporal
Qui y seront bien ensemble, ensemble morts. »
Ce sera la fin du travail obligatoire. Mais on n'en est pas encore là... Pour l'instant, dans les usines, c'est « Pas de quartier ».
C'est comme çà dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres pour conserver ou accroître leurs privilèges, leurs richesses et leur pouvoir, dit Lucien l'âne en raclant le sol de son petit sabot noir et luisant. Tu sais, Marco Valdo M.I. mon ami, les canuts avaient raison... Il nous faut tisser le linceul de ce vieux monde obscène et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Chanson italienne – Mario della Piaggio – Canzoniere Pisano – 1968
Pour une belle chanson, c'est une belle chanson et elle raconte une histoire modèle. Coup d'éclairage sur un réel de merde : celui du travail obligatoire, cette obligation folle que l'on impose aux femmes et aux hommes dans ce monde.
Que raconte-t-elle de si juste, dit Lucien l'âne en dressant ses oreilles noires et lisses et brillantes, cette chanson ?
Elle raconte, elle dévoile, une réalité constamment occultée dans la société. Je dirais aussi, pour bien insister sur son côté extraordinaire, que c'est une chanson réaliste. Elle raconte tout simplement la réalité des ateliers, cette réalité dont il est presque obscène de parler. La chanson peut raconter tout, sauf cela; on peut parler d'amour, de foot, de fesses... Mais grand Zeus, pas de la vie à l'atelier... Çà ne se fait pas... Chantez les îles, les vacances, les palmiers, le soleil, les aventures, tout ce que vous voulez, mais pas çà... On ne doit rien dire du grand secret de la société : la lutte sordide et quotidienne que mènent les patrons et leurs « ruffians » (leurs hommes de main) contre la résistance ouvrière à l'oppression. Il s'agit de cacher la domestication des employés et des ouvriers... Il faut à tout prix occulter cet authentique dressage social auquel ils se livrent. Ici, dans cette chanson, bien au contraire, tout est montré et sans fard, en direct. Mario travaille chez Piaggio... On y fabrique des motos, de celles qui pétaradent partout. Le patron a décidé d'augmenter le rythme de production... Mario s'en tient au strict nécessaire contractuel : trente pièces à l'heure. C'est déjà fort bien. Mais pas assez. Et puis, c'est là un prétexte. Il y a surtout que Mario a été gréviste... Il résiste à la domestication...
Bref, dit Lucien l'âne, si je comprends bien, cette chanson, c'est comme un reportage en direct par un journaliste qui n'hésiterait pas à dire vraiment la vérité...
En quelque sorte, oui. Évidemment, un tel journaliste aurait bien vite beaucoup d’ennuis... On lui conseillerait de se taire ou d'écrire à propos d'autre chose : « les îles, les vacances, les palmiers, le soleil, les aventures, tout ce que vous voulez, mais pas çà... » Il finirait comme Mario : viré. Cela dit, la chanson annonce un « happy end »... qui aurait bien plu à notre bon Meslier.
« Mais un jour Mario, tu verras, cette chaîne
S'arrêtera quand dans les turbines
On jettera le patron et le caporal
Qui y seront bien ensemble, ensemble morts. »
Ce sera la fin du travail obligatoire. Mais on n'en est pas encore là... Pour l'instant, dans les usines, c'est « Pas de quartier ».
C'est comme çà dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres pour conserver ou accroître leurs privilèges, leurs richesses et leur pouvoir, dit Lucien l'âne en raclant le sol de son petit sabot noir et luisant. Tu sais, Marco Valdo M.I. mon ami, les canuts avaient raison... Il nous faut tisser le linceul de ce vieux monde obscène et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
MARIO DE PIAGGIO
Pauvre Mario, ils l'ont licencié
C'était pourtant le plus brave de tout le secteur
Mais le temps est le temps, et trente pièces à l'heure
Pour cette merde de contrôle, ce n'est pas assez
Trente c'est la règle, et un peu plus ne gâte rien
Piaggio l'a dit à la dernière réunion
Je regrette, on change celui qui produit moins
La chaîne ne doit pas s'arrêter, il n'y a pas de raison.
Pauvre Mario, il ne s'est pas fait du bien
Quand à la grève deux jours avant
Ce flic à la gueule de chien
Lui tapa sa massue sur l'épaule
Il avançait doucement avec son épaule gonflée
Pour monter les pièces à la chaîne
Et derrière, le caporal, le ruffian du patron,
Avec son chrono à la main, rigole.
Mais un jour Mario, tu verras, cette chaîne
S'arrêtera quand dans les turbines
On jettera le patron et le caporal
Qui y seront bien ensemble, ensemble morts.
Pauvre Mario, ils l'ont licencié
C'était pourtant le plus brave de tout le secteur
Mais le temps est le temps, et trente pièces à l'heure
Pour cette merde de contrôle, ce n'est pas assez
Trente c'est la règle, et un peu plus ne gâte rien
Piaggio l'a dit à la dernière réunion
Je regrette, on change celui qui produit moins
La chaîne ne doit pas s'arrêter, il n'y a pas de raison.
Pauvre Mario, il ne s'est pas fait du bien
Quand à la grève deux jours avant
Ce flic à la gueule de chien
Lui tapa sa massue sur l'épaule
Il avançait doucement avec son épaule gonflée
Pour monter les pièces à la chaîne
Et derrière, le caporal, le ruffian du patron,
Avec son chrono à la main, rigole.
Mais un jour Mario, tu verras, cette chaîne
S'arrêtera quand dans les turbines
On jettera le patron et le caporal
Qui y seront bien ensemble, ensemble morts.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2010/7/15 - 22:16
×
Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.
Album “Canzoni per il potere operaio”, I Dischi del Sole, 1967.
Trovata su Il Deposito.