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Terminus

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Terminus

Chanson française – Terminus – Marco Valdo M.I. – 2010


gare-d-orsay

La voilà donc, Lucien l'âne mon ami, cette canzone-sœur de la Locomotive, que je t'avais promise.

Elle m'y faisait trop penser à la locomotive et je me serais senti un peu embrenné de ne pas y faire l'allusion nécessaire, et de ne pas lui rendre l'hommage d'une traduction de ma main. Je ne fais ainsi que rendre à Francesco Guccini, ce qui lui revient. Voilà pour le pourquoi. Quant au comment... J'ai gardé l'habitude de lire et celle de lire plusieurs journaux chaque jour... Je dis que j'ai gardé l'habitude, car aujourd'hui, ce n'est plus une sorte d'obligation professionnelle, c'est tout juste une habitude. Juste une façon de garder contact avec le reste de l'espèce. Et de toutes ces lectures, je retiens certaines choses : par exemple, le grand départ de José Saramago – qui est un événement, c'est toujours un événement le départ d'un ami et je retiens la plupart du temps aussi des nouvelles moins ponctuelles, moins directes, plus lointaines, plus factuelles et qu'on ne remarque pas nécessairement toujours. Bref, comme l'âne, je fourre mon nez partout, au sens métaphorique s'entend. Je te vois déjà sourire. Et au cours de cette quête infinie, je trouve ici et là l'une ou l'autre nouvelle, l'une ou l'autre information comme un âne trouve un chardon. Et cette fois, vois comme les choses avancent, j'ai été attiré par un titre inquiétant comme une locomotive lancée à pleine vapeur : « Esseri umani estinti entro cento anni », « Les êtres humains : extinction dans les cent ans ». Pas un discours d'illuminé, pas un prêche enflammé, pas une logorrhée apocalyptique de sectateurs bibliques, juste l'avis de divers chercheurs et savants sur l'évolution probable du climat et de la production humaine sur la planète, au temps de l'anthropocène. Je cite : « La race humaine risque de connaître la même fin que beaucoup d'autres espèces qui se sont éteintes ces dernières années ». Et l'avis semble bien être que la chose soit irréversible, comme pour une locomotive lancée à pleine vapeur, il y a de l'inertie... Tout cela ne sont que des conjonctures, des estimations, des suppositions, des probabilités... Il y a même un de ces savants qui entrevoit une solution : l'espoir...

C'est rassurant, dit l'âne Lucien un peu ironique. À ce sujet, je te rappelle ce que ton professeur de philosophie disait : « Quand on joue aux cons, on finit toujours par gagner... »

Oui, évidemment et il y a de fortes chances qu'on gagne. Une étrange victoire... Cela dit, ces réflexions, je les ai trouvées dans un journal italien et je te donne la source, tu n'as qu'à aller voir le détail. J'aurais pu le trouver dans un journal d'une autre langue, mais... il se trouve que c'est dans le Corriere della Sera, journal milanais («Esseri umani estinti entro cento anni»), ce qui te montre que je lis vraiment de tout. Donc, j'ai lu ce papier et à la lecture, m'est venue cette canzone.

En fait, elle est bien inquiétante ta canzone, pour les humains, mais aussi pour les ânes. Vous êtes vraiment délirants,vous les hommes, vous allez foutre la planète en l'air, notre planète. Et comme j'ai compris, il n'y a plus moyen de faire machine arrière, on y va tout droit à l'extinction...

Je le pense aussi, mon ami l'âne Lucien, et j'en suis autant désolé qu'on peut l'être. Mais c'est bien çà qui est inquiétant, c'est l'inertie de la chose. Le train est lancé... Le train du progrès, qui est surtout le train des riches, ces imbéciles qui vont tuer tout le monde avec leurs caprices, leurs privilèges, leur avidité, leurs exigences de profit, de croissance et autres fadaises. Bien sûr, d'un point de vue rationnel, qu'y a-t-il de gênant à mourir puisqu'on ne peut l'éviter et pourquoi maintenir une espèce humaine... Mourir un à la fois ou tous ensemble, quelle différence, au final ?

D'accord, moi je veux bien. Si vous les humains avez des dérives suicidaires, nous les ânes, on n'y tient pas vraiment. On aime assez la vie, surtout moi qui suis là depuis si longtemps... Écoute, Marco Valdo M.I. mon ami, j'ai fortement envie que tu restes avec moi; alors, je t'en prie, ne nous décourageons pas et tissons plus obstinément encore le linceul de ce vieux monde avide, stupide et cacochyme.

Une dernière chose, Lucien l'âne mon ami, tu n'aurais pas un titre à me suggérer...

Terminus...

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Trop tard, il est bien trop tard
Le train du progrès va sur sa lancée
Au départ, c'était un tortillard
À présent, c'est une fusée

Trop tard, il est bien trop tard
Pour pouvoir l'arrêter
Ce train-là ne souffre aucun retard
Il fonce, il fonce dans l'immensité

Trop tard, il est bien trop tard
On ne pourra plus l'arrêter en gare
On ne pourra plus éviter
Le définitif accident de l'humanité

Trop tard, il est bien trop tard
Homo sapiens est condamné
Dans cent ans, le grand départ
De l'espèce vers l'éternité.

Trop tard, il est bien trop tard
Durant ces milliers d'années
On a eu le temps de s'en faire une idée
Maintenant, il est trop tard, bien trop tard

Le train du progrès – direction le placard
Terminus, Terminus, l'anthropocène est terminé
Le rideau va tomber un de ces soirs
Terminus, Terminus, Homo sapiens est condamné

envoyé par Marco Valdo M.I. - 22/6/2010 - 21:11




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