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Têtes de peintres

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Têtes de peintres


Canzone de langue française – Têtes de peintres Marco Valdo M.I. – 2010
Un autoportrait (autoritratto di) Carlo Levi - 1943
Un autoportrait (autoritratto di) Carlo Levi - 1943


Un ensemble de têtes de Léo Ferré - peintures de Charles Szymkowicz
Un ensemble de têtes de Léo Ferré - peintures de Charles Szymkowicz


Un photo de la tête de Charles Szymkowicz
Un photo de la tête de Charles Szymkowicz


Une nouvelle canzone, Lucien l'âne mon ami. Tu vois, je recommence à écrire... Après Dachau Express et ensuite, le Cycle du Cahier Ligné, j'étais comme vidé, tari. Plus rien ne bougeait. J'étais un bout de bois stérile en train de se dessécher... J'avais évidemment repris les traductions et je n'avais jamais vraiment abandonné les rendez-vous avec toi. Presque chaque jour, comme il se doit. Une sorte de désert post-partum. Et les jours passaient. Et puis, j'ai fait cette canzone sur les têtes de peintres. En fait, elle s'est imposée d'elle-même.

Une canzone sur les peintres ? Sur les têtes de peintres ? Que vas-tu imaginer là, Marco Valdo M.I. mon ami ?, dit Lucien l'âne en dressant ses oreilles tout effilées en points d'exclamation. Une canzone qui s'impose d'elle-même... Qu'est-ce que çà peut bien signifier ? Crois-moi, Marco Valdo MI. Mon ami, tu dis là des choses bien étranges.

Reprenons. J'ai dit une chanson qui s'est imposée d'elle-même. C'est tout simple à comprendre, même si c'est surprenant. Elle est venue à la suite de ma visite à l'exposition de Charles Szymkowicz, un ami peintre du Pays de Charleroi et de la conversation qu'il a eue avec un groupe de visiteurs. Et pendant qu'il parlait déjà me revenaient en tête les propos de Carlo Levi, peintre lui aussi, sur le sens de la peinture, sur sa place dans le monde des humains. Place centrale, à l'instar de la parole, de l'écriture, de la poésie, du chant... Bref, de l'art. Et chemin faisant, tu vois le cheminement de la pensée s'en allait comme en montagne un sentier escarpé dont en vérité on ne sait où il mène, mais qui est dès lors le seul possible, sauf à rebrousser chemin. Mais l'homme va son chemin et ne peut rebrousser chemin. Un jour donc, la peinture (la musique, la poésie...) te prend et plus jamais elle ne te lâchera jusqu'à ce que mort s'ensuive. Pareil pour la canzone, elle est entrée dans ma tête et ne m'a plus lâché jusqu'à ce qu'elle soit là devant moi, toutes ses petites lettres placées les unes après les autres... Je te l'ai déjà dit, du moins je le crois, l'oiseau chante, l'arbre fleurit, moi, j'écris. C'est du même ordre d'exigence.

Bon, dit Lucien l'âne en se balançant sur ses petits sabots noirs et luisants comme des pierres de volcan depuis longtemps éteintes. Là, je vois ce que tu veux dire, mais les têtes... Qu'est-ce à dire ?

Les têtes, les têtes ? Comment elles sont venues ces têtes ? Mais tout simplement, car elles étaient là devant moi. Il suffit de regarder l'exposition de Charles ou de se souvenir de celle de Carlo... Elles sont remplies de têtes, de corps, de gens... D'histoire humaine. Voilà, la peinture trouve son sens dans ce qu'elle est langage et qu'elle parle obligatoirement de l'homme, de la vie, du soleil, des fleurs... Mais ici, j'ai été stupéfié par l'amas de têtes et de quelles têtes. D'abord, l'autoportrait; c'est le premier sujet du peintre, celui qu'il a toujours sous la main et aussi, il faut bien le dire, à la fois sa première interrogation (qui suis-je ?) et son premier spectateur; puis les familiers. Pour le reste , chez Charles Szymkowicz, ce sont des têtes d'artistes, d'écrivains, de savants... Chez Carlo Levi, on en retrouve aussi et non des moindres, mais en plus et c'est lié à son histoire d'exilé, de militant antifasciste, de résistant et d'homme politique, des têtes venues de ce monde-là. La grande différence entre les deux série de têtes, c'est que celles de Carlo Levi ont été peintes de visu... Ce sont celles de ses contemporains; chez Charles Szymkowicz, sauf pour Léo Ferré, qui était un de ses amis très proches et dont il illustra bien des albums, ce sont des sortes de têtes-hommages. Peut-être trouveras-tu qu'il y en a beaucoup, mais rassure-toi, ce n'est qu'une partie de cet amas de têtes et pour les deux peintres, j'ai dû limiter l'énumération.

Oui, tout cela est fort bien, mais, dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, qu'en tires-tu de cette canzone de têtes ?

Tu vois, Lucien l'âne, mon ami, toutes ces têtes parlent du monde et de la peinture. Et que disent-elles ? Simplement ceci : la peinture parle et la façon dont elle parle, ce dont elle parle, indiquent l'endroit d'où elle parle. La peinture est au sens le plus profond une vision du monde... À ce titre, elle veut influer sur le regard du spectateur. Dans un sens, la peinture est langage, c'est le langage des peintres lesquels se situent dans le grand mouvement tourbillonnaire du monde des hommes et que ce mouvement – tant que maintenant, comme on dit par ici en Wallonie – est marqué par une guerre : la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour accroître leurs richesses et leur emprise sur le monde. Et que la peinture ne saurait l'ignorer, ni ne saurait se situer en dehors de cette guerre.

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La peinture est le langage des peintres
Les peintres parlent des hommes et des femmes
Les peintres peignent leurs têtes
Avec leurs mains, avec leur tête.


Carlo Levi - Autoportrait
Anna Magnani – la voisine comédienne
Salvador Allende, un trou rouge dans le front en compagnie de
Pablo Neruda – Le poète exilé
David Alfaro Siqueiros – peintre mexicain et révolutionnaire
Frank Lloyd Wright – l'architecte des temps modernes
Carlo Rosselli – socialiste assassiné par le fascisme
Leone Ginzburg aux mains rouges antifasciste mort sous la torture
Italo Calvino – écrivain
Danilo Dolci, sociologue contre les mafias
Le Filos de la Parrocola, berger
Alberto Moravia, écrivain
Ragazzo con capretto – Garçon au chevreau
Le sculpteur Alfieri, communiste
Ercole et Annetta, père et mère
Luisa et Lelle, soeurs du peintre
Riccardo, le frère, dit l'inventeur
Autoportrait, autoportrait et les amours
Vitia la belle rousse, Paola, Anna-Maria, Linuccia
Filippo de Pisis, l'excentrique, peintre et poète
Renato et Mimise Guttuso, peintre sicilien et madame
Silvana Mangano, actrice mondina, reine des neiges
Arnoldo Palacios, poète colombien
Aldo Garosci, historien
Filippo Turati, socialiste italien
Ilya Ehrenbourg, romancier russe
Carlo Emilio Gadda, Cesare Pavese, romanciers
Eugenio Montale, poète
Le pâtre à l'agneau sur les épaules
La sorcière à l'enfant
Les paysannes révolutionnaires
Michele Pantaleone, écrivain sicilien contre la mafia
Et bien d'autres encore
Confinés, exilés, fusillés, ignorés
Noi, non siamo cristiani, siamo somari !


La peinture est le langage des peintres
Les peintres parlent des hommes et des femmes
Les peintres peignent leurs têtes
Avec leurs mains, avec leur tête.


Charles Szymkowicz, autoportrait
Sura-Ajdla, ma maman
Joseph Szymkowicz, mon papa
Sarah et son cheval Toscane
Léo Ferré, chanteur de l'éterntié
Albert Einstein, serrurier de l'univers
Arthur Rimbaud, poète, marcheur et marchand d'armes
Paul Verlaine, artiste poétique, ami du précédent
Kurt Weil, musicien
Bert Brecht, dramaturge et poète
Hanna Arhendt, intellectuelle militante
Guillaume Apollinaire, poète trépané
Vincent Van Gogh
Francisco Goya
Pablo Picasso
Oskar Kokoschka, tous peintres
Lucian Freud, le peintre, le neveu
Sigmund Freud, l'inconscient, l'oncle
Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage
Anne Frank, dénoncée et assassinée parce que juive 20
Primo Levi, chimiste à Auschwitz, écrivain
Marc Chagall, peintre biélorusse exilé
Léo Perutz, romancier mathématique
Woody Allen, cinéaste à lunettes et clarinette
Ludwig Meidner, peintre
Franz Kafka, écrivain de Prague
Max Brod, écrivain de Vienne
Georges Grosz, , peintre expressionniste
Karl Marx, philosophe économique
James Ensor, peintre ostendais
Max Beckmann, peintre rude
Charlie Chaplin, comédien et cinéaste
Alfred Dreyfus, officier déchu et réhabilité
Frida Kalho, peintresse mexicaine
Charles Baudelaire, poète fleuriste
Un mineur, un mineur, un mineur

La peinture est le langage des peintres
Les peintres parlent des hommes et des femmes
Les peintres peignent leurs têtes
Avec leurs mains, avec leur tête.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 12/5/2010 - 20:54




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