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Il pornoattore

Alberto Cantone
Langue: italien


Alberto Cantone

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Il pornoattore
Allora ho pensato di scrivere una canzone che parlasse del mondo del lavoro oggi cioé di quella flessibilità, sempre fregatura per chi la flessibilità la vive dalla parte del contraente debole, cioé dalla parte del lavoratore, sempre utile, sempre generosa per chi invece la utilizza naturalmente per i contratti a termine, i Co.Co.Co. di un tempo, i contratti a progetto, ma non solo ma anche quell'insegnamento che ci hanno dato in questi anni, che per essere flessibili e adatti al mondo del lavoro bisogna cambiare 6 o 7 lavori nella vita mediamente. Che se già consideriamo che magari ci si laurea a 35 anni, non si fa in tempo a cambiarli 6-7 lavori prima di arrivare alla pensione, pensione poi per modo di dire, prima di arrivare alla vecchiaia. Allora abbiamo raccontato la storia di un ragazzo che appunto dovrebbe trovarsi alla prima esperienza di lavoro dopo una laurea presa non proprio a 22 anni. E' un tema serio, però ho sempre un po' d'imbarazzo a suonare questa canzone, perché nonostante il tema sia serissimo, il titolo è un pochettino, vagamente, leggermente scabroso...
Il pornoattore. E' un duro mestiere, uno sporco mestiere ma qualcuno lo deve pur fare: Il pornoattore.


Marco ha una laurea in filosofia presa a 35 anni
con non pochi sacrifici, della mamma molti affanni
che si sa la vita è un mare, quando chiama si risponde
lui ha risposto troppe volte, ci si è perso tra le onde.

E oltre a leggere Spinoza e Aristotele a memoria
ha cercato di lasciare, dare un senso alla sua storia
e lui sì ne ha fatte cose, fatto cose visto gente
ma al mercato della vita gliene frega poco o niente

Marco vuole fare il professore ma i concorsi sono chiusi
e di fare il precettore, oggi ormai fuori dagli usi
prova a leggere il giornale e gli annunci uno per uno
i lavori sono tanti ma non sa farne nessuno

Ma un annuncio lo colpisce, sembra fatto su misura,
"Qui si cerca personale ben distinto e di cultura"
"Io avrò letto 1000 libri" dice, "Guardi scusi non c'importa,
che noi i libri li vendiamo solamente porta a porta".

Marco ha una laurea in filosofia presa a 35 anni
con non pochi sacrifici, della mamma molti affanni
ma si sa che alla sua età stai pur certo, vai sicuro
con il tuo pezzo di carta ti ci puoi pulire .... quella roba lì... il mulo

Mulo com'è testardo sì, ha cercato altri mestieri
ma rispondon sempre tutti, cercavamo fino a ieri
ha provato coi concorsi, mille uffici e quanti enti
ma arriva guarda caso, sempre primo tra i perdenti.

Ha mandato i suoi curriculum negli spazi inesplorati
ma non cercano filosofi, ma astronauti diplomati
si è proposto in call center di sondaggi per le imprese
ma anche qui l'hanno scartato che non parla l'eschimese

Ora all'agenzia di viaggi, alla fine non è andato
lei sa fare molte cose, ma non può fare l'impiegato
ha provato coi computer e una ditta di assistenza,
ma qui cercano ventenni con trentanni di esperienza.

Qui con tutto il mio studiare pensa va a finire proprio male
trovo a 40 anni all'ospizio o all'ospedale
o costretto a quei lavori che nessuno ormai più vede
come fare il minatore o il TG di Emilio Fede.

Marco ha una laurea in filosofia presa a 35 anni
con non pochi sacrifici, della mamma molti affanni
è passato un po' di tempo, non ha fatto il professore
ma ai ragazzi insegna uguale è diventato un pornoattore.

Anche qui gli è andata storta, non lavora con Samantha,
né con Jessica o Sabrina, lui frequenta un'altra banda
lui fa squadra con l'Armando, con il Tony ed altri 6,
perché sì fa il pornodivo, ma da videoteca gay.

"Ma non posso lamentarmi" dice "che qualunque è il tuo mestiere,
la morale è sempre quella di pigliarlo nel sedere,
per 4 pochi soldi e per 8 pure almeno,
qui io prendo un po' di più, e lo prendo anche un po' meno"

envoyé par DonQuijote82 - 3/5/2010 - 11:16



Langue: français

Version française – PORNOACTEUR – Marco valdo M.I. – 2010
Chanson italienne – Il pornoattore – Alberto Cantone – 2005

Alors, j'ai pensé à écrire une chanson qui parle du monde du travail aujourd'hui, c'est-à-dire de la flexibilité, toujours une arnaque pour celui qui vit la flexibilité du côté faible du contrat, c'est-à-dire du côté du travailleur, toujours utile, toujours généreuse pour celui qui au contraire l'utilise naturellement par les contrats à durée déterminée, les C.d.d. , les contrats de projet, mais pas seulement mais aussi ce qu'on a appris ces dernières années, que pour être flexibles et adaptés au monde du travail il faut changer 6 ou 7 fois de travail dans la vie. Si l'on considère déjà celui qui se diplôme à 35 ans, n'a pas le temps de changer 6 ou 7 fois de travail avant d'arriver à la pension, pension, c'est façon de parler, avant d'arriver à la vieillesse. Alors, nous avons raconté l'histoire d'une fille qui devrait être à sa première expérience de travail après une licence prise à tout juste 22 ans. C'est un thème sérieux, mais j'ai toujours un peu d’embarras à chanter cette chanson, car malgré son thème très sérieux, le titre est un rien, vaguement, légèrement scabreux...
L'acteur porno. C'est un dur métier, c'est un sale métier mais il y a quelqu'un qui doit quand même le faire : l'acteur porno.
Alberto Cantone

Elle s'annonce bien, cette chanson... dit Lucien l'âne. Voilà un mec qui est têtu comme une mule et sans doute, si j'en crois son métier, monté comme un âne. Mais trêve plaisanteries scabreuses, il me semble qu'Alberto Cantone nous dit que c'est une chanson sur le travail... Un sorte de dernier des métiers, me semble-t-il....

D'abord, le dernier des métiers... le dernier des métiers, ça me dit quelque chose... N'était-ce pas une saynète pour patronage de Boris Vian dans laquelle on hésitait entre général ou évêque..? J'hésite toujours encore pour savoir ce qu'il y a de pire entre ces deux métiers-là. Quant à la chanson du jour, si tu veux, Lucien l'âne mon ami, c'est bien une chanson sur le travail et plus exactement, sur le manque de travail ou sur la façon dont les travailleurs doivent en arriver – flexibilité et liberté sont les deux mamelles du patronat – à s'exploiter eux-mêmes tout en rendant toujours le profit au patronat, cela va de soi. Tel est l'actuel objectif du libéralisme qui s'insinue, que dis-je, qui submerge l'Europe après avoir ruiné les peuples d'Amérique. Car, ainsi pour que tu ne l'ignores pas, le mal qui nous frappe ici est un mal voulu, pensé, préparé, organisé, importé et imposé par ceux qui ont déjà fait subir cet épouvantable maladie sociale aux États-Unis, en Amérique latine, en Afrique, en Asie, dans l'Est Européen. Oh, il y a bien quelques variantes, mais que veux-tu il faut bien qu'il y ait un peu de flexibilité dans la flexibilité. La progression vers la mise généralisée en esclavage (ce qu'ils appellent flexibilité...) est à envergure variable, mais le but est strictement le même. Bref, tout ça pour dire que j'apprécie beaucoup la chanson d'Alberto Cantone. À voir comme certains se comportent dans les sommets himalayens de la société des riches et le destin qu'ils réservent aux femmes, qu'ils traitent comme des disons « des mouchoirs à jeter », si ce n'est des poubelles de leurs délires sexuels, tu peux bien imaginer ce qu'ils pensent des hommes et ce qu'ils comptent en faire... des choses indéterminées à jeter, des ingrédients de leurs délires de pouvoir, de domination, de domestication. Le cas échéant, bien sûr, également, selon les cas ou leurs penchants, des « des mouchoirs à jeter », si ce n'est des poubelles de leurs délires sexuels...

J'imagine assez, dit Lucien l'âne. Souviens-toi, mon ami Marco Valdo M.I., de ta chanson « La Fête chez les Kapos », exactement ce qu'ils faisaient – ceux qui avaient le pouvoir, les patrons – dans cet antre du libéralisme, que fut Dachau. N'est-il pas écrit à l'entrée du camp la devise libérale fondamentale « Arbeit Macht Frei » - « Le travail rend Libre ».

Chanson pour chanson, elle me rappelle une autre chanson que j'avais écrite pour un de nos amis et qui était un peu passée inaperçue; elle s'intitule « La belle santé de mon ami Vincent » et raconte comment il va trouver un métier après avoir galéré au chômage... Souviens-toi après avoir tout tenté, il finit par se proposer comme « homme porte-manteaux » à mettre dans l'antichambre des réceptions chez les riches. Ici, avec le Pornoacteur de Cantone, somme toute, c'est l'histoire d'un gars qui n'a même pas pu – comme des centaines de milliers d'autres en Europe – malgré des études, malgré des diplômes (voyez la farce méritocratique), malgré des stages gratuits à n'en plus finir, trouver d'emploi convenable. Mais que faire d'un philosophe ? Que faire d'un poète ? Et surtout que faire d'un philosophe de quarante ans... N'est-ce pas déjà trop vieux ? Est-ce que les philosophes, ça s'use et dans ce cas, comment l'amortir fiscalement si on l'emploie ? Socrate avait passé septante ans quand il a bu la ciguë ... Il est vrai qu'on l'a fermement prié de quitter les lieux et de fermer sa grande babeille de foutu emmerdeur.

En effet, dit Lucien l'âne, mais souviens-toi de Sénèque... Il a dû se jeter hors du monde... Et je n'ai jamais vraiment su pourquoi Empédocle que j'avais accompagné là-haut s'est jeté dans l'Etna et m'a laissé sa pantoufle...

Mais sais-tu, Lucien l'âne, qu'en Allemagne – c'est-à-dire le pays qui prétend encore aujourd'hui être un pays disposant d'une conception sociale favorable aux travailleurs, sais-tu qu'en Allemagne, on oblige des femmes à accepter des emplois de prostituées dans des maisons, disons pour faire plus moderne, dans des entreprises spécialisées. Dès lors, notre philosophe qui vire en pornoacteur n'a rien de surprenant... et souviens-toi de Zazie qui disait « Mon tonton est une tata »... et de fait, déjà le tonton de Zazie dansait en tutu dans une boîte pour touristes britanniques. Il te faudra relire Queneau, si tu ne t'en souviens pas. Le même Queneau qui avait écrit cette admirable chanson que chantait Juliette Gréco : « Fillette, fillette, si tu t'imagines...Ce que tu te goures... »

Pour en revenir à notre Marco, philosophe de 35 ans qui vit encore chez sa maman...., dit Lucien l'âne, en riant de tout son piano tricolore, as-tu remarqué qu'il porte le même prénom que toi... Ah, ah, ah... Cela dit, c'est quand-même là un épisode terriblement réel de l'évolution des choses et cette évolution ne me dit rien qui vaille. Si on la replace en perspective cette foutue flexibilité, cette (re)montée dramatique du chômage et de la précarité, si on la remet sous la forme d'un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans, on se rend compte qu'il s'agit là d'une offensive lourde, longue et de grande envergure et fortement orchestrée par des discours lénifiants, par d'immenses menteurs et de gigantesques mensonges portés par les médias, par une propagande libérale qui dit à tous vents que celui qui veut peut, que celui qui veut trouver du travail peut en trouver... En effet, mais quel travail !!! regarde nos amis Marco et Vincent... J'entends déjà ces bonnes gens susurrer « Il n'y a pas de sot métier »... Et bien, c'est faux, il y a des sots métiers et beaucoup encore bien. Et en plus, il y a des métiers qui dégradent celui qui les fait, mais bien plus encore celui qui les organise, celui qui les autorise ( les « responsables politiques », par exemple), celui qui les utilise (ce qu'on appelle en langage grossier : le client – j'ai horreur qu'on me prenne pour un client – je suis un âne, moi), celui qui fait semblant de ne pas voir ou de ne pas comprendre...

Je te rassure tout de suite, Lucien l'âne mon ami, j'ai tout autant horreur que toi d'être un client, car je suis un homme moi. Cette fois, je conclurai, si tu le veux bien et selon ton habitude. Voilà encore mille raisons, ne fut-ce que pour aider tous les Marco, tous les précaires, tous les flexibilisés, faisons comme ceux de Dachau, portons le triangle rouge et faisons comme les Canuts de Lyon, tissons le linceul de ce vieux monde flexible, libéral et cacochyme.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
PORNOACTEUR


Marco a une licence en philo à 35 ans
Avec beaucoup de sacrifices, pour sa maman beaucoup de tourments
On sait que la vie est une mer, quand elle appelle on répond
Lui a-t-on répondu trop souvent, il s'est perdu dans les tourbillons.

En plus d'avoir lu Spinoza et de connaître Aristote de mémoire
Il a cherché à donner un sens à sa propre histoire
Il en a fait des choses, il en a vu des gens
Mais le marché s'en fout des gens.

Marco veut être professeur mais les concours sont forclos
Et précepteur, aujourd'hui, c'est hors de propos
Il essaye de lire le journal et les annonces une à une
Il y a tant de places, mais il ne convient à aucune

Une annonce soudain le frappe, elle lui semble destinée
« Ici on cherche des personnes distinguées et cultivées »
« J'ai bien lu mille livres », dit-il. « Chez nous, peu importe
« Les livres, chez nous, on les vend au porte à porte. »

Marco a une licence en philo à 35 ans
Avec beaucoup de sacrifices, pour sa maman beaucoup de tourments
À ton âge, on est sûr, on avance certain... On le voit, on le sait...
Avec ton tas de diplômes, tu peux nettoyer... Cette chose-là... le mulet

Têtu comme une mule, il a cherché d'autres métiers
Presque tous ont répondu, jusqu'à hier on a cherché...
Il a passé des concours, mille bureaux et mille restaurants
Mais malchance, toujours le premier parmi les perdants

Il a envoyé son curriculum dans les espaces les plus inexplorés
Ils ne cherchaient pas des philosophes, mais des astronautes diplômés,
Il s'est proposé dans les call-centers de sondages internationaux
Là aussi, ils l'ont jeté car il ne parlait pas l’esquimau.

À l'agence de voyage, il n'est même pas allé
Il sait beaucoup de choses, mais pas faire l'employé
Il a essayé avec l'ordinateur et une société d'assistance
Là, ils cherchaient des jeunes avec trente ans d'expérience.

Ici, avec toutes mes études, ça va finir mal
Je vais être à 40 ans ou à l'hospice ou à l'hôpital
Ou contraint à ces travaux que plus personne ne veut
Comme être mineur ou journaliste ou les deux

Marco a une licence en philo à 35 ans
Avec beaucoup de sacrifices, pour sa maman beaucoup de tourments
Il s'est passé un peu de temps, il n'a pas été professeur
Mais il enseigne quand-même aux jeunes, il est pornoacteur.

Mais même là ça va à l'envers, il ne travaille pas avec Samantha
Ni avec Jessica ou Sabrina, il fréquente une autre smala
Il fait équipe avec Armando, avec Tony et six autres gars
Car il fait la star porno, à la vidéothèque Chez Tata.

« Mais je ne dois pas me plaindre », dit-il « À chacun son métier
La morale est toujours la même. On te le met dans le fondement
Pour quatre sous et pendant huit heures durant
Ici, dit Marco, on m'en met un peu plus et je suis moins payé. »

envoyé par Marco Valdo M.I. - 31/10/2010 - 00:03


Merci beaucoup, Marco, vous avez parfaitement saisi l'esprit de cette chanson, seulement à un premier niveau une chanson ironique, en fait une représentation farfelue d'un drame social et de sa fine et longue préparation par le capitalisme mondial. Un câlin et un merci sincère pour la traduction. Alberto Cantone

Alberto Cantone - 26/4/2021 - 16:18


Oh, dit Lucien l’âne, regarde Marco Valdo M.I., un auteur qui nous fait un câlin. C’est rare et ça fait vraiment plaisir. Je propose que tu lui écrives en français une autre de ses chansons.

J’y penserai dès que j’aurai un petit peu de temps, répond Marco Valdo M.I., mais comme on le sait, il y a tant à faire.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

Lucien Lane - 26/4/2021 - 20:34




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