Fuir là-bas...
L'oiseau hésite, n'est-ce pas
La fenêtre est ouverte, c'est joli
De combien de degrés, il ne le sait pas
On dit, on dit, on dit, on dit
C'est comme ci, c'est comme çà
Les oiseaux entrent par une fenêtre
Avec une précision de géomètres
Ouverte à quarante-cinq degrés.
Mais pas d'oiseau, hiver comme été,
À quarante-quatre degrés.
Allez savoir si les autorités
Laisseront un degré suffisant,
Un angle clair sur le monde.
Mon cœur déjà vagabonde,
Balance, atermoie, un instant,
Se risque à regarder de-ci, de-là.
L'œil furtif, hésitant,
Le cheval de Magritte vient vers moi,
Au travers les gribouillis compliqués
Des arbres de la forêt des mots enchantés.
Il s'agenouille et salue fort civil,
Et m'emporte d'un trait
Jusqu'à l'intérieur de la ville,
Où enfin je disparais
En tenant Montale par le bras,
Comme s'accroche un enfant.
Montale précisément
Montale si habitué à tenir sa mouche par le bras :
"Ho sceso dandoti il braccio, almeno un milione di scale…" :
"J'ai descendu en te donnant le bras, au moins un million de marches…"
Sur le seuil, une escale
Une longue respiration en haut des marches.
Fuir là-bas...
L'oiseau hésite, n'est-ce pas...
L'oiseau hésite, n'est-ce pas
La fenêtre est ouverte, c'est joli
De combien de degrés, il ne le sait pas
On dit, on dit, on dit, on dit
C'est comme ci, c'est comme çà
Les oiseaux entrent par une fenêtre
Avec une précision de géomètres
Ouverte à quarante-cinq degrés.
Mais pas d'oiseau, hiver comme été,
À quarante-quatre degrés.
Allez savoir si les autorités
Laisseront un degré suffisant,
Un angle clair sur le monde.
Mon cœur déjà vagabonde,
Balance, atermoie, un instant,
Se risque à regarder de-ci, de-là.
L'œil furtif, hésitant,
Le cheval de Magritte vient vers moi,
Au travers les gribouillis compliqués
Des arbres de la forêt des mots enchantés.
Il s'agenouille et salue fort civil,
Et m'emporte d'un trait
Jusqu'à l'intérieur de la ville,
Où enfin je disparais
En tenant Montale par le bras,
Comme s'accroche un enfant.
Montale précisément
Montale si habitué à tenir sa mouche par le bras :
"Ho sceso dandoti il braccio, almeno un milione di scale…" :
"J'ai descendu en te donnant le bras, au moins un million de marches…"
Sur le seuil, une escale
Une longue respiration en haut des marches.
Fuir là-bas...
L'oiseau hésite, n'est-ce pas...
envoyé par Marco Valdo M.I. - 12/3/2010 - 20:37
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La Mouche au bras – Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 97
La Mouche au bras est la nonante-septième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
La mouche au bras, la mouche au bras... Quel titre encore une fois ! , dit Lucien l'âne en se grattant le museau sur le tronc d'un saule têtard. La mouche au bras, qu'est-ce que çà veut dire, cette fois ? Où as-tu pêché un titre pareil ?
Ne t'énerve pas, mon ami Lucien l'âne impatient. Je m'en vais t'expliquer tout cela et pas plus tard que maintenant. Tu connais l'origine de ces canzones, la carrière où je m'en vais tirer les pierres brutes de cette construction:la traduction que j'ai faite du Quaderno a cancelli; c'est une sorte de roman, mais un roman paradoxal, où tout ce qui est écrit, dit, se passe à l'intérieur des pensées d'un homme : le peintre-écrivain Carlo Levi. Il était ami d'un poète de peu son aîné, Eugenio Montale, lequel avait surnommé sa femme « mouche » et lui avait consacré une part importante de ses dernières poésies. La « Mouche » quitta le monde avant Eugenio et ce dernier égrena bien des souvenirs. Notamment, ce compagnonnage d'une vie, cette immense proximité des modestes, de ces couples qui s'en vont l'un tenant l'autre. Il avait écrit à ce sujet :
"Ho sceso dandoti il braccio, almeno un milione di scale…" :
"J'ai descendu en te donnant le bras, au moins un million de marches…" Ce qui est tellement beau... comme façon de dire la vie commune. Vers qui est repris tel quel dans le Cahier ligné. Eugenio Montale ayant effectivement conduit Carlo Levi , convalescent, par le bras au travers du Sénat de la République. C'est à cet épisode anecdotique qu'il est fait ici allusion. Par parenthèse, c'est quand même un moment exceptionnel que celui où le poète conduit le peintre, encore légèrement aveugle... dans l'antre politique. Une parabole à la Breughel.
D'accord, je vois maintenant d'où vient le titre de la canzone, mais, dis-moi, Marco Valdo mon ami, que raconte-t-elle en fait ?
Tout simplement, la méditation de notre ami le prisonnier-blessé... qui imagine sa sortie, sa fuite... Enfin, le rêve de tout prisonnier.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane