Je contemple cette pièce dépouillée,
Les chaussures, la chaise empaillée,
Le blé qui tremble, le ciel qui ondule,
Le soleil rayonnant qui se recule
Après des nuits d'obscurité
Dans ce néant de bruits répercutés.
Sans répit en masses,
Renaissent mes angoisses.
L'œil de Vincent cherche la couleur
Pour recréer la nature,
Le couteau de Vincent triture la peinture
Pour vaincre la peur.
Son regard blessé comme une oreille coupée
Vacille sous le jaune d'une lumière éclatée.
Les tournesols ne tournent plus.
L'homme en pain d'épices n'en peut plus.
J'entends les lamentations du caroubier
Abattu par le gel et le vent.
Y aura-t-il encore des caroubiers?
D'autres troncs ? D'autres printemps ?
Ainsi, on s'étiole, on s'exfolie
On descend doucement dans la folie
Vincent, halluciné, regarde,
Bleu, rouge, jaune et vert
Le jour qui s'attarde
Bruissant de lumière.
Un hérisson court se cacher
Parmi les herbes et les argiles mêlés
Tout me revient à présent
De l'autre côté du temps :
D'anciennes amours oubliées,
Des figures, des voix retrouvées,
Les fleurs, les maisons, les nuages,
Mille choses, les visages,
Les tisserands, les mineurs, les oiseaux,
La gloire colorée du monde, les tableaux,
La nuit étoilée, les glaces, les sables.
Les fins de jour indéfinissables
Et je contemple cette pièce dépouillée,
Mes chaussures, la chaise empaillée,
Le blé qui tremble, le ciel qui ondule,
Et mon soleil rayonnant qui se recule.
Les chaussures, la chaise empaillée,
Le blé qui tremble, le ciel qui ondule,
Le soleil rayonnant qui se recule
Après des nuits d'obscurité
Dans ce néant de bruits répercutés.
Sans répit en masses,
Renaissent mes angoisses.
L'œil de Vincent cherche la couleur
Pour recréer la nature,
Le couteau de Vincent triture la peinture
Pour vaincre la peur.
Son regard blessé comme une oreille coupée
Vacille sous le jaune d'une lumière éclatée.
Les tournesols ne tournent plus.
L'homme en pain d'épices n'en peut plus.
J'entends les lamentations du caroubier
Abattu par le gel et le vent.
Y aura-t-il encore des caroubiers?
D'autres troncs ? D'autres printemps ?
Ainsi, on s'étiole, on s'exfolie
On descend doucement dans la folie
Vincent, halluciné, regarde,
Bleu, rouge, jaune et vert
Le jour qui s'attarde
Bruissant de lumière.
Un hérisson court se cacher
Parmi les herbes et les argiles mêlés
Tout me revient à présent
De l'autre côté du temps :
D'anciennes amours oubliées,
Des figures, des voix retrouvées,
Les fleurs, les maisons, les nuages,
Mille choses, les visages,
Les tisserands, les mineurs, les oiseaux,
La gloire colorée du monde, les tableaux,
La nuit étoilée, les glaces, les sables.
Les fins de jour indéfinissables
Et je contemple cette pièce dépouillée,
Mes chaussures, la chaise empaillée,
Le blé qui tremble, le ciel qui ondule,
Et mon soleil rayonnant qui se recule.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2010/2/17 - 16:40
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L'homme en pain d'épice– Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 89
L'homme en pain d'épice est la huitante-neuvième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
Comme tu le verras ou l'entendras, Lucien mon ami l'âne, la rêverie du prisonnier solitaire est comme un voyage autour de sa chambre, ce qui somme toute pourrait être le titre du Cycle du Cahier ligné, s'il n'existait déjà sous ce titre de Voyage autour de ma chambre, une sorte de longue nouvelle ou de roman d'un prisonnier. C'était au temps où l'Italie allait seulement devenir elle-même... Il était sous-titré, dans certaines éditions, ce qui pour nous a de l'importance : Expédition nocturne autour de ma chambre. Et la canzone d'aujourd'hui a comme titre « L'homme en pain d'épice » et commence par la description d'une simple chambre, une pièce pauvrement meublée comme pourrait l'être une cellule de prisonnier ou de retiré du monde. Puis, elle s'ouvre sur le monde et le soleil. Comme au matin, le regard s'ouvre au jour après les angoisses de la nuit et que surgissent les couleurs.
Je connais bien ces moments, ces instants où la paupière décolle de l'autre paupière et que le paysage te saute aux yeux. Mais dis-moi, ami Marco Valdo M.I., on dirait là que tout se mélange... Quel titre étrange... « L'homme en pain d'épice »... Où as-tu bien pu aller pêcher pareil titre ? Et de qui tu causes donc là ? Pourquoi l'appelles-tu ainsi ? Est-il le prisonnier ou bien... ? N'est-ce pas un peintre ? Et que vient-il faire ici ?
Tu as parfaitement raison, Lucien l'âne mon ami. Il s'agit bien d'un peintre, Vincent, fou de la couleur, homme halluciné, à l'oreille coupée, plongé dans les angoisses... Tu auras reconnu Van Gogh et le tableau qui peint la chambre à Arles, un autre qui peint le blé, un autre les tournesols... et ainsi de suite jusqu'aux étoiles. Mais n'oublie pas que Carlo Levi était lui aussi un peintre et non des moindres,et un franc admirateur de Vincent, si ce n'est un de ceux qui ont continué dans la même voie lumineuse... Tout comme il fut un prisonnier... Quant à Vincent, sa prison était une prison dont on a bien du mal à sortir; c'est une prison à l'air libre, celle qui vous suit partout jusqu'au jour où on arrête de courir le monde. Quant à cette appellation d'« homme en pain d'épice », elle vient de la correspondance de Vincent à son frère Théo et c'était, selon lui, le surnom que certains lui donnaient pour le dire inconsistant, faible... Mais à mon sens, c'est là un titre de grandeur morale et un très beau surnom... J'aimerais assez qu'on me nomme ainsi...
On dirait, Marco Valdo M.I., on dirait, mon ami, que dans son grand voyage intérieur notre ami le prisonnier soudain s'identifie au peintre... et la pièce qui l'emprisonne entre dans le tableau...
C'est exactement cela la fin de la canzone... Une dernière chose, sais-tu que Vincent Van Gogh a peint ou dessiné un nombre considérable de mineurs et de tisserands... qu'il aimait beaucoup en raison de leur grande solidarité et de leur esprit d'indépendance et de lutte. On oublie souvent l'engagement de cet homme et son désespoir face à ce monde ... Vincent a souffert de la misère, de la sienne, mais surtout de celle des autres.
Oui, je le dis ainsi : puant et cacochyme, ce monde où les marchands d'hommes pullulent, ce monde où l'artiste doit se vendre... comme la viande morte ou comme une quelconque marchandise... ou comme n'importe quel travailleur... Allons, Marco Valdo M.I., la Guerre de cent Mille Ans (que les riches font aux pauvres au seul but d'accroître leur richesse et leur puissance) n'est pas finie... En l'honneur des mineurs et des tisserands, tissons à notre tour le linceul de ce monde puant et cacochyme...
Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane