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Amériques

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Amériques

Canzone léviane – Amériques – Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 86

Amériques est la huitante-sixième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Salut, Lucien l'âne mon ami, je suis bien content de te voir. En fait même, il me tardait de te voir, car je suis impatient de te faire connaître ma nouvelle canzone. Quand je l'ai découverte, j'ai été fort surpris de tout ce qu'elle signifie.... Ne me regarde pas avec des yeux aussi ahuris... Je te l'ai déjà dit pourtant que j'étais le premier lecteur de mes canzones et leur premier découvreur. Je t'ai déjà dit que quand je commence une canzone, je ne sais ni comment elle sera, ni ce qu'elle pourra bien en finale raconter. En quelque sorte, elle se fait au travers de moi et je t'avouerai aussi qu'il m'arrive de batailler contre elle pour la mener où j'aimerais qu'elle aille. C'est très curieux... Parfois, çà marche, parfois, elle se rebiffe...

Si je te comprends bien, mon ami Marco Valdo M.I., tu es en train de me dire que tes chansons se font toutes seules...

Non, non, Lucien l'âne aux oreilles si douces, ce n'est pas cela que j'essaie de te dire. Ce qui se passe quand je fais une canzone, c'est un peu ce qui se passe entre un sculpteur et une pierre ou un marbre ou un bois. Je prends l'exemple du sculpteur, mais ce pourrait être un peintre... Donc, le sculpteur est face à sa pierre, c'est-à-dire une forme massive et comme tu le sais ou le devines, chaque pierre, chaque roc est différent et sa structure interne est différente; bref, il est unique et le sculpteur se voit obligé d'en tenir compte. N'oublie pas que je parle d'une canzone léviane qui est, comme il est chaque fois rappelé, constituée d'éléments tirés de la (ma) traduction du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi. J'ai donc ma pierre brute au départ, c'est un un texte préexistant, une sorte de matière première, si tu veux, d'où je vais extraire la canzone après nombre de réécritures – ce sont les coups de ciseau du sculpteur et de ces milliers de mots, j'en retire finalement quelques dizaines ordonnés autour d'un sens qui jaillit du texte en train de se former. C'est un travail par à coups comme le fait le sculpteur, avec des reculs, des périodes de maturation... En plus, il y a les résistances de la matière... et ses propres caractères qui entrent en jeu. C'est plus complexe et plus difficile que la traduction, car c'est un monde nouveau qui se crée et dès lors, un être imprévisible qui sort au jour.

Restons-en là, si tu veux bien, dit Lucien l'âne, et dis-moi quand même de quoi elle parle ta canzone.


C'est la découverte de l'Amérique et ensuite, des Amériques, c'est aussi une histoire de guerres, de révolutions, d'émigrations, de colonisations, de massacres... Les génocides des populations amérindiennes n'y apparaissent pas sous ce nom-là, mais ce sont elles dont elle parle en disant « combien de vies piétinées par les chevaux du lointain Occident... » Non, elle ne se trompe pas ma canzone, elle le sait d'où viennent ces chevaux – ils viennent d'ici, d'Europe et donc d'un lointain Orient, mais les massacres qu'ils font avec Cortez par exemple, mais bien sûr aussi avec la Cavalerie étazunienne participent de ces génocides dans ce lointain Occident que sont les Amériques. Puis, les chars et les bombes de l'Occident iront massacrer ailleurs... Tout le site en est rempli de chansons qui racontent ces guerres lasses...

Je comprends, je comprends, dit Lucien l'âne en se tortillant... Mais quand même, ce qui me surprend le plus, c'est que tu ne savais pas au départ que ce serait de tout cela qu'elle serait faite...

Non, je ne le savais pas. Cela dit, je te rappelle qu'elle est une part de la méditation du blessé-prisonnier-guerrier... et qu'elle n'est en somme qu'un épisode qui illustre la Guerre de Cent Mille Ans... et qu'il y a là à l'œuvre une logique globale et que ces guerres se tiennent l'une l'autre... et que pour les pauvres de partout, il n' y a qu'une seule chose à faire aujourd'hui comme ils ont toujours dû le faire : résister...

Oui, je le pense bien, dit Lucien l'âne. D'ailleurs, c'est notre principe de vie à nous les ânes : Ora e sempre : Resistenza !

Ainsi Parlaient Marco Valdo et Lucien Lane
Un cheval court dans la prairie
Dans la solitude des nuits
Au milieu des hurlements inconnus
Entre des arbres et des rochers perdus
Des villes naissantes et brutales
Une jungle rude, un foutu carnaval
Pas moyen de s'y retrouver
Et quelles luttes pour fédérer
Ceux qui venait d'endroits éloignés
Fuyant les guerres, les famines, les atrocités
Avec dans la tête, une montagne, un lointain village
Avides d'or, avec un demi-visage
Une jambe de bois et une de chair
Pour une vie encore à faire
Le cœur et le corps macérant dans la solitude
Une langue mastiquée d'incertitude
Et des insultes et des imprécations
Femme, enfants, amis: vieilles illusions
Au-delà de l'eau en une traversée,
Changer de langue, changer d'azur
L'autre monde n'a pas nos mesures
Entre le Nord, le Sud et ses haines compliquées,
Ce monde sourcilleux
Presse tant qu'il peut
Pour aplatir et amoindrir
Rendre plus mince qu'un soupir
Faire mourir pour renaître
Faire courber et l'accepter en maître.
Au bout du long chemin de l'émigration
Au bout du long massacre de la colonisation
Combien de larmes avalées,
Combien de sang,
Combien de vies piétinées
Par les chevaux du lointain Occident !
Pour 'st Amérique
Cet autre monde, ces Amériques
Combien de larmes avalées,
Combien de sang,
Combien de vies écrasées
Par les chars et les bombes du lointain Occident !
Pour 'st Amérique
Cet autre monde, cette Amérique.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 6/2/2010 - 18:05




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