Exit Judith, sur sa chevelure portant
Dans un plat d'or et d'argent
La tête du général
Et laisse le corps et le cimeterre
Puis, s'en va dans l'air matinal
Rayonnante sous la première lumière.
Pourquoi donc restent-elles dans la mémoire
Cette sanglante histoire et ces larmes
Ou cette photographie du désespoir
Du peuple espagnol vaincu en armes
Guerre civile du monde entier
Qui n'en finit pas de durer
Vingt ans avant, même comédie
Dans toute la ville, un air de tragédie
Les titres au kiosque à journaux.
La Défaite de Caporetto,
À Caporetto le front brisé.
La Vénétie ouverte à l'invasion
Les « somari », les paysans soldats révoltés
Après des millénaires de soumission
Se rendaient par centaines de milliers
Ils appliquaient la grève aux armées
Liquidaient les carabiniers dans les tranchées
Abandonnaient fusils et canons
Et couchaient les morts sur le sable
C'était la révolution
Ou quelque chose de semblable.
Que sont devenues les photos de ces faits si héroïques,
Les a-t-on brûlées toutes, comme les veuves en sari
À la mort de leur seigneur de mari ?
Qu'a-t-on gardé de cette débandade historique ?
Il en reste une seule, où apparaît une épaule, un bras, des cheveux.
À des milliers de morts de là
Sur le Piave, les armées pour la troisième fois
Se heurtèrent à la fin de l'octobre pluvieux
Où d'autres soldats se rendirent aux soldats
Heureux d'en finir comme çà !
Dans un plat d'or et d'argent
La tête du général
Et laisse le corps et le cimeterre
Puis, s'en va dans l'air matinal
Rayonnante sous la première lumière.
Pourquoi donc restent-elles dans la mémoire
Cette sanglante histoire et ces larmes
Ou cette photographie du désespoir
Du peuple espagnol vaincu en armes
Guerre civile du monde entier
Qui n'en finit pas de durer
Vingt ans avant, même comédie
Dans toute la ville, un air de tragédie
Les titres au kiosque à journaux.
La Défaite de Caporetto,
À Caporetto le front brisé.
La Vénétie ouverte à l'invasion
Les « somari », les paysans soldats révoltés
Après des millénaires de soumission
Se rendaient par centaines de milliers
Ils appliquaient la grève aux armées
Liquidaient les carabiniers dans les tranchées
Abandonnaient fusils et canons
Et couchaient les morts sur le sable
C'était la révolution
Ou quelque chose de semblable.
Que sont devenues les photos de ces faits si héroïques,
Les a-t-on brûlées toutes, comme les veuves en sari
À la mort de leur seigneur de mari ?
Qu'a-t-on gardé de cette débandade historique ?
Il en reste une seule, où apparaît une épaule, un bras, des cheveux.
À des milliers de morts de là
Sur le Piave, les armées pour la troisième fois
Se heurtèrent à la fin de l'octobre pluvieux
Où d'autres soldats se rendirent aux soldats
Heureux d'en finir comme çà !
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2010/1/23 - 21:37
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Canzone léviane – Judith à Caporetto – Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 81
Judith à Caporetto est la huitante et unième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
Qu'est-ce que c'est encore que ce titre étrange ?, dit l'âne Lucien en mettant ses oreilles en points d'interrogation. Que vient faire Judith à Caporetto ou l'inverse, que Caporetto vient faire dans l'histoire de Judith, dont je crois d'ailleurs me souvenir que je l'avais rencontrée et même portée sur mon dos d'âne; c'était en Judée, il y a quelque temps et un peu après, elle avait égorgé un général... Quant Caporetto, n'est-ce pas ce lieu où il y eut une fameuse bataille avec plein de morts ?
Exact, Lucien mon ami l'âne. C'est bien de cette Judith et de ce Caporetto que parle la canzone. Pour le reste, je te laisse l'interprétation de l'aventure de Judith rapportée à Caporetto... Remarque quand même qu'elle lui fait son affaire à ce militaire et qu'elle le met, lui et toute son armée en déroute... et que c'est un peu ce qu'ont fait les « somari » à Caporetto. Comme tu pourras le découvrir, c'est une méditation – celle de notre mystérieux guerrier-blessé-prisonnier – sur divers épisodes de la guerre de Cent Mille Ans et aussi, sur la manière dont la propagande écrit l'histoire... Les vrais héros ne sont pas nécessairement ceux qu'ont dit dans les communiqués officiels.
J'imagine bien, te connaissant tellement que je puis lire dans tes pensées, que les vrais héros ce sont ces paysans soldats qui ont appliqué la grève aux armées comme il est dit dans L'Internationale et qui se débarrassaient des tueurs venus de l'arrière... J'avais entendu dire à l'époque, que dans cette guerre – celle qu'avec une belle ironie Brassens dit préférer entre toutes, on fusillait des régiments entiers, pour l'exemple, ou alors, on faisait tirer l'artillerie sur ses propres troupes, question de mater les récalcitrants. Des deux côtés du fameux front. On voit bien ainsi où est le véritable ennemi... Crois-moi, c'est un des enseignements de la Guerre de Cent Mille Ans que l'ennemi du pauvre n'est pas l'étranger, c'est le riche et le puissant et que la guerre en fin de compte se révèle toujours être une guerre civile...
Tu as raison, mon ami Lucien l'âne, et regarde, c'est dit dans la canzone, comme la guerre se résout – du moins cet épisode italo-autrichien de l'étape Caporetto – Piave – quand le combat cesse faute de combattants, quand les soldats d'un camp, puis de l'autre fuient le théâtre des opérations et tout simplement se rendent; en l'occurrence, alternativement. Peut-être un jour, verra-t-on deux armées soi-disant antagonistes se rendre en même temps... l'une à l'autre. Évidemment, il leur faudra préalablement liquider leurs généraux... Comme il est dit dans L'Internationale...
« Appliquons la grève aux armées
Crosse en l'air, et rompons les rangs
S'ils s'obstinent, ces cannibales
À faire de nous des héros
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux. »
En voilà d'excellents pacifistes, dit Lucien l'âne.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane