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Debout !

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Debout !

Canzone léviane – Debout ! – Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 80


Debout ! est la quatre-vingtième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Dis, Marco Valdo M.I. mon ami, pourquoi tu ne dis pas la huitantième chanson... ou la octantième, car nos amis italiens disent « ottantesima »; d'autant plus que tu as dit jusqu'ici septantième....

Là, Lucien mon ami l'âne savant et voyageur de l'espace et du temps, tu me charries... Car tu as dû en entendre des façons de compter... Mais qu'importe... En fait, il n'y a rien à comprendre ou à départager entre la numération décimale ou dodécimale ou duodécimale ( voir l'alexandrin... ou les heures du jour ou les mois de l'année) ou vigésimale ( la guerre de soixante-dix ou les quatre-vingts chasseurs, lesquels étaient regroupés dans le lit de la marquise, mais c'est là une autre histoire...) Tout le monde a raison... D'ailleurs, on dirait plus exactement « tout le monde a sa raison ou ses raisons... » . Bref, chez nous en Wallonie et de mon temps, on dit « quatre-vingts »... C'est une bizarrerie, soit. Je dirais donc aussi bien l'octantième ou la huitantième … Tu remarqueras, à propos de bizarrerie que dans la canzone, les mots « sudaméricains » et « audessous » sont orthographiés sans tiret, en un seul mot. Là, c'est que j'en ai assez des tirets à tirelarigot et que j'ai collé les deux morceaux pour en faire un seul mot bien cohérent. Je le fais souvent, d'ailleurs. Mais pas toujours... Des fois, çà me gêne... Regarde, j'aurais dû écrire « soixantedix », « quatrevingts » et « quatrevingtième »...
Mais revenons à la canzone et à la nuit – une nuit – de notre ami le prisonnier-blessé-guerrier-rêveur méditatif. Encore une de ces nuits où la pensée vagabonde.

Oui, je vois... C'est un songe féérique et exotique où il parle des contes de fées moyenâgeux , de révolutions sudaméricaines ( voir le général Castagnetas) , Venise et sa lagune, la Manic et qui est brutalement interrompu – comme c'est le plus souvent le cas en prison – par les hurlements des gardiens dans l'aube claire du matin : « Debout, debout, Heil Hitler ! »

Tu as raison, Lucien l'âne mon ami, La chiourme sent toujours le renfermé... comme la caque sent toujours le hareng, expression qu'on applique aux papistes...
Et les récits de prisonniers ( Marco Camenisch, par exemple dans son excellent livre « Achtung Banditen ! ») ne manquent pas de rapporter des comportements similaires dans les prisons, spécialement celles les plus rigoureuses contre les incarcérés...

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Les héros des fables guérissent magiquement
Par les doigts des fées ou leurs onguents
Quand des balles en or
Entrent dans leur corps
Par l'œil droit ou en plein cœur,
Finalement, eux aussi, ils meurent.
Des nuages secs traversent des ciels
Où, audessous des bleus artificiels
Éclatent des révolutions
Un peu exotiques, comme des drapeaux
D'états sudaméricains
Qu'on découvre sur des timbres ou des billets déteints
Des généraux passent sur d'imposants chevaux
Vers des batailles inconnues, de glorieuses victoires
Et des Indiens, populaires, blessés, avec des mouchoirs
Sur leur front ensanglanté
Meurent apaisés
Au milieu de leurs troupeaux.
Venise est envahie
Par l'eau et par le vol des oiseaux.
Une lumineuse mélancolie
Couvre le pré pastel
Bleu ou violet, améthyste ou asphodèle
De comètes gris rosâtre
Et de fines poussières douceâtres.
Là, dans ce désert
Diffus et changeant, on entend
Dans le lointain, le rugissement
Incertain des navires ou de la mer.
Comme un baiser de fièvre
Retrousse les lèvres,
Une bouche de rose confond,
Pour un instant, un paradis
Et la première lettre reçue en prison
« Si tu savais comme on s'ennuie... »
La nuit passe mal dans l'attente du matin.
Une voix excitée, effroyable comme à la radio
Me réveille. Il est trop tôt.
Ainsi s'amusent les gardiens
« Debout, debout, Heil Hitler ! »
D'enfantillages stupides et amers.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 21/1/2010 - 21:17




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