Je vous écris du Paradis
Où je trouve que la Terre, c'est très joli
Puisque c'est vrai, faut bien que je le dise
Je vais vous mettre mon cœur à nu
Je suis peut-être un soldat inconnu
Mais la place était déjà prise
Alors, comme j'avais un copain
Je crois que c'était un Américain
Il m'a fait monter à l'anglaise
Le bon Dieu qui reconnaît pas le dollar
Si je les ai eus, c'est un hasard
Je leur ai chanté la Marseillaise
Mon Général, j'ai souvenance
D'une pitié qui venait de la France
Paraît qu'il faut plus en parler
Y en a que ça gêne aux entournures
Je me souviens des "manucures"
Je n'ai plus de mains, je peux rien prouver
Mais y a une chose que je peux vous dire
Paraît qu'on veut vous faire élire
C'est vrai sans blague, c'est enfantin
Ils savent pas que les vacheries de la gloire
C'est qu'au milieu d'une page d'histoire
Il faut savoir passer la main
Je me souviens du petit bistro
De la gare du Nord, de votre photo
Que je portais comme une relique
Mon Général, c'est peut-être idiot
Mais je ne sais plus trouver les mots
C'était peut-être quelque chose d'héroïque
Ah oui, c'est ça, ils m'ont emmené
Je crois bien que j'avais les poings liés
Au fond, qu'est-ce que ça peut vous faire ?
Pensez qu'ils voulaient me faire causer
Comme j'avais rien à leur donner
Ils m'ont mis le cœur en bandoulière
Mon Général, j'ai souvenance
De mes prisons hors de la France
Vous étiez loin, vous ne saviez pas
On se fait à tout, même au tragique
J'ai toujours eu le sens épique
Mais pas pour ces sortes de galas
Si d'aventure, je reviens à Paname
Y faudra rien dire à votre dame
Je vous sortirai incognito
Je vous emmènerai dans mes domaines
Je vous demande pardon de vous faire d' la peine
J'aurai pas la gueule d'un héros
Je me souviens du matin clair
Y avait même pas un reporter
J'en ai encore la chair de poule
C'était un hôtel si parfait
Que les clients, y ressortaient jamais
Une vraie station, une vraie Bourboule
Je me souviens, mais à quoi bon ?
C'était pour moi ma seule passion
J'aimais les chiens, Dieu me le pardonne
J'en ai vu un qui m'a souri
J'y suis allé, puis j'ai compris
Ils l'avaient dressé comme un homme
Mon Général, j'ai souvenance
Que vous avez sauvé la France
C'est Jeanne d'Arc qui me l'a dit
C'est une femme qu'avait de la technique
Malgré sa fin peu catholique
Vous aviez les mêmes soucis
Et puisqu'il faut, sur cette Terre,
Que chacun passe solitaire
Vous avez le droit de rêver
Mon Général pour vos vacances
J' vous raconterai l'Histoire de France
Des fois que vous comprendriez
Où je trouve que la Terre, c'est très joli
Puisque c'est vrai, faut bien que je le dise
Je vais vous mettre mon cœur à nu
Je suis peut-être un soldat inconnu
Mais la place était déjà prise
Alors, comme j'avais un copain
Je crois que c'était un Américain
Il m'a fait monter à l'anglaise
Le bon Dieu qui reconnaît pas le dollar
Si je les ai eus, c'est un hasard
Je leur ai chanté la Marseillaise
Mon Général, j'ai souvenance
D'une pitié qui venait de la France
Paraît qu'il faut plus en parler
Y en a que ça gêne aux entournures
Je me souviens des "manucures"
Je n'ai plus de mains, je peux rien prouver
Mais y a une chose que je peux vous dire
Paraît qu'on veut vous faire élire
C'est vrai sans blague, c'est enfantin
Ils savent pas que les vacheries de la gloire
C'est qu'au milieu d'une page d'histoire
Il faut savoir passer la main
Je me souviens du petit bistro
De la gare du Nord, de votre photo
Que je portais comme une relique
Mon Général, c'est peut-être idiot
Mais je ne sais plus trouver les mots
C'était peut-être quelque chose d'héroïque
Ah oui, c'est ça, ils m'ont emmené
Je crois bien que j'avais les poings liés
Au fond, qu'est-ce que ça peut vous faire ?
Pensez qu'ils voulaient me faire causer
Comme j'avais rien à leur donner
Ils m'ont mis le cœur en bandoulière
Mon Général, j'ai souvenance
De mes prisons hors de la France
Vous étiez loin, vous ne saviez pas
On se fait à tout, même au tragique
J'ai toujours eu le sens épique
Mais pas pour ces sortes de galas
Si d'aventure, je reviens à Paname
Y faudra rien dire à votre dame
Je vous sortirai incognito
Je vous emmènerai dans mes domaines
Je vous demande pardon de vous faire d' la peine
J'aurai pas la gueule d'un héros
Je me souviens du matin clair
Y avait même pas un reporter
J'en ai encore la chair de poule
C'était un hôtel si parfait
Que les clients, y ressortaient jamais
Une vraie station, une vraie Bourboule
Je me souviens, mais à quoi bon ?
C'était pour moi ma seule passion
J'aimais les chiens, Dieu me le pardonne
J'en ai vu un qui m'a souri
J'y suis allé, puis j'ai compris
Ils l'avaient dressé comme un homme
Mon Général, j'ai souvenance
Que vous avez sauvé la France
C'est Jeanne d'Arc qui me l'a dit
C'est une femme qu'avait de la technique
Malgré sa fin peu catholique
Vous aviez les mêmes soucis
Et puisqu'il faut, sur cette Terre,
Que chacun passe solitaire
Vous avez le droit de rêver
Mon Général pour vos vacances
J' vous raconterai l'Histoire de France
Des fois que vous comprendriez
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2010/1/15 - 14:59
Analyse très tendancieuse.De Gaulle et ses sbires ont largement utilisé le bourrage d urnes pour se maintenir au pouvoir.La « veulerie petainiste et fasciste » est un raccourci très tendancieux également.Vous oubliez qu il s agissait d un combat contre le bolchevisme,également.Par ailleurs votre explication des manucures par la guerre d Algérie est de la plus totale stupidité.La chanson est de 1947 et les troubles organisés par le Fln,soudoyé à la fois par les américains et les chinois ont débuté en 1954.Une analyse pitoyable.
Gandil - 2022/6/6 - 08:17
×
Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.
Chanson française de Léo Ferré – 1961
Ah, Lucien mon ami l'âne, tu connais Léo Ferré et tu sais combien il a pu écrire de chansons véritablement pathétiques, des grandes, des belles, des essentielles.
Oh, moi, tu sais, Marco Valdo M.I., tu es mon véritable ami et en quelque sorte mon alter ego, mon autre moi et à toi, je peux dire sans détour ce que je pense, ce que je sens... Je peux ouvrir la porte de mes pensées... Alors, laisse-moi te dire pour Léo Ferré que je le trouve tellement passionnant que j'ai bien du mal à départager ses diverses chansons, qu'elles soient de lui, d'Aragon ou de Caussimon ou celles qu'il a faites avec les textes de Verlaine, de Rimbaud ou de Baudelaire...
Je le sais bien, Lucien mon ami l'âne, et j'ai la même peine que toi à établir un ordre de préférences; des fois, ce sont les unes, des fois, ce sont les autres. Mais parfois, je me laisse surprendre par une attirance particulière pour le Ferré intellectuel, politique, militant et polémique. Que je l'aime bien celui-là quand il va dire son fait au monde (« la vie est courte et y en a qu'une qu'on soit Ricain ou qu'on soit Russe... Y en a marre »), comme il fait du bien aux amis quand il chante à pleine voix, avec ses tripes et ses sentiments à l'air.
Oui, oui, dit Lucien l'âne d'or, mais viens en au fait et à la chanson... C'est Mon Général, je crois, non ? Si c'est bien elle, je me rappelle qu'ils l'avaient interdite à la radio française comme Le Déserteur de Vian.
En effet, c'est une des chansons censurées – il n' y en a pas eu tellement en France depuis l'après-guerre de 1940-45. Mais celle-ci en est une... Vois-tu, Lucien mon ami, j'ai souvent scrupule à faire de l'explication de textes à propos des chansons et je n'aime pas qu'on me me le fasse, sauf dans certains cas et notamment quand cela m'aide vraiment à décoder le texte... et pour cette chanson-ci, qui n'est pas une chanson quelconque et intemporelle, il me paraît important de donner quelques indications. Mais avant cela, je voudrais indiquer comment elle m'est revenue en tête obsédante et séductrice en diable... Une vraie chanson de Léo Ferré... Il te souviendra que j'ai traduit récemment deux chansons : une des Tuttigiùperterra, intitulée « Signor Generale » et une de Francesco De Gregori, « Giovanna d'Arco » où il est question de Jeanne d'Arc... Et bien, ce sont elles qui m'ont conduit à cette chanson « Mon Général » irrésistiblement.
Je comprends, dit Lucien l'âne ouvrant un œil interrogatif et agitant les paupières pour accentuer sa question muette. Jusqu'ici, si je résume, nous avons deux chansons intitulées en français de la même façon « Mon Général » et Jeanne d'Arc. Faudra quand même que tu m'expliques le reste.
Allons-y, mon ami Lucien l'âne bien trop têtu pour que je m'esquive. En avant pour l'explication de texte. Et d'abord, le personnage central à qui Léo Ferré s'adresse en direct est bien évidemment De Gaulle, lequel (on est en 1960) va se faire une république à sa main, va caporaliser la France... Mais, ce qui lui donne quand même une sorte de légitimité à la Coriolan, c'est que lui au moins, il était grand par la taille d'abord et surtout, par le fait d'avoir su faire barrage aux nazis et à la veulerie pétainiste et fasciste. C'était un homme qui transigeait peu et qui ne se servit pas, lui, de sa position dans et au sommet de l'État pour ses intérêts personnels. Il y allait de sa dignité et de celle de son pays. De Gaulle revenu au pouvoir, insiste pour y rester … Léo Ferré place la chanson dans la tête d'un soldat inconnu, un de ces crevés d'une guerre, un de ces morts des suites de torture... et fait la leçon à De Gaulle. Le soldat inconnu de Ferré lui déconseille vivement de se faire élire et prévoit, annonce la déchéance finale... Pour rappel, nombre d'Algériens sont morts sous la torture eux aussi à cette époque et les « manucures » étaient françaises. Cela dit, en ce qui concerne ce mystérieux hôtel, il devrait s'agir du Lutétia – siège de la Gestapo à Paris et/ou de l'immeuble de la rue Lauriston – siège de la Gestapo « française » ( on peut comparer l'endroit à la via Tasso à Rome ou à l'avenue Louise à Bruxelles...). Quant à la Jeanne d'Arc, tu sais ce que j'en pense... de cette Pasionaria nationaliste...
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane