Je porte sur mes épaules,
Pour dix centimes, et pour deux sous,
Comme un Etna blanchi par la neige,
Les paladins de sucre
Que les enfants de Palerme
Lèchent le jour des Morts.
Exilé à jamais.
Parmi les passeurs, les fraudeurs
Les trafiquants, les contrebandiers
Les bandits de grand chemin.
Tout s'est ainsi dégradé,
Ce monde me maltraite.
Ma mère fort âgée téléphone
Elle demande que je lui ressonne.
On me l'interdit.
Sans en dire la raison.
Ma Nonna Tortue Pétrifiée
Insensible et intouchable
Me contraignait à trafiquer le sucre,
À, passé la guérite de l'octroi,
L'acheter à la droguerie de Val Salice,
Plus que pauvre et mal famé.
Mon quartier Le Rubatto était misérable,
Les douaniers parlaient le dialecte
Avec les paysannes qui venaient au marché.
Ils fermaient un œil, c'est probable,
Honteux, je rentrais avec le kilo de sucre,
À notre maison en construction dans les prés.
"Qu'apportes-tu de bon ? Dis-moi, dis-moi ?
Apportes-tu le sucre ?"
Et pour 10 centimes, et pour 2 sous,
Tout s'est ainsi dégradé,
Ce monde conspire,
Me maltraite et me torture.
Exilé à jamais.
Parmi les passeurs, les fraudeurs
Je porte sur mes épaules,
Les paladins de sucre
Que les enfants de Palerme
Lèchent le jour des Morts.
Pour dix centimes, et pour deux sous,
Comme un Etna blanchi par la neige,
Les paladins de sucre
Que les enfants de Palerme
Lèchent le jour des Morts.
Exilé à jamais.
Parmi les passeurs, les fraudeurs
Les trafiquants, les contrebandiers
Les bandits de grand chemin.
Tout s'est ainsi dégradé,
Ce monde me maltraite.
Ma mère fort âgée téléphone
Elle demande que je lui ressonne.
On me l'interdit.
Sans en dire la raison.
Ma Nonna Tortue Pétrifiée
Insensible et intouchable
Me contraignait à trafiquer le sucre,
À, passé la guérite de l'octroi,
L'acheter à la droguerie de Val Salice,
Plus que pauvre et mal famé.
Mon quartier Le Rubatto était misérable,
Les douaniers parlaient le dialecte
Avec les paysannes qui venaient au marché.
Ils fermaient un œil, c'est probable,
Honteux, je rentrais avec le kilo de sucre,
À notre maison en construction dans les prés.
"Qu'apportes-tu de bon ? Dis-moi, dis-moi ?
Apportes-tu le sucre ?"
Et pour 10 centimes, et pour 2 sous,
Tout s'est ainsi dégradé,
Ce monde conspire,
Me maltraite et me torture.
Exilé à jamais.
Parmi les passeurs, les fraudeurs
Je porte sur mes épaules,
Les paladins de sucre
Que les enfants de Palerme
Lèchent le jour des Morts.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2009/12/10 - 17:18
Alors, Lucien mon ami, avais-tu remarqué la petite blague que je t'avais mitonnée dans tout ce discours à propos des paladins de sucre ? Il est possible que personne et même pas toi ne la remarque et ce serait bien dommage....
Car tu crois comme ça, Marco Valdo M.I. mon ami, que je n'ai pas saisi toute l'allusion de ton « pasticcio » franco-wallon? Je suis un âne peut-être, mais je ne suis pas aveugle et je sais lire... Et puis, je te connais assez pour savoir que tu es très capable de me jouer des tours en douce...
Je crois comprendre que tu as compris, mon ami Lucien... Mais j'aimerais que tu m'expliques ce que tu en penses...
Et bien, voilà... dit Lucien l'âne en gloussant de plaisir. C'est d'ailleurs une vieille histoire puisqu'elle remonte il y a plus d'un millénaire, disons au temps de Charlemagne. Suis bien mon discours et tu verras que j'ai bien saisi ta plaisanterie... Donc, nous avons d'un côté, Charlemagne et de l'autre, Charleroi. Et tout le sel de cette histoire est dans les adjectifs. L'adjectif relatif à Carolus Magnus et à tout ce qui le concerne est carolingien et celui relatif à Charleroi et à tout ce qui la concerne (habitants, région, zone...) est caroloringien ou carolorégien, et comme disait ou disaient Vaugelas, Bouhours, Beauzée ou finalement peut-être moi-même : l'un et l'autre se dit ou se disent. Ainsi, l'armée de Charlemagne était carolingienne et en aucun cas, elle n'aurait pu être caroloringienne, la ville de Charleroi (Chålerwè ou Tchålerwè) n'ayant vu le jour qu'en 1666, soit huit cents ans plus tard, environ.
Quel pataquès, en effet ! , dit Marco Valdo M.I., que d'ailleurs tu domines parfaitement. Rectifions quand même pour conclure : nos paladins étaient bien des Carolingiens.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne
Car tu crois comme ça, Marco Valdo M.I. mon ami, que je n'ai pas saisi toute l'allusion de ton « pasticcio » franco-wallon? Je suis un âne peut-être, mais je ne suis pas aveugle et je sais lire... Et puis, je te connais assez pour savoir que tu es très capable de me jouer des tours en douce...
Je crois comprendre que tu as compris, mon ami Lucien... Mais j'aimerais que tu m'expliques ce que tu en penses...
Et bien, voilà... dit Lucien l'âne en gloussant de plaisir. C'est d'ailleurs une vieille histoire puisqu'elle remonte il y a plus d'un millénaire, disons au temps de Charlemagne. Suis bien mon discours et tu verras que j'ai bien saisi ta plaisanterie... Donc, nous avons d'un côté, Charlemagne et de l'autre, Charleroi. Et tout le sel de cette histoire est dans les adjectifs. L'adjectif relatif à Carolus Magnus et à tout ce qui le concerne est carolingien et celui relatif à Charleroi et à tout ce qui la concerne (habitants, région, zone...) est caroloringien ou carolorégien, et comme disait ou disaient Vaugelas, Bouhours, Beauzée ou finalement peut-être moi-même : l'un et l'autre se dit ou se disent. Ainsi, l'armée de Charlemagne était carolingienne et en aucun cas, elle n'aurait pu être caroloringienne, la ville de Charleroi (Chålerwè ou Tchålerwè) n'ayant vu le jour qu'en 1666, soit huit cents ans plus tard, environ.
Quel pataquès, en effet ! , dit Marco Valdo M.I., que d'ailleurs tu domines parfaitement. Rectifions quand même pour conclure : nos paladins étaient bien des Carolingiens.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne
Marco Valdo M.I. - 2009/12/11 - 09:19
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Canzone léviane – Les Paladins de Sucre – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 70
Les Paladins de Sucre est la septantième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
Salut à toi Marco Valdo M.I., dit Lucien l'âne en faisant un petit saut de bienvenue, comme souvent, ta canzone porte un titre bien étrange. Que viennent faire dans cette histoire ces paladins de sucre et d'abord, de quoi s'agit-il, qui sont ils, d'où viennent-ils ? Car je pense bien qu'ils doivent quand même avoir une signification, se référer à une histoire... Mais je me demande bien laquelle...
Et bien voilà, mon cher Lucien l'âne à la curiosité immense, je m'en vais t'expliquer tout çà. Toi qui as voyagé depuis tant d'années dans toute la Méditerranée, tu dois certainement connaître la Sicile et peut-être même as-tu participé à son histoire et te souvient-il qu'un moment, il y a de cela bien des siècles, elle fut une île mauresque, puis deux cents ans plus tard, une île normande... sans jamais cesser d'être sicilienne.Il te souviendra sans doute aussi d'avoir rencontré, si ce n'est accompagné des paladins et tu les vois peut-être encore avec leurs armures, leurs oliphants, leurs lances et leurs grandes épées s'en aller tout au travers de la France, de l'Espagne combattre les Maures. C'étaient des guerriers francs et on connaît l'histoire de ces preux de Charlemagne parmi lesquels on trouvait Roland, Olivier et l'infâme Ganelon. C'est bien d'eux qu'il s'agit quand on parle des paladins dans cette canzone et c'est à leurs effigies que sont faites ces sucettes de sucre que les enfants de Palerme reçoivent le Jour des Morts. On pourrait dès lors croire que ce serait là le souvenir de l'histoire de la « libération normande » de la Sicile. Et bien, détrompe-toi. Ce ne sont pas là des gestes transmises par voie orale depuis le Moyen-Âge; ce sont des histoires qui viennent tout droit du dix-neuvième siècle et que les contastorie racontaient sur les places, dans les parcs.... Et d'ailleurs, les guerriers francs de la geste caroloringienne ne sont jamais allés jusqu'en Sicile et étaient morts depuis deux cents ans quand les émirs durent quitter la Sicile.
Oui, dit l'âne Lucien en se dandinant comme le dodu dindon de Didon, bien évidemment que j'ai entendu parler de Roland, de Roncevaux et de l'oliphant et que je sais donc assez bien ce que sont ces paladins-là; bien évidemment que je sais aussi quand la Sicile fut mauresque et quand elle fut reprise par les Normands et ce qu'il en advint. Mais, dis-moi, si tu le veux bien, ce que sont ces paladins de sucre, car telle est mon interrogation.
Les paladins de sucre, dit Marco Valdo M.I. en souriant, mais ce sont les mêmes, c'est Roland, Charlemagne, Renaud, Ogier, Amadis, Marsile et tutti quanti. Mais tout simplement, comme pour les Puppi – les marionnettes siciliennes ou pour Tchanchès le Liégeois, ce sont des représentations, mais cette fois en sucre. Et ces personnages en sucre, un temps seules friandises, sous la houlette de Rosalie, sont donnés à Palerme, le Jour des Morts, aux enfants qui n'ont de cesse de les sucer jusqu'à disparition du sucre et du paladin. Mais en voilà assez sur les paladins... La canzone parle d'autre chose. Comme tu l'entendras, elle vient du cœur de la prison où se moisit notre ami le guerrier-prisonnier-blessé dans son quartier de haute sécurité et coupé de tout contact avec l'extérieur, y compris avec ses proches.
« Exilé à jamais.
Parmi les passeurs, les fraudeurs
Les trafiquants, les contrebandiers
Les bandits de grand chemin.
Tout s'est ainsi dégradé,
Ce monde me maltraite. »
Elle est aussi une chanson de protestation – les Anglosaxons disent : protestsong. Puis, dans ce voyage intérieur, dont je te rappelle qu'il est le seul possible, on retrouve l'enfance, le paysage de l'enfance et les personnages de l'enfance... Un peu aussi la Turin du début du siècle dernier.
Je vois, dit Lucien l'âne en soupirant, toujours cette nécessité de résister... Résister : Ora e sempre : Resistenza !
Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne.