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Lù l'è mort, e mi sôn chi

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Lù l'è mort, e mi sôn chi

Canzone léviane – Lù l'è mort, e mi sôn chi – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 63


Lù l'è mort, e mi sôn chi est la soixante-troisième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Au fait, Marco Valdo M.I., dit Lucien l'âne polyglotte, on dirait du wallon le titre de cette canzone.


En effet, Lucien mon ami aux longues oreilles et aux naseaux luisants, ça ressemble à du wallon, mais en fait, je crois bien, qu'en réalité, c'est en quelque sorte comme du wallon du Piémont, je veux dire du piémontais. Je pense cela car il s'agit d'une phrase reprise à un texte de Carlo Levi, lequel était originaire de Turin et que sa famille (ses familles, car on a tous plusieurs familles ascendantes...) étaient dans la région depuis plusieurs générations. Mais quand même, ce sont deux langues parlées à mille kilomètres de distance... Et la ressemblance est frappante. D'ailleurs, tu le sais bien qu'il nous arrive souvent de lire un texte dans une des multiples langues régionales d'Italie et de le comprendre à première lecture. De le comprendre, pas de le traduire, j'insiste.


Bon, j'ai compris..., dit Lucien l'âne en souriant de son immense sourire, mais moi, j'ai un peu de mal à être sûr de ce que je comprends. Alors, cette phrase de la grand-mère veut bien dire : « Lui, il est mort et moi je suis ici... », n'est-ce pas.


J'ai bien l'impression que oui. Pour le reste, cette lamentation est en réalité tout autre chose, c'est un moment de révolte de notre guerrier-blessé-prisonnier, dont on devine qu'il est en prison pour des raisons un peu mystérieuses; à moins que ce soit la prison elle-même qui soit mystérieuse. Encore une fois, le texte se fait devant moi et je m'efforce de le comprendre...


En somme, dit Lucien lui aussi un peu perplexe et cela se voit dans son regard un peu hagard, tu t'efforces de te comprendre toi-même.


Il y a de ça, en effet, dit Marco Valdo M.I. Je crois que cela s'explique par le niveau poétique de l'écriture – poétique, je te le rappelle, veut tout simplement dire « le niveau auquel la chose, la phrase se fait », la poésie étant somme toute l'art de faire, le poète est un faiseur de phrases, un jongleur de mots. Mais je m'égare. Pour en revenir à la canzone, disons que notre ami emprisonné continue cette méditation que nous suivons depuis un certain temps et repense à des séquences de l'histoire humaine et aux racines violentes et destructrices de certaines tumeurs doucereuses et corrosives qui investissent le corps de l'Europe. Il en désigne nettement le responsable en disant par la bouche de sa nonna Grazia : "Lù l'è mort, e mi sôn chi "

Les croisades, les persécutions, les bûchers de l'Inquisition sont donc aussi une partie de la Guerre de Cent Mille Ans, dit Lucien l'âne....


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Doux sourire, doux miel, douce eau
Pasqua, Pasquetta, Pasquino,
J'écris en prison :
"Spinoza tu m'enseignes que tristesse est diminution »
Répétition de mon expérience d'autrefois
Quelle amitié peut me ramener,
À marcher, marcher, marcher,
Sur ma route ancienne, à recompter mes pas,
À chercher dans la boue des souvenirs perdus
Les traces d'un ours cavernicole inconnu.
"Lù l'è mort, e mi sôn chi", disait ma Nonna,
Qui s'appelait, quel paradoxe, Grazia.

Doux sourire, doux miel, douce eau
Pasqua, Pasquetta, Pasquino,
Sans passé, je sais ce qui m'attend.
Des milliers d'années bancales
Cinq mille sept cent cinquante-quatre ans
Depuis la haute civilisation pastorale et patriarcale,
Trois mille ans depuis les héros d'Homère,
2700 et quelques années depuis les héros romains,
Et combien depuis les souriants et féroces dieux indiens
Birmans, chinois ou khmers.
"Lù l'è mort, e mi sôn chi", disait ma Nonna,
Qui s'appelait, quel paradoxe, Grazia.

Doux sourire, doux miel, douce eau
Pasqua, Pasquetta, Pasquino,
Tous assassinés par le doux Intolérant,
Le Civilisé, le Tendre, le Beau, le Gentil,
Le Christ est éternel, malgré les paysans de Lucanie.
Il veut imposer son testament délirant
Prélude aux croisades, aux persécutions.
Aux bûchers et aux massacres de l'inquisition.
Et le voici de nouveau là
Plaqué en croix sur la paroi.
"Lù l'è mort, e mi sôn chi", disait ma Nonna,
Qui s'appelait, quel paradoxe, Grazia.

Doux sourire, doux miel, douce eau
Pasqua, Pasquetta, Pasquino,
Son miel l'a mangé,
Depuis l'Empire romain
Pendant des siècles, ses rats ont rongé
Le monde des humains.
Sous la menace de la mort
Ses corbeaux l'étouffent encore.
Comment sauvegarder les futures générations
De cette corrosion, telle est la question..
"Lù l'è mort, e mi sôn chi", disait ma Nonna,
Qui s'appelait, quel paradoxe, Grazia.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 10/11/2009 - 22:41




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