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La Cannaie

Marco Valdo M.I.
Language: French



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La Cannaie

 
Canzone léviane – La Cannaie – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 55



La Cannaie est la cinquante-cinquième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Belle chanson, dit Lucien l'âne en secouant ses ongles antérieurs, très touchante, très émouvante... Elle sonne un peu comme la Chanson de Craonne, avec sa succession d'adieux. C'est comme le chant d'un soldat très amer qui part pour la guerre et dont une voix intérieure lui dit « Tu n'en reviendras pas toi qui courais les filles, jeune homme... ».

Tu parles d'or, mon ami Lucien l'âne de même farine. Il y a bien de ça dans notre canzone – et ce n'est sans doute pas un hasard. Tout comme ce début qui rappelle – et pourtant crois-moi, je l'avais écrite avant – qui rappelle le début de l'italienne « Nel Nome della bella » de Massimiliano Larocca … qu'ici-même, Riccardo Venturi a traduite en français de la façon suivante :
« Parto per terre lontane
parto per terre straniere

Je pars pour des terres lointaines
Je pars pour des terres étrangères »

mais c'est une situation « archétypale ». Il y a tant de guerres, tant d'exils, tant d'émigrations... Mais rappelle-toi qu'il s'agit de notre prisonnier-guerrier-blessé et de son long combat contre l'isolement, de ce combat pour la vie. La rupture ici est celle de l'enfantement, de l'exil forcé dans le monde, dans ce monde de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres, dans ce monde de domination et de violence, dans ce monde de mensonges, d'exactions et de sordide exploitation. C'est un peu aussi une évocation du paradis perdu, de ces moments de l'enfance où malgré tout, dans les interstices et dans les bras des femmes, tendres géantes, coule – radieux – un peu de bonheur. Rappelle-toi que le retour au plus profond de soi, à la source-même de l'être, au pays des merveilles, « entre les cannes de la cannaie » (ce qui donne le titre de la canzone), aux instants où l'enfance se réservait des coins de bonheur, est ici une technique de survie face aux affres des autorités en tous genres. On emprisonne le corps, mais comment emprisonner l'esprit, surtout l'esprit de résistance ?

Oh, dit Lucien l'âne se redressant vivement, on ne le peut pas... J'aime beaucoup comme il conclut : « ...refus obstiné / De toute violence, de toute autorité ». C'est d'ailleurs notre devise : « Ora e sempre : Resistenza ! »

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Adieu donc, temps sans temps,
Je pars pour longtemps.
Adieu, je vais en des terres lointaines.
Où donc ce train fol nous emmène ?
Adieu, choses et doux bras.
Un jour sans doute, on se retrouvera.
Adieu mère qui m'avez allaité
Adieu mes sœurs, qui m'avez tant aimé
Adieu Lucia et l'enchantement des matins
Adieu les lézards dans les prés.
Adieu, cœur simple, qui ne demande rien;
Adieu, affection de ma terre mère,
Douce géante à la tendresse austère.
J'avais découvert gamin,
Les servantes, les paysannes, les lavandières,
Toutes femmes, toutes nourricières.
Adieu Val Salice et banc de pierre
Où dans les langes et les linges, après le bain,
L'enfant est mis à sécher,
Et regarde son corps, heureux et serein.
Adieu l'odeur verte du foin coupé
Adieu les citrouilles illuminées,
Adieu jardin de la maison aimée,
Adieu groseille rouge, groseille noire,
Poires martine, moscatello blanc et noir,
Citronniers, verveines, iris, lilas,
Magnolias et musa.
Adieu petit chemin
Qui descend doucement vers la vallée,
Entre les cannes de la cannaie
Où un automne lointain,
Une femme se promenait
En songeant à l'enfant qu'elle portait
Qui, au plus profond du noir
D'une nuit de novembre, naîtrait,
À une heure moins le quart,
Arraché aux forceps – l'heure, c'est l'heure.
À son tendre nid de bonheur.
Telle est l'origine du refus obstiné
De toute violence, de toute autorité.

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2009/10/5 - 12:14




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