Guerriers pétrifiés, gisant ainsi,
Presque morts, nous attendons notre tour
D'être mangés par nos vautours
Qui emporteront nos os blanchis,
Ou enlevés par des nomades noirs
Qui peut-être nous épargneront
Pour revendiquer une rançon
Ou par pure hospitalité barbare,
Ou nous sacrifieront à leurs dieux assoiffés.
Comateux, souffrants, nous nous sommes traînés
Et cachés dans le labyrinthe hospitalier.
Quand revient le resserrement des paupières.
Les ombres noires ne nous émeuvent plus,
Elles ne sont plus qu'images et mystères.
La clarté efface le temps perdu.
Nous nous ressemblons
Nous sommes ici et nous savons
Cela que si nous ne mourons pas
C'est que nous ne désespérons pas.
Nous avons la volonté de ne pas céder et de tenir
Alors, reviennent les forces et les désirs
Le goût d'un aliment, le plaisir.
Face à l'opaque apathie de l'épouvante
La peur de la lumière disparaît,
Les humeurs de la nuit s'éventent,
L'instinctif plissement du visage renaît
Quand revient le resserrement des paupières.
Les ombres noires ne nous émeuvent plus,
Elles ne sont plus qu'images et mystères.
La clarté efface le temps perdu.
Presque morts, nous attendons notre tour
D'être mangés par nos vautours
Qui emporteront nos os blanchis,
Ou enlevés par des nomades noirs
Qui peut-être nous épargneront
Pour revendiquer une rançon
Ou par pure hospitalité barbare,
Ou nous sacrifieront à leurs dieux assoiffés.
Comateux, souffrants, nous nous sommes traînés
Et cachés dans le labyrinthe hospitalier.
Quand revient le resserrement des paupières.
Les ombres noires ne nous émeuvent plus,
Elles ne sont plus qu'images et mystères.
La clarté efface le temps perdu.
Nous nous ressemblons
Nous sommes ici et nous savons
Cela que si nous ne mourons pas
C'est que nous ne désespérons pas.
Nous avons la volonté de ne pas céder et de tenir
Alors, reviennent les forces et les désirs
Le goût d'un aliment, le plaisir.
Face à l'opaque apathie de l'épouvante
La peur de la lumière disparaît,
Les humeurs de la nuit s'éventent,
L'instinctif plissement du visage renaît
Quand revient le resserrement des paupières.
Les ombres noires ne nous émeuvent plus,
Elles ne sont plus qu'images et mystères.
La clarté efface le temps perdu.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2009/9/14 - 18:51
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Canzone léviane – Ombres Noires – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 51
Ombres Noires est la cinquante et unième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
Lucien, mon ami l'âne aux yeux plus noirs qu'une nuit orientale sans lune, écoute-moi bien, car ce soir, je vais te dire des choses secrètes et étranges. Et surtout, ne m'interromps pas trop souvent.
Marco Valdo M.I., j'ai beau être ton ami et dès lors, bien te connaître, tu m'intrigues... Mais ne t'inquiètes pas, je vais t'écouter de toutes mes oreilles qui, comme tu peux le voir, dit l'âne Lucien en dressant à la verticale sa belle paire toute noire, sont grandes et fort bien dressées. Mais je t'en prie... Dis-moi donc !
Donc, comme tu peux le voir, cette fois-ci notre guerrier-blessé-malade-prisonnier... parle comme un chœur.
Un peu comme chez Aristophane dont j'ai vu l'une ou l'autre fois une pièce ou comme chez d'autres auteurs grecs, dont je me souviens d'avoir assisté à des représentations dans l'un ou l'autre amphithéâtre en plein air à la tombée du jour ou comme chez Verdi où j'ai même vu un chœur d'esclaves...
Peu importe, pourvu qu'il y ait un chœur. Le chœur représente généralement le peuple, mais ici, c'est un chœur de guerriers. Certains sont morts, d'autres sont blessés, malades, prisonniers... Ce sont des guerriers qui ont connu la défaite et vaincus et prisonniers, ils entreprennent de résister aux « ombres noires ». Que sont-elles ? Il faut laisser parler la poésie... Moi, je crois que ce sont aussi des entités symboliques qui rappellent les ennemis réels qui sont habillés d'uniformes noirs; ces ennemis qui jettent les ombres noires sur le monde. Maintenant, connaissant l'ensemble du cycle du Cahier ligné, on sait nettement qui sont ces ennemis, de quel côté ils se situent. Notre guerrier aussi, dès lors.
Ah, dit Lucien l'âne aux allures par moment sauvages, mais encore...
Eh bien, voici. Il me semble que notre guerrier et tous ceux de son chœur sont en fait engagés dans la Guerre de Cent Mille Ans... du côté des pauvres. Tu sais, Lucien mon ami, que cette guerre-là est celle que les riches, afin d'assurer leurs privilèges, leur domination et d'imposer leur conception délirante du monde, mènent contre les pauvres.
Il faut bien dire que jusqu'à présent, ils ont plutôt réussi, dit Lucien l'âne.
En effet, mais l'affaire n'est pas terminée. C'est une longue guerre, dont je t'ai déjà dit qu'elle ne se terminera que le jour où l'homme sera devenu humain et aura abandonné toute prétention à la domination et à la propriété... En attendant, tissons le linceul de ce monde vieillissant et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne