Après Auschwitz et les grands massacres
Certaines valeurs, certains simulacres
Hier encore, indiscutables
Comme d'impérissables
Civilisations écroulées
S'enfoncent dans le silence.
Il n'en reste que des souvenances
De poussière sale auréolées.
Et les faits répètent et empirent
Les plus grandes exterminations.
Les bombardiers de l'Empire
Au gigantesque rayon d'action
Les chasseurs en Irak ou en Afghanistan
Les famines et les guerres d'Afrique
Aux mots freedom et democracy souvent
Donnent d'irrésistibles effets émétiques
Et comme la poussière immaculée,
Déclenchent la blanche allergie.
Et pendant ce temps-là, en Méditerranée,
Des barques à ras bord remplies,
De toutes parts submergées,
Sans timon ni voile ni quille,
Avec des pleurs et des hurlements
Rejouent sempiternellement
Le Radeau de la Méduse
Sur un canot au large de Lampéduse.
Certaines valeurs, certains simulacres
Hier encore, indiscutables
Comme d'impérissables
Civilisations écroulées
S'enfoncent dans le silence.
Il n'en reste que des souvenances
De poussière sale auréolées.
Et les faits répètent et empirent
Les plus grandes exterminations.
Les bombardiers de l'Empire
Au gigantesque rayon d'action
Les chasseurs en Irak ou en Afghanistan
Les famines et les guerres d'Afrique
Aux mots freedom et democracy souvent
Donnent d'irrésistibles effets émétiques
Et comme la poussière immaculée,
Déclenchent la blanche allergie.
Et pendant ce temps-là, en Méditerranée,
Des barques à ras bord remplies,
De toutes parts submergées,
Sans timon ni voile ni quille,
Avec des pleurs et des hurlements
Rejouent sempiternellement
Le Radeau de la Méduse
Sur un canot au large de Lampéduse.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 10/9/2009 - 14:00
Langue: italien
Versione italiana di Riccardo Venturi
12 settembre 2009
12 settembre 2009
LA ZATTERA DI LAMPEDUSA
Dopo Auschwitz e i gran massacri
certi valori, certi simulacri
(appena ieri indiscutibili
come immortali
civiltà che poi son morte)
sprofondano nel silenzio.
Non ne restano che flebili echi
sporchi di polvere,
e i fatti riproducono in peggio
i più terribili stermini.
I bombardieri dell'Impero
dall'enorme raggio d'azione,
i caccia in Iraq o in Afghanistan
carestie e guerre in Africa
spesso chiamate freedom e democracy
fanno decisamente vomitare
e, come la polvere mai toccata
fanno starnutire e venir l'allergia.
Nel frattempo, nel Mediterraneo
barche piene da scoppiare
e sommerse da ogni parte,
senza timone, né vela, né chiglia
con pianti, urla, grida
come un'infinita
Zattera della Medusa
su un gommone al largo di Lampedusa.
Dopo Auschwitz e i gran massacri
certi valori, certi simulacri
(appena ieri indiscutibili
come immortali
civiltà che poi son morte)
sprofondano nel silenzio.
Non ne restano che flebili echi
sporchi di polvere,
e i fatti riproducono in peggio
i più terribili stermini.
I bombardieri dell'Impero
dall'enorme raggio d'azione,
i caccia in Iraq o in Afghanistan
carestie e guerre in Africa
spesso chiamate freedom e democracy
fanno decisamente vomitare
e, come la polvere mai toccata
fanno starnutire e venir l'allergia.
Nel frattempo, nel Mediterraneo
barche piene da scoppiare
e sommerse da ogni parte,
senza timone, né vela, né chiglia
con pianti, urla, grida
come un'infinita
Zattera della Medusa
su un gommone al largo di Lampedusa.
Grand merci à Riccardo pour cette stimolante e commovente traduzione o meglio a dire, versione, perch' è come una canzone in se, proprio una ricostruzione. Vale a dire, la traduzione ideale, come sempre dovrebbe essere. Avec tout ça, je suis tout esbaudi de me lire (via R.V.) en italien. C'est comme disait Arthur Rimbaud, que « Je est un autre » - doublement ici. Au travers de la traduction de Riccardo, je découvre la puissance de la poésie qui percole venant de la source Carlo Levi au travers des canzones lévianes de Marco Valdo M.I. Il apparaît ce que je soupçonnais déjà depuis longtemps que ces canzones – spécialement celles du Cahier ligné, sont quelque chose de plus grand que ce qui était imaginé au départ, et doivent avoir été écrites par dessus l'épaule du scripteur.
Y aurait-il quelqu'un d'autre derrière Marco Valdo M.I. ? Serait-ce l'âne Lucien, Lucien lui-même, le fantôme de Carlo Levi ou une sorte de poète inconnu ? À ce propos, il serait bien qu'à l'entrée de chaque village, de chaque école... il y ait comme un monument à l'aède, celui qui les yeux clos réciterait ou chanterait les grandes phrases de l'humanité; en somme, raconterait l'histoire de l'homme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne.
Y aurait-il quelqu'un d'autre derrière Marco Valdo M.I. ? Serait-ce l'âne Lucien, Lucien lui-même, le fantôme de Carlo Levi ou une sorte de poète inconnu ? À ce propos, il serait bien qu'à l'entrée de chaque village, de chaque école... il y ait comme un monument à l'aède, celui qui les yeux clos réciterait ou chanterait les grandes phrases de l'humanité; en somme, raconterait l'histoire de l'homme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne.
Marco Valdo M.I. - 12/9/2009 - 17:53
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Canzone léviane – Le Radeau de Lampéduse – Marco Valdo M.I. – 2009 - Cycle du Cahier ligné – 50
Elle est bien étrange cette canzone, dit Lucien l'âne en levant la tête de son tas de chardons.
Étrange, étrange, et en quoi donc ?, demande Marco Valdo M.I.
En quelques mots, elle plante un paysage historique et mondial. On part d'Auschwitz, où l'enfant flotte toujours dans les nuages et se demande encore où et quand le vent le posera. Comme tu le comprends, l'enfant ici est l'incarnation de tous les enfants du monde qu'on envoie dans les nuages. Et ils sont des millions... Car vois-tu, Marco Valdo M.I., la faim est aussi une arme de guerre... On passe par le Vietnam, l'Irak, l'Afghanistan, l'Afrique pour finir là devant nous, en Méditerranée, où les enfants et leurs parents finissent sous l'eau et pour les plus chanceux, dans un camp.
Mais, c'est l'histoire de notre monde, c'est l'histoire de notre temps. Sans compter les famines et les trafics en tous genres. Remarque qu'on termine au dix-neuvième siècle avec une tragédie océanique, que l'actualité a ramenée au large de la Sicile... Souviens-t-en, Théodore Géricault en fit un tableau (de sept mètres sur cinq) qui la rappelle avec insistance; il s'intitule Le Radeau de la Méduse et comme tu le sais certainement, le camp où l'on entasse les réfugiés-émigrés-immigrés-rescapés est situé sur l'île de Lampedusa en italien et Lampéduse, en français. Voilà pourquoi la canzone s'intitule Le Radeau de Lampéduse. Raconter la vie et les misères des hommes et dénoncer ceux qui en sont les coupables, tel est le sens du travail pictural, comme c'est celui des canzones. Il y aurait encore mille choses à dire, ainsi va la poésie qu'elle arrive en quelques mots à ouvrir tout grand la complexité du monde et à montrer son incommensurable indignité.
En somme, dit Lucien l'âne en insistant d'un battement de paupières, c'est toujours cette Guerre de Cent Mille Ans qui n'en finit pas d'aller de massacres en massacres pour assurer encore et encore la domination et la prospérité des riches avec la peau et sur le dos des pauvres. De ce monde aux conceptions surannées de profit et d'exploitation, ce monde libéral, qui n'en finit pas de pourrir l'existence des hommes.
Faisons comme les Canuts, mon ami l'âne Lucien, tissons-lui chaque jour son linceul... à e monde absurde.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne.