Petit conscrit, tu vas quitter
Ton père, ta mère;
Tu vas, toi leur enfant gâté,
Toi leur chimère,
Quitter les prés, les bois, les champs...
Et les luzernes,
Pour vivre avec les hommes méchants
A la caserne.
Tu vas quitter tous ceux qu't'aimais,
Tes camarades,
Et tu n'auras plus désormais
Que des bourrades,
Que des injures et que des coups
Pour ta gouverne,
Afin de t'inculquer le goût
De la caserne.
Malgré les pleurs de ta maman,
Malgré tes larmes,
Pour te conduire au régiment
Y a les gendarmes;
Et puis alors c'est Biribi
Qui te concerne,
Et c'est encor' plus dégueulbi
Qu'à la caserne.
Pour t'enseigner, petit conscrit,
l'respect d'la France,
Faudra que t'endur' sans un cri
Tout' les souffrances;
T'apprendras qu'l'honneur du drapeau,
Vil subalterne,
Exig' qu'tu fass' trouer la peau,
A la caserne.
Pour te rendre bien avachi,
On t'f'ra connaître
Le respect de la hiérarchie,
La craint' des maîtres!
Et faudra pas qu'tu bronch' mon bon,
Mais qu'tu t'prosternes,
Quand un chef te trait'ra d'cochon,
A la caserne.
Pour fair' de toi un bel idiot,
Un' manivelle,
On te four'ra un tas d'grands mots
Dans la cervelle:
Honneur! Devoir! Patrie!... un tas
De balivernes
Qu'il faut croire mais qu'on n'discut' pas,
A la caserne.
Et si tes frèr' les crèv' la faim
Se fout' en grève,
Au lieu de leur donner du pain,
Faut qu'tu les crèves!
Tant pis si d'être un assassin
Ça te consterne;
C'est pour ça qu'on t'met, jeune et sain,
A la caserne.
Mais, patience! un jour viendra
- Qu'il n'tarde guère! -
Où l'homme à pein' se souviendra
Des vieilles guerres.
Alors luira sur l'horizon
L'aube moderne:
Plus d'maîtr's, plus d'misèr', plus d'prisons,
Plus de casernes!
Ton père, ta mère;
Tu vas, toi leur enfant gâté,
Toi leur chimère,
Quitter les prés, les bois, les champs...
Et les luzernes,
Pour vivre avec les hommes méchants
A la caserne.
Tu vas quitter tous ceux qu't'aimais,
Tes camarades,
Et tu n'auras plus désormais
Que des bourrades,
Que des injures et que des coups
Pour ta gouverne,
Afin de t'inculquer le goût
De la caserne.
Malgré les pleurs de ta maman,
Malgré tes larmes,
Pour te conduire au régiment
Y a les gendarmes;
Et puis alors c'est Biribi
Qui te concerne,
Et c'est encor' plus dégueulbi
Qu'à la caserne.
Pour t'enseigner, petit conscrit,
l'respect d'la France,
Faudra que t'endur' sans un cri
Tout' les souffrances;
T'apprendras qu'l'honneur du drapeau,
Vil subalterne,
Exig' qu'tu fass' trouer la peau,
A la caserne.
Pour te rendre bien avachi,
On t'f'ra connaître
Le respect de la hiérarchie,
La craint' des maîtres!
Et faudra pas qu'tu bronch' mon bon,
Mais qu'tu t'prosternes,
Quand un chef te trait'ra d'cochon,
A la caserne.
Pour fair' de toi un bel idiot,
Un' manivelle,
On te four'ra un tas d'grands mots
Dans la cervelle:
Honneur! Devoir! Patrie!... un tas
De balivernes
Qu'il faut croire mais qu'on n'discut' pas,
A la caserne.
Et si tes frèr' les crèv' la faim
Se fout' en grève,
Au lieu de leur donner du pain,
Faut qu'tu les crèves!
Tant pis si d'être un assassin
Ça te consterne;
C'est pour ça qu'on t'met, jeune et sain,
A la caserne.
Mais, patience! un jour viendra
- Qu'il n'tarde guère! -
Où l'homme à pein' se souviendra
Des vieilles guerres.
Alors luira sur l'horizon
L'aube moderne:
Plus d'maîtr's, plus d'misèr', plus d'prisons,
Plus de casernes!
envoyé par Riccardo Venturi - 14/11/2004 - 01:58
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Sulla melodia di “À Saint-Lazare” di Aristide Bruant