Voici ma chanson, la chanson
Du guerrier sur la contrescarpe verdoyante,
Du blessé pour longtemps aveuglé,
Du prisonnier dans la nuit assourdissante,
De l'interné à jamais enfermé,
Seul, à résister derrière la porte,
Un homme, un nombre, une âme morte.
Maria-Grazia est de Fonni, un village de bergers
D'où il faut s'en aller, d'où on doit émigrer,
À Rome, en Allemagne, au couvent.
L'été, sur la montagne, le berger côtoie le vent;
L'hiver, il descend avec tout son troupeau
Trouver refuge dans le Campidano.
Oh, vies partielles, vies déracinées,
Qui subissent la peur,
Et la ville qui n'est pas la leur.
Combien finissent incertains,
Sous les habits de la dominicaine, de l'ouvrier,
Du marin, du carabinier ou de l'émigré
Sous un ciel étranger et lointain.
D'abord femme de ménage, puis nonne,
Arrivée à Rome à 25 ans.
Elle y réside depuis 10 ans.
Angelo qui est soudeur
Dans un petit atelier artisanal
Du quartier du Trionfale
Vit avec une de ses sœurs.
Lucia, nonne elle aussi, vient du Nord
De Mondovi, un village où rien ne passe
Quand la neige ne laisse pas
S'ouvrir la porte des maisons basses.
Quand elle y songe, Lucia, tout comme moi,
S'illumine de retrouver son enfance,
Ce temps heureux de la confiance.
Mais un jour advient le temps qui sépare.
Et l'on s'en va hagards
Sable du désert, balle du blé,
Par la violence du vent, emportés,
oubliés nous aussi.
Et moi, moi aussi, ici
Immergé, submergé, sans sommeil,
Vivant une aventure
De privation d'espace et de nourriture,
De lumière et de soleil
Au fil de jours et de saisons,
qui se répètent identiques
en de monotones répliques.
Voilà ma chanson, la chanson
Du guerrier sur la contrescarpe verdoyante,
Du blessé pour longtemps aveuglé,
Du prisonnier dans la nuit assourdissante,
De l'interné à jamais enfermé,
Seul, à résister derrière la porte.
Un homme, un nombre, une âme morte.
Du guerrier sur la contrescarpe verdoyante,
Du blessé pour longtemps aveuglé,
Du prisonnier dans la nuit assourdissante,
De l'interné à jamais enfermé,
Seul, à résister derrière la porte,
Un homme, un nombre, une âme morte.
Maria-Grazia est de Fonni, un village de bergers
D'où il faut s'en aller, d'où on doit émigrer,
À Rome, en Allemagne, au couvent.
L'été, sur la montagne, le berger côtoie le vent;
L'hiver, il descend avec tout son troupeau
Trouver refuge dans le Campidano.
Oh, vies partielles, vies déracinées,
Qui subissent la peur,
Et la ville qui n'est pas la leur.
Combien finissent incertains,
Sous les habits de la dominicaine, de l'ouvrier,
Du marin, du carabinier ou de l'émigré
Sous un ciel étranger et lointain.
D'abord femme de ménage, puis nonne,
Arrivée à Rome à 25 ans.
Elle y réside depuis 10 ans.
Angelo qui est soudeur
Dans un petit atelier artisanal
Du quartier du Trionfale
Vit avec une de ses sœurs.
Lucia, nonne elle aussi, vient du Nord
De Mondovi, un village où rien ne passe
Quand la neige ne laisse pas
S'ouvrir la porte des maisons basses.
Quand elle y songe, Lucia, tout comme moi,
S'illumine de retrouver son enfance,
Ce temps heureux de la confiance.
Mais un jour advient le temps qui sépare.
Et l'on s'en va hagards
Sable du désert, balle du blé,
Par la violence du vent, emportés,
oubliés nous aussi.
Et moi, moi aussi, ici
Immergé, submergé, sans sommeil,
Vivant une aventure
De privation d'espace et de nourriture,
De lumière et de soleil
Au fil de jours et de saisons,
qui se répètent identiques
en de monotones répliques.
Voilà ma chanson, la chanson
Du guerrier sur la contrescarpe verdoyante,
Du blessé pour longtemps aveuglé,
Du prisonnier dans la nuit assourdissante,
De l'interné à jamais enfermé,
Seul, à résister derrière la porte.
Un homme, un nombre, une âme morte.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2009/7/29 - 22:14
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Canzone léviane – La Chanson du Guerrier sur la Contrescarpe – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 35
La Chanson du Guerrier sur la Contrescarpe est la trente-cinquième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
Dans la Chanson du Guerrier sur la Contrescarpe, on retrouve ce même personnage qui poursuit son soliloque où il mêle sa vie immédiate, parle de ce qui et de qui l'entoure – ici, les nonnes qui le soignent, et continue à développer sa méditation, cette forme de résistance intellectuelle. L'être humain est aussi – et d'abord – une pensée en perpétuel écoulement, comme un fleuve qui venu de la montagne, traverse la ville et s'en va finir dans la mer. On a comme l'impression que s'il s'arrêtait de penser, il cesserait d'exister.
Oh, oh, dit Lucien l'âne, voilà notre guerrier – prisonnier – blessé bien cartésien.
Pas tout à fait, mon bon ami l'âne. N'oublie pas qu'il est contraint à l'inertie et que le seul endroit où il peut se retrouver, où il peut se mouvoir, c'est à l'intérieur de lui-même, le seul lieu qui lui reste; même, affalé sur sa contrescarpe sous le regard du vautour, il lui reste ce refuge ultime; le refuge ultime de la vie : la pensée. Il y recrée le monde, il y fait revivre le monde. Et la canzone, sa chanson est ce qui sourd au grand jour. C'est énorme cette action de la pensée. Mais sa chanson, c'est aussi une forme de parabole.
Et que dit donc cette parabole, en quoi peut-elle nous intéresser ?, susurre l'âne interrogatif.
Mais tout simplement ceci, mon ami Lucien et je ne doute pas que cela ne t'avait pas échappé et que ta question était purement rhétorique et ne servait qu'à relancer le débat... Dunque, tout simplement ceci qu'au centre de l'homme, il y a la pensée et que même quand tout, autour de lui, est paralysé, que tout est empêché de vivre librement, il lui reste ce seul et unique instrument d'existence, cette pensée qui vit tout au fond de lui-même. C'est d'ailleurs là – et c'est en cela que la parabole est importante – que se réfugie, et à partir de là que se déploie, la résistance à l'oppression, quelle que soit cette oppression, d'où qu'elle vienne et autant qu'elle s'étende. C'est pour cela qu'elle – la pensée – et ceux qui la font advenir : les intellectuels, les poètes, les créateurs sont si suspects aux yeux des dictateurs et de leurs sectateurs. C'est aussi cela qui explique les sarcasmes et le mépris que les gens de pouvoir répandent sur elle et sur ceux qui la portent "a tracolla" - en bandoulière. Tout simplement car c'est elle la montagne magique et inaccessible où naît la résistance. C'est elle qui formule la première la sentence : « Ora e sempre : Resistenza ! »
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.