Comme il faisait frais dans cette fosse.
On n'y voyait que le ciel.
Ça c'est vraiment passé ?
Et il n'a pas eu peur ?
Il était à peu près, environ çà.
Non, je n'avais pas peur,
Dans la tombe là tout en bas,
On ne voyait que le seul azur
Et passer un corbeau agile.
L'air me parvenait pur
Et, immobile avec les morts,
Nu déjà dans l'argile,
Je tremblais et je rêvais encore.
Il y avait le froid et la terre,
et les os et les morts,
et les chiens qui déterrent
et les chèvres qui broutent et qui errent,
et les racines et les vers,
et le sang jeune dans mes artères.
Cette tombe était trop grande.
À mes yeux, voyez-vous, c'était son seul tort
Exactement à l'opposé du frisson des morts.
Mais, Sœur Armande
Personne ne vous a donc jamais dit
Que cet espace entre vos dents,
Si subtil et si aimable en même temps
Est plein de grâce, et votre sourire aussi.
On n'y voyait que le ciel.
Ça c'est vraiment passé ?
Et il n'a pas eu peur ?
Il était à peu près, environ çà.
Non, je n'avais pas peur,
Dans la tombe là tout en bas,
On ne voyait que le seul azur
Et passer un corbeau agile.
L'air me parvenait pur
Et, immobile avec les morts,
Nu déjà dans l'argile,
Je tremblais et je rêvais encore.
Il y avait le froid et la terre,
et les os et les morts,
et les chiens qui déterrent
et les chèvres qui broutent et qui errent,
et les racines et les vers,
et le sang jeune dans mes artères.
Cette tombe était trop grande.
À mes yeux, voyez-vous, c'était son seul tort
Exactement à l'opposé du frisson des morts.
Mais, Sœur Armande
Personne ne vous a donc jamais dit
Que cet espace entre vos dents,
Si subtil et si aimable en même temps
Est plein de grâce, et votre sourire aussi.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2009/7/10 - 00:39
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Canzone léviane – Le Frisson des Morts – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 28
Le Frisson des Morts est la vingt-huitième chanson du Cycle du Cahier ligné.
On hésite entre une chanson du fond de la fosse (un peu le ton d'un Oscar Wilde, un ton de romantisme anglais, un ton noir et sombre et d'une tristesse infinie, un spleen très fin du dix-neuvième siècle entre Lewis, Mathurin et Baudelaire...) et une chanson d'amour impossible : « Mais, Sœur Armande / Personne ne vous a donc jamais dit »...
On ne sait d'ailleurs pas trop si Sœur Armande est inaccessible parce qu'elle est protégée par ses vœux ou sa cornette ou si plus simplement encore, elle n'est pas déjà passée dans les bras de la mort.
Ainsi la longue songerie du prisonnier-blessé-enfermé continue et d'autres angoisses – pourquoi le cacher – surgissent du fond de la terre fantasmée. Quand l'esprit vagabonde, il traverse toutes sortes de paysages, de riants villages aussi bien que de lugubres pays.
Oh, dit Lucien l'âne, j'ai connu de ces passages, de ces vallons si sombres et si humides et si froids dans les brumes de fin d'été – déjà – qu'on se serrait les uns contre les autres et qu'on se serait cru tout bonnement dans la tombe. J'en ai encore le poil tout retourné. Rien que d'y penser. Et il est certains lieux d'enfermement où on s'y croirait vraiment... Et puis, on rêve mal quand on est mal pris...
C'est, en effet, un des résultats de la torture psychologique de l'enfermement; l'isolement à l'ombre – car, vois-tu Lucien, mon ami, pour dire qu'un homme est en prison, on dit aussi qu'il est à l'ombre – conduisent à des phases de dépression, des moments de mélancolie, des frissons terribles qui donnent cette sensation d'être déjà mort en étant encore vivant; d'être mort-vivant, en quelque sorte. Et c'est cela, cette subtile oppression que raconte cette canzone.
Mais quand même, il y a Sœur Armande, dit Lucien et sa présence me réjouit.
Je crois bien qu'elle réjouit aussi notre prisonnier... et lui évite de définitivement sombrer.
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.