Noli me tangere !
Noli me tangere !
Ne pas me toucher
Dit le dieu souverain.
Ne pas toucher
À l'arbre de mon jardin !
Pas Touche ! C'est moi ! C'est à moi !
Tout, tout, tout est à moi !
Pas touche, c'est à moi !
Mes soldats s'en vont en rang
Par dix, par cent
Tous, heureux d'être là avec leurs œillères.
Marchent derrière d'ondoyantes bannières.
Toi, toujours, tu seras dominé,
De ce monde, tu seras le rat
En prison, tu vieilliras
Et ton pain tu mangeras
Avec la sueur de ton nez
Sans paille, tu dormiras
Toujours, tu travailleras.
Dans la douleur, tu accoucheras
Dans l'angoisse, tu vivras
Un triangle, tu porteras
Éternel migrant, tu seras
Sans terre ni langue, tu seras
Toi, dans les champs, tu resteras
Paysan, tu les cultiveras.
Le temps d'une vie, tu souffriras.
Sur le dos, tu porteras
Des maisons sans horizon
et tu rêveras
par les trous des cloisons.
Libera nos domine !
Laissez-moi rigoler !
Pour fuir la cage aux yeux de verre
Il est vain d'en appeler
À un maître ou à ses notaires.
Moi, je dis à Dieu et à tous ses vicaires.
Noli me tangere.
NOLI ME TANGERE !
Noli me tangere !
Ne pas me toucher
Dit le dieu souverain.
Ne pas toucher
À l'arbre de mon jardin !
Pas Touche ! C'est moi ! C'est à moi !
Tout, tout, tout est à moi !
Pas touche, c'est à moi !
Mes soldats s'en vont en rang
Par dix, par cent
Tous, heureux d'être là avec leurs œillères.
Marchent derrière d'ondoyantes bannières.
Toi, toujours, tu seras dominé,
De ce monde, tu seras le rat
En prison, tu vieilliras
Et ton pain tu mangeras
Avec la sueur de ton nez
Sans paille, tu dormiras
Toujours, tu travailleras.
Dans la douleur, tu accoucheras
Dans l'angoisse, tu vivras
Un triangle, tu porteras
Éternel migrant, tu seras
Sans terre ni langue, tu seras
Toi, dans les champs, tu resteras
Paysan, tu les cultiveras.
Le temps d'une vie, tu souffriras.
Sur le dos, tu porteras
Des maisons sans horizon
et tu rêveras
par les trous des cloisons.
Libera nos domine !
Laissez-moi rigoler !
Pour fuir la cage aux yeux de verre
Il est vain d'en appeler
À un maître ou à ses notaires.
Moi, je dis à Dieu et à tous ses vicaires.
Noli me tangere.
NOLI ME TANGERE !
envoyé par Marco Valdo M.I. - 1/7/2009 - 22:32
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Canzone léviane – Noli me tangere ! – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 27
Noli me tangere ! est la vingt-septième chanson du Cycle du Cahier ligné.
Canzone léviane, elle s'inscrit dans cette ambiance onirique qui permet au « blessé-prisonnier – enfermé » d'échapper – au moins par la pensée et dans ce cas précis, l'imprécation, à l'étouffement progressif de son existence, qui précède – il le pressent – de peu son propre étouffement.
Bien que toutes les proclamations de bonne foi annoncent le contraire et soutiennent le caractère rédempteur de la prison, on ne peut tenir sérieusement longtemps pareille hypothèse.
Le but principal de la prison est de briser l'être humain dans l'homme; c'est un lieu de dressage; on y traite l'homme comme un animal sauvage. La preuve, on ne l'approche qu'armé, on le nourrit de loin, on le tient à distance, on le menace, on le frappe, on va – dans certains cas – jusqu'à le torturer et l'éliminer.
Alors, le prisonnier, le blessé, l'homme effrayé crie : Noli me tangere ! Ne me touchez pas ! Et croyez-moi, il sait pourquoi, il crie cela.
Mais au début de la canzone, Ne pas me toucher, Noli me tangere, c'est aussi le cri du propriétaire, de celui qui – comme le Dieu jaloux et stupide du livre – ne veut pas qu'on touche à sa propriété, qu'il assimile si fort à lui-même. Qu'il s'agisse de sa boîte de fer-blanc à roulettes, ou de sa femme, ou de n'importe quoi, le primate ne supporte pas de se voir dépossédé.
Le Dieu-primate-patron-propriétaire annonce la couleur au début de la canzone :
« Toi, toujours, tu seras dominé,
De ce monde, tu seras le rat. »
C'est l'annonce faite au pauvre par le riche sûr de sa puissance :
« Mes soldats s'en vont en rang
Par dix, par cent. »
La Guerre de Cent Mille Ans est ainsi déclarée et comme celle de Troie, elle aura lieu.
Le destin du pauvre est détaillé, cyniquement. Un joli catalogue de supplices : Tu travailleras... Tu seras paysan...
Et ensuite à la fin de la canzone, la prise de conscience, la révolte du pauvre :
« Et je le dis aux Dieux, aux saints et à tous les vicaires
Noli me tangere.
NOLI ME TANGERE ! »
Le cri du maître lui est retourné comme un écho cent fois plus amplifié.... Noli me tangere ! qu'on pourrait traduire de façon énergique par "Allez vous faire ... tangere !"
Mais, dit Lucien l'âne, Noli me tangere !, nous les ânes, on le brait depuis longtemps, ce Noli me tangere !, mais cela ne suffit pas...
En effet, dit Marco Valdo M.I. en faisant un sourire joyeux : « Ce n'est qu'un début... » Le reste est affaire de tissage.
Ah, oui, dit Lucien l'âne, en fredonnant : « Nous tisserons le linceul du vieux monde... »
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.