Voici la nuit de décembre, la nuit d'ombre
Elle commence tôt, la nuit
Dans ce très long couloir sombre.
Les gardes et nous, comme des ennemis,
Comme deux partis dans une ville divisée,
Comme deux entités opposées,
Le jour et la nuit,
La joie et l'ennui,
Qui coexistent seulement
Au point où s’inverse le mouvement.
Comme un fer brillant
Dans la chair du mourant.
Et dans ce long passage obscur,
Ils ouvrent, ils claquent les portes
À faire trembler les murs,
Gestes insensés que la nuit emporte.
D'un coup apparaît un profil de madone,
Comme elle est belle, la nonne
D'une beauté extraordinaire,
Qui pèse comme pèse la lumière.
La Sphinge nichée dans l'ombre,
Rougit à battre le cœur à rompre.
Ce sourire, cette rougeur,
Ce profil si parfait, un peu photo en couleurs
D'une voix tendre et voilée,
Elle questionne dans la langue sacrée
Les quiz de la mythologie
Les fondements de la famille
L'homme, l'Oedipe crépusculaire.
Le Cyclope monoculaire de son œil de verre
Nous observe de son regard froid.
La rage ferme mon œil droit.
On s'épie.
Dans la nuit de décembre, la nuit.
Les gardes et nous, comme des ennemis.
Elle commence tôt, la nuit
Dans ce très long couloir sombre.
Les gardes et nous, comme des ennemis,
Comme deux partis dans une ville divisée,
Comme deux entités opposées,
Le jour et la nuit,
La joie et l'ennui,
Qui coexistent seulement
Au point où s’inverse le mouvement.
Comme un fer brillant
Dans la chair du mourant.
Et dans ce long passage obscur,
Ils ouvrent, ils claquent les portes
À faire trembler les murs,
Gestes insensés que la nuit emporte.
D'un coup apparaît un profil de madone,
Comme elle est belle, la nonne
D'une beauté extraordinaire,
Qui pèse comme pèse la lumière.
La Sphinge nichée dans l'ombre,
Rougit à battre le cœur à rompre.
Ce sourire, cette rougeur,
Ce profil si parfait, un peu photo en couleurs
D'une voix tendre et voilée,
Elle questionne dans la langue sacrée
Les quiz de la mythologie
Les fondements de la famille
L'homme, l'Oedipe crépusculaire.
Le Cyclope monoculaire de son œil de verre
Nous observe de son regard froid.
La rage ferme mon œil droit.
On s'épie.
Dans la nuit de décembre, la nuit.
Les gardes et nous, comme des ennemis.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 4/6/2009 - 20:19
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Canzone léviane – Nuit de Décembre – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 21
Nuit de Décembre est la vingt et unième chanson du Cycle du Cahier ligné.
Une autre face de la nuit du prisonnier, c'est la confrontation nocturne avec les gardiens, qui claquent les portes, tapent leurs clés ou leurs matraques sur les grilles ou les portes, réveillent les assoupis, et espionnent le dormeur. Quand ils ne se livrent pas à des fouilles surprises, des tabassages punitifs ou d'autres manœuvres d'intimidation, ainsi que le rapporte – notamment – Marco Camenisch qui passa de longues années dans les prisons italiennes avant de poursuivre son périple dans les prisons suisses.
Bien entendu, resituant l'aventure carcérale dans le contexte de la Guerre de Cent Mille Ans, il faut bien reconnaître que la frange des prisonniers politiques – car il y en a encore – notamment, Marco Camenisch, même blessés, même malades, est la catégorie de prisonniers qui subit les pires sévices. Les nervis soit sur ordres, soit motu proprio, soit pour continuer une tradition bien établie, sont d'une brutalité, qui parfois confine au sadisme.
Le prisonnier trouve alors dans le rêve, le songe, la fréquentation de la Sphinge, la visitation de la nonne, une façon de s'échapper un peu de ce monde d'affrontements où il est à la merci constante de l'ennemi.
Marco Valdo M.I., dit Lucien l'âne, dis-moi encore un peu de la nonne, tu sais bien celle que racontait Victor Hugo et que chante Georges Brassens.
En voici, dit Marco Valdo M.I., un couplet qui ne fut pas dans la chanson de Tonton Georges et qui me paraît rappeler notre histoire et le songe de notre prisonnier – l'érotisme et l'amour sont sacrés à eux que l'enfer carcéral affame de tendresse; alors, même en songe, on se retrouve, on se rejoint et les murs n'y peuvent rien.
Donc, voici la rencontre nocturne des deux amants perdus, que Victor Hugo et Saint Ildefonse racontaient vers 1828; écoute :
« Une nonne, avec une lampe,
Sort d’une cellule à minuit ;
Le long des murs le spectre rampe,
Un autre fantôme le suit ;
Des chaînes sur leurs pieds s’amassent,
De lourds carcans sont leurs colliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers ! »
Cependant, ce n'est qu'un répit de l'imagination et la pression est telle que la rage lui monte aux yeux...
Ora e sempre : Resistenza !
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.