Il fannullone
Fabrizio De AndréLa versione inglese di Dennis Criteser [2014] | |
LE FAINÉANT Sans prétendre vouloir faire du zèle je dors quatorze heures, le jour Aussi, pour ça, dans mes alentours Je jouis de la réputation de fainéant. Mais que les bonnes gens ne s'indignent pas si dans la vie, je n'arrive pas à faire quoi que ce soit. Tu vagues par les rues presque toute la nuit En rêvant de mille fables de gloire et de vengeances Tu racontes tes histoires à de rares hommes fatigués qui rient en te fixant de leurs blancs regards vides. Tu récites un rôle fastidieux aux gens en faisant de la vie une comédie divertissante. J'ai aussi essayé de travailler je me suis donné, sans m'épargner mais le seul résultat de l'expérience fut de ma faim, une tragique croissance. Que les bonnes gens ne s'indignent pas si je ne me fais pas à porter leurs chaînes. Ils te donnèrent du travail dans un grand restaurant à laver les restes des gens élégants Mais tu dis : le ciel est mon unique fortune et l'eau des plats ne reflète pas la lune. Tu retournas chanter des histoires le long des rues, de nuit provoquant la bonne humeur de tes chaussures cassées. Je ne suis pas ce chien méchant sans morale, déguenillé, errant qui se contente d'un os creux Jeté avec un mépris affectueux. Le cœur du fainéant sait battre, Le chien errant a trouvé son amour. Tu pensas au mariage comme à un tour de danse. Tu aimas ta femme comme un jour de vacances. Tu as pris ta maison comme refuge à ta fatigue, pour une patère où pendre ta veste. Et ta douce épouse consola sa tristesse cherchant parmi les gens celui qui lui offrît la tendresse Elle s'en est allée sans faire de bruit Peut-être en chantant une histoire d'amour Elle la racontait à un monde déjà lassé qui cheminait distrait à son côté. Elle reviendra une nuit d'été les étoiles l'applaudiront enchantées. Du haut, les lampions éclaireront l'étrange danse de deux fainéants La lune aura la couleur de l'argent au-dessus de l'échine des chats en amour. | THE SLOUCH With no pretense of wanting to overdo it, I sleep fourteen hours a day. Also for this reason, in my district I enjoy the reputation of a slouch. But don't scorn the good people if I don’t manage to do anything in life. You roam the streets almost all night long, dreaming a thousand tales of glory and revenge. You recount your stories to a few men now tired, who laugh, fixing you with blank, empty stares. You play an annoying role for people, making of life an amusing comedy. I even tried to work, with all my might I tried hard, but the only result of the experiment was a tragic increase in hunger. Respectable people aren’t offended if I’m not well-suited for carrying the chains. They gave you work in a big restaurant washing the scraps of the elegant people. But you said, "The sky is my only good fortune and dishwater doesn't reflect the moon." You returned to sing stories along nighttime streets, defying the good humor of your worn-out shoes. I'm not, then, that malicious cur without morals, tramp and vagabond who contents himself with a pierced bone discarded with affectionate scorn. For the slouch, the heart knows how to beat, the stray dog has found its love. You thought of marriage as a turn at a dance, you loved your woman like a day on vacation. You took your house as a refuge for your sluggishness, as a rack on which to hang your jacket, and your sweet spouse consoled her sadness searching among people for anyone that might offer her tenderness. She went away without making a sound, perhaps singing a story of love. She recounted it for a world tired by then, one that walked inattentive at her side. She'll return on a summer night, they will applaud her, the enchanted stars. From up high the streetlamps will illuminate the strange dance of two slouches. The moon will be silver in color over the backs of the cats in love. |