Deutschland
Bertolt BrechtVersion française – ALLEMAGNE – Marco Valdo M.I. – 2015 | |
1 - PRÉLUDE Oh Allemagne, mère blafarde, comme tu es souillée du sang des meilleurs de tes fils ! 11 - ÉPILOGUE Regardez nos fils, engourdis et souillés de sang, libérés ici d’un tank glacé : Même le loup qui montre les dents a besoin d’un refuge. Réchauffez-les, ils ont froids. Ils ont froid. Regardez nos fils. | ALLEMAGNE D'autres peuvent parler de leur déshonneur, Je parle du mien. Ô Allemagne, blême mère ! Comme tu es assise toute sale Parmi les peuples. Parmi les taches Tu t'étales. De tes fils le plus pauvre Gît crevé. Comme sa faim était grande Tes autres fils ont levé La main sur lui. Ça fit du bruit. Avec leurs mains si haut levées Levées sur leur frère Avec insolence, ils tournent autour de toi Et te rient au visage. Cela se voit. Dans ta maison, On hurle haut le mensonge. Mais la vérité, non ! On doit la taire. Est-ce bien ainsi ? Pourquoi les oppresseurs t'apprécient Quand les opprimés t'accusent ? Les exploités Te montrent du doigt, et Les exploiteurs louent le système Instauré dans ta maison-même ! Et avec ça, tous te voient Cacher le pan de ta jupe Ensanglanté du sang De ton meilleur enfant. Entendant les discours qui sortent de ta maison, on rit. Mais celui qui te voit du couteau se saisit Comme à la vue d'un prédateur ennemi. Ô Allemagne, blême mère ! Comme tes fils t'arrangent Te voila assise parmi les peuples Une dérision ou une panique ! |