O Fallada, da du hangest (Ein Pferd klagt an)
Ernst BuschTraduction française (quasi-littérale) de Notwen. | |
OH FALLADA... LE CHEVAL PENDU Je tirais ma charrette sur le mauvais pavé Le long de la Frankfurter Allée Je pensais : Oh là ! Comme je suis fatigué Peut-être vais-je tomber dans l'éternité Si je me laissais aller pour un moment En deux minutes, il ne resterait que mes ossements. Et à peine tombé-je épuisé Le patron se précipite sur le premier téléphone venu. Des gens affamés avec leurs couteaux me sautent dessus Pour se disputer ma viande. Ces acharnés N'attendent même pas que je finisse de crever. C'étaient des gens que je connaissais autrement Les mêmes qui me donnaient du pain, avant Et me mettaient des sacs sur les reins Pour me protéger des taons. Hier si humains, aujourd'hui si inhumains. S'étaient si soudain transformés en bêtes. Comment ? En mourant, je pensais : quelle gelée a pu les glacer Au point de les rendre sans pitié ? Qui les a ainsi fouettés ? Et qui continue encore à les torturer ? Si vous ne pouvez les aider Une horreur arrivera à laquelle vous ne pourrez échapper. | Malgré mon épuisement, je tirais ma charrette Jusqu'à l'avenue de Francfort. Là je me dis : Houla ! Quelle fatigue ! Si je me laisse aller Il pourrait bien m'arriver que je m'effondre sur place. Dix minutes plus tard, il ne restait que mes os au milieu de la rue. A peine m'étais-je effondré au sol (Le cocher était parti téléphoner) Que des gens affamés surgirent des maisons En quête d'un morceau de viande. Avec leurs couteaux, ils m'extirpèrent la chair des os, Et moi j'étais encore vivant. Mais je les connaissais déjà, les humains. Ils m'apportaient des sacs pour me protéger des mouches M'offraient du pain sec, et incitaient mon cocher à se montrer doux envers moi. Jadis si gentils, et aujourd'hui si sauvages ! Ah, que leur était-il donc arrivé ? Alors je me demandai : Quelle douche froide les a donc frappés ? Qui les maltraite, pour qu'ils en soient tellement affectés ? Alors aidez les donc ! Et vite ! Sinon il vous arrivera quelque chose, que vous ne tenez pas pour possible. |