Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
Comme sur l'eau calme
Glissent des rames...
Avec une indifférence absolue,
Le cheminement bizarre
D’une balle tue
Soudain le czar.
Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
La gâchette pressée,
La balle d'un revolver
Légère s'envole vers
Un czar à tuer
Et même si le czar sans mot dire
Reste immobile, il ne doit rien craindre.
Malgré la justesse du tir,
Le projectile ne peut pas l'atteindre.
La balle vole vers le czar
Un objet s’interpose,
Par hasard,
Une chose grise et rose.
Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
Un oiseau passe
Et par un tour de passe-passe
Transforme la chasse au czar
En chasse au canard
Ou à un perroquet.
Bizarrement muet.
Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
L'oiseau royal papal et gai.
Vole au-dessus des manguiers.
Il passe de son vol rasant
Paisible et inconscient.
Entre un corps de czar
Et une balle anticzar.
Mais le perroquet bouclier
volait parmi les verts manguiers
Du sublime jardin d'apparat
Du merveilleux palais du rajah
Et il n'a pas pu s'interposer
Entre le czar et l'acier.
Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
Ce n'est pas un hasard
Dit le perroquet hagard
Le czar aurait été sauvé
S'il avait eu l’intelligence d’aller,
Ce jour-là, en promenade encore
Parmi les manguiers de Bangalore.
Advient ou n’advient pas
Comme sur l'eau calme
Glissent des rames...
Avec une indifférence absolue,
Le cheminement bizarre
D’une balle tue
Soudain le czar.
Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
La gâchette pressée,
La balle d'un revolver
Légère s'envole vers
Un czar à tuer
Et même si le czar sans mot dire
Reste immobile, il ne doit rien craindre.
Malgré la justesse du tir,
Le projectile ne peut pas l'atteindre.
La balle vole vers le czar
Un objet s’interpose,
Par hasard,
Une chose grise et rose.
Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
Un oiseau passe
Et par un tour de passe-passe
Transforme la chasse au czar
En chasse au canard
Ou à un perroquet.
Bizarrement muet.
Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
L'oiseau royal papal et gai.
Vole au-dessus des manguiers.
Il passe de son vol rasant
Paisible et inconscient.
Entre un corps de czar
Et une balle anticzar.
Mais le perroquet bouclier
volait parmi les verts manguiers
Du sublime jardin d'apparat
Du merveilleux palais du rajah
Et il n'a pas pu s'interposer
Entre le czar et l'acier.
Ce qui doit
Advient ou n’advient pas
Ce n'est pas un hasard
Dit le perroquet hagard
Le czar aurait été sauvé
S'il avait eu l’intelligence d’aller,
Ce jour-là, en promenade encore
Parmi les manguiers de Bangalore.
inviata da Marco Valdo M.I. - 14/5/2009 - 19:03
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Canzone léviane – Les manguiers de Bangalore – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 13.
Les manguiers de Bangalore est la treizième canzone du cycle du Cahier ligné.
On raconte que les anarchistes et les socialistes révolutionnaires russes avaient l'habitude de tuer les czars et qu'ils ont ainsi, comme l'on dit, défrayé la chronique de ces temps anciens. Il est dit aussi qu'ils le faisaient ni par haine, ni par intérêt... Ils le faisaient pour redresser une immense injustice sociale. Leur geste fatal n'aurait sans doute pas eu de nécessité et dès lors, n'aurait pas été accompli, s'il n'y avait eu cette chape de plomb qui pesait sur la Russie, s'il n'y avait eu ce monde de richesses d'une minorité posé sur la misère du plus grand nombre.
L'arithmétique a donné raison à ces anarchistes et ces socialistes au grand cœur; elle leur a donné raison de vouloir rééquilibrer les comptes, même avec pondération.
Somme toute, ils n'ont pas tué tant de czars que ça.
De toute façon, dans les comptes de la Guerre de Cent Mille Ans, il y a bien plus pauvres qui se font massacrer que de riches. On dira même, selon la logique du plus fort, en proportion exacte de l'iniquité que la société des riches fait subir aux pauvres.
La chasse au czar, ici illustrée, un peu comme la chasse au lion de Tartarin, vue par le Douanier Rousseau, n'atteint pas son objectif. On peut le regretter, certes, mais la chose est ainsi. Le perroquet-bouclier n'a pu sauver le czar-cible.
Le volatile incongru voulait se glisser entre l'acier de la balle et la chair du czar. Voilà les bonnes âmes rassurées par la vertu d'un perroquet.
Mais la chose n'est pas aussi assurée, car le perroquet lui-même prophétise la mort du czar, car dit-il, le czar était – malheur pour lui – resté en Russie et avait préféré – quelle erreur ! - continuer à régner et à terroriser le petit peuple (il ne le faisait pas tout seul certes, mais rudement) au lieu d'aller – joyeux humain – promener loin, très loin...
« Ce qui doit /Advient ou n’advient pas » :
cette énigmatique sentence s'applique aux czars et à leurs funestes destins tout autant qu'à bien des puissants de ce monde : ceux qui se croient indispensables et omnipotents; ceux qui affichent urbi et orbi leur arrogance, leur suffisance et leurs insuffisances.
Et nul ne sait celui qui devra se dire demain en entendant les trompettes éternelles : j'aurais dû aller me promener dans les manguiers de Bangalore... Le perroquet m'aurait protégé.
Qui donc disait du mal de cet animal, de cet oiseau papal et gai (pape gai? papegai ? Pape gay ?)?
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.