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Orgosolo, core meu

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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Chanson française – Orgosolo, core meu – Marco Valdo M.I. – 2009

orgosolo


J'avais traduit l'autre jour Pratobello, une chanson qui raconte la lutte contre la tentative d'annexion militaire des pacages et des paysages d'Orgosolo, au cœur de la Barbagia. La bataille qui s'ensuivit fut gagnée par des moyens pacifiques par les populations civiles. L'armée s'en retourna la queue entre les jambes. Dans le commentaire que j'avais fait à cette traduction, j'avais évoqué un très beau texte de Carlo Levi et en quelque sorte promis d'en tirer une « canzone leviane ».
C'est ce qui est fait ici. Ce ne fut pas une mince affaire que de faire d'un superbe texte de près de 40.000 signes, cette petite canzone. Je m'étais avancé à la légère et bien entendu, mal m'en a pris.
Cependant, il me faut donner quelques indications plus précises. Comme je l'ai signalé antérieurement, j'avais traduit l'intégralité de certains livres de Carlo Levi et pour cette fois, « Tutto il Miele è Finito », qui raconte deux voyages de Carlo Levi en Sardaigne. Le deuxième nous intéresse plus spécialement, car l'épisode d'occupation d'Orgosolo auquel assiste Carlo Levi se déroule vers 1960, soit environ dix ans avant la lutte de Pratobello. Il est intéressant de voir comment la Barbagia – et spécialement, Orgosolo – étaient déjà militairement traitées; c'est-à-dire avec une certaine rigueur, pour ne pas dire brutalité.

Il est fait allusion à la « disamistade » (dont Fabrizio De André avait une chanson). De quoi s'agit-il ? Tout simplement, d'une longue « inimitié » , (les Corses parleraient peut-être de vendetta) entre deux clans qui déchira Orgosolo pendant des années au début du siècle dernier et qui fit pas mal de morts. Les montagnards sardes ne sont pas des gens aussi tranquilles qu'on eût pu le supposer.
Il est une phrase que je n'ai pas reprise dans la canzone, mais qui me paraît donner une clé de compréhension de l'échec militaire et plus au-delà, de l'échec programmé de toute tentative d'intrusion « étrangère » ou « coloniale ». Cette phrase dit : tout « élément étranger et négatif qui ne peut, même en vue du bien, qu'exacerber le mal. Toute intervention de l'extérieur est forcément dommageable ».
Quant à la canzone, elle est construite en reprenant un « attitu » funèbre, (Core Meu, frate meu – Mon cœur, mon frère) à la fin de chaque couplet, qui donne lui donne le cœur de son titre.
Foin de commentaires, passons à la chanson.

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
La route monte en serpentant
Un petit pont, un défilé, le vent
Orgosolo, posée à mi-côte,
Du mont de roches blanches
Énorme squelette au soleil séché.
Sopramonte des bergers
Orgosolo, capitale des « bandits sardes »,
Isolée sur son aire montagnarde.
Une armée de conquête, un État étranger,
Expédition coloniale, occupation militaire.
Dans les rues, des véhicules de guerre
Des patrouilles de carabiniers
Une peur sourde sature l'air.
Core meu, frate meu.
Fracas du vent : core meu.
Simple douleur : core meu, frate meu.
Tragédie : core meu.
Gestes du fond des âges : core meu, frate meu.

Un temps révolu et un temps présent,
La disamistade finie depuis cent ans,
Le vent glacé siffle entre ses dents.
Les rues sont désolées.
Entre les flaques d’eau gelée,
Le pied cherche un appui dans la boue glacée
Les gens montent face au ciel d’ardoise :
Des hommes, des femmes, des enfants
Arbres pliés par le vent.
Le mort est couché presque à terre,
Les femmes l'enferment dans leur chant
La terre est blanche, d'une grande douceur
Le fossoyeur a l’air d’un exécuteur
Core meu, frate meu.
Fracas du vent : core meu.
Simple douleur : core meu, frate meu.
Tragédie : core meu.
Gestes du fond des âges : core meu, frate meu.

La nuit tombait sur Orgosolo occupée.
L’agneau apparaît, il est prêt,
Avec sa petite tête désolée.
Il regarde le feu
Qui parle aux hommes silencieux
Tout d’un coup, des tirs répétés.
Le ciel s'allume pour fouiller la nuit.
À la lumière des fusées.
Guerre dans une colonie assiégée.
Un bourdonnement descend du ciel,
Hélicoptère espionnant les ruelles
Violente et grosse, la grêle, blanchit les rues,
Core meu, frate meu.
Fracas du vent : core meu.
Simple douleur : core meu, frate meu.
Tragédie : core meu.
Gestes du fond des âges : core meu, frate meu.

Un vieux berger barbu, un petit tracteur
Une fillette qui porte un chevreau,
Des femmes en habit de nonnes,
Le rémouleur avec sa meule,
Les carabiniers avec leur mitraillette,
Un prêtre, des ouvriers, des maçons,
Des jeunes en velours marron,
L’hélicoptère, un vieux berger,
Battista Corraine, survivant le dernier
À la disamistade des Cossu et des Corraine,
Assis comme une majesté ancienne,
Un monument du temps,
Une pierre avec des yeux vivants.
Le vent glacé annonce le printemps.
Core meu, frate meu.
Fracas du vent : core meu.
Simple douleur : core meu, frate meu.
Tragédie : core meu.
Gestes du fond des âges : core meu, frate meu.

inviata da Marco Valdo M.I. - 15/3/2009 - 23:30




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