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Promenade sur la Lagerstrasse

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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[2009]
Paroles et musique par Marco Valdo M.I.

Promenade sur la Lagerstrasse est la dix-neuvième étape d'un cycle de chansons, intitulé Dachau Express, qui raconte l'histoire d'un jeune Italien qui déserta pour ne pas servir le fascisme; réfugié en France, il fut rendu par les pétainistes aux sbires du régime, emprisonné. Les étapes ultérieures de ce tour d'Italie un peu particulier se prolongent en Allemagne et racontent la suite de l'aventure qui se terminera à Dachau.
Comme on le découvrira ici, ces canzones racontent l'histoire d'un homme, aujourd'hui âgé de 88 ans, mais encore plein de vie, qui habite quelque part loin de l'Italie dans le Limbourg près de la frontière hollandaise, en pays flamand. Il s'appelle encore et toujours Joseph Porcu (en Italie, Giuseppe), il est né en Sardaigne et connut une vie passablement agitée. Il connaît et suit avec attention ce Giro d'Italia, ce cycle de chansons et il espère que la mémoire qu'il transmet ainsi pourra permettre de mieux résister à tout retour de la bête immonde (encore qu'actuellement en Italie...) et inciter les gens à tout faire pour créer enfin ce monde de justice (sociale) et de liberté pour lequel sont morts tant de résistants.
Ora e sempre : Resistenza !

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

L'hiver en Bavière est très rude. Plus encore évidemment dans cette plaine marécageuse où les nazis avaient installé le camp de travail de Dachau. Camp de travail, en effet, avec sa belle devise : « Arbeit macht Frei », en grand, à l'entrée, au dessus du portail. Plus rude encore pour les prisonniers qui étaient entassés dans des baraquements, devaient se laver à l'extérieur, n'avaient qu'un léger vêtement et des pieds nus dans des sabots, des engelures, des blessures et très peu à manger. En plus de ces conditions d'hygiène et d'alimentation précaires qui en achèveraient plus d'un dans des conditions normales, il faut ajouter que les conditions de travail – pour ceux qui travaillaient à l'extérieur : travaux agricoles, chantiers divers – ne tenaient absolument aucun compte des conditions climatiques. Les hommes étaient un matériel périssable, jetable à volonté. Il en venait toujours de nouveaux, par trains entiers. En plus, et de toute façon, ils étaient recyclés... en engrais si utiles pour la fertilisation des cultures. On a peine à croire pareille démence à l'échelle d'un pays, d'un peuple, d'un continent, d'une civilisation... On a tellement peine à croire que ce fut possible qu'on tente d'en effacer la mémoire, qu'on tente de se distraire, de généraliser, de banaliser et dès lors, d'éviter d'en parler, de passer vite, vite sur les détails. Mais voilà, ces détails ne se laissent pas oublier, ces détails – du moins ceux qui ont survécus, entendent bien laisser des traces indélébiles dans la mémoire des hommes. Oh, ce n'est pas là vengeance – d'abord, les nazis et leurs collègues fascistes ne méritent même pas qu'on s'abaisse à se venger d'eux; ils n'en valent pas la peine. Par contre, ces traces-là servent à mettre en garde contre la pourriture du monde, contre tout retour (mais voyons, nous y sommes...je sais, je sais, dit Marco Valdo M.I, c'est bien pour ça que j'écris.) de cette peste brune, noire ou de toute autre couleur sous laquelle elle se présentera : le vert ou le blanc, par exemple; ce sont des couleurs très seyantes. Le dragon se révèle être une sorte de caméléon.
Alors, pour empêcher l'oubli et la poussière, voici quelques détails sur le séjour hivernal dans la plaine bavaroise et sur la fabrication d'engrais azotés à partir de corps humains.

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.



Trois jours de cellule debout
J'étais vivant. En somme, rescapé
J'avais eu de la chance, malgré tout
J'avais gardé mon poste à l'atelier.
Les prisonniers français savaient
Mon année à la Légion et la résistance
Alors, le réseau m'aidait
Colis Croix-Rouge de France.
Dehors, Victor m'apportait un biscuit
Les kapos en étaient déjà aux cris
Schnell, Schnell, des Schnells partout
Pas cadencés, les SS et leurs toutous.
Promenade sur la Lagerstrasse
Nouvelle baraque, la 24, nouveau quartier
Promenade sur la Lagerstrasse
Parler, discuter, respirer, rêver.

Nouveau logement, nouveau paysage
La cheminée de briques sombres
Jour et nuit crachait de puants nuages
D'une fumée à l'odeur d'ombres
Se faire une raison, ne pas y penser
La vie n'était plus une vie
Hors du sens, il fallait s'adapter
Attendre la fin de cette folie infinie.
Le chariot des cadavres passait
Tiré par une dizaine de déportés
Four crématoire, engrais
Jusqu'aux cendres exploités
Promenade sur la Lagerstrasse
Nouvelle baraque, la 24, nouveau quartier
Promenade sur la Lagerstrasse
Parler, discuter, respirer, rêver.

Douze semaines à peine étaient passées.
Dans son climat continental
La Bavière n'est pas la Méditerranée.
Froid ou chaud rendaient ce monde infernal..
Le temps s'écoulait désespéré.
La mort à Dachau est facile à comprendre.
Le froid nous regardait de son œil tendre
Nous étions en décembre, la bise mordait.
Pire que dans les montagnes voisines, le gel
À l'extérieur de nos baraques, en cet hiver
Sculptait de gros stalactites couleur sel
Qui pendaient du toit jusqu'à terre.
Promenade sur la Lagerstrasse
Nouvelle baraque, la 24, nouveau quartier
Promenade sur la Lagerstrasse
Parler, discuter, respirer, rêver.

inviata da Marco Valdo M.I. - 11/3/2009 - 22:24




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