Lingua   

Les trois Rosiers

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese




Oh, salut mes camarades, dit le soldat,
Ici, on dit camarade chez les militaires.
Nous, on meurt par milliers là-bas à faire
Chez eux, cette guerre qui n’en est pas.
Et sur tous les tons, sur tous les écrans,
Sur toutes les scènes, sur tous les divans,
Seul avec lui-même, le Guide débat,
Mais jamais, il ne vient au combat.
Pour faire distingué, pour faire sérieux,
Il met un uniforme, il met un nouveau costume,
Il peigne sa raie, il rabat ses cheveux.
Et nos morts, il congratule. C’est la coutume.

Ohé, les amis, dit l’ouvrier.
Moi, cette guerre, elle ne me plaît pas.
J’y ai laissé tantôt mes trois gars.
Leur mère a planté trois rosiers ;
Elle arrose de ses larmes nos enfants.
Pourtant, à faire au loin la guerre d’avant,
J’avais déjà perdu trop d’ans.
À la fin, on a foutu le camp.
Maintenant, il faudrait remettre ça :
Laisser tout là et rentrer chez soi.
On pourrait revivre tranquillement
Et enfin travailler au bien des gens.

Le trouvère dit : Bientôt, on sera pourvu
De la plus grande roseraie du monde
Et les filles y danseront la ronde
Macabre de leurs hommes perdus.
Que sont nos amours devenus,
Si près tenus et tant aimés ?
Le Guide là-bas nous les a volés.
Faire des enfants, on ne peut plus.
Le Guide a beau les réclamer
Par cinq, par dix pour regarnir
La Zinovie martyrisée de tant subir.
De ces soins attentionnés, elle se relèvera
Quand le Guide, mort ou vif, s’en ira.

Grand-Mère dit : Les filles de Perse
Hésitent elles aussi à faire des petits,
Filles ou garçons, au destin maudit
Que de pervers sorciers bercent
Et entraînent vers un paradis
Aux sombres jardins artificieux.
Nos enfants, comme nos cheveux,
Aiment l’air et la lumière,
En filles et fils de leurs mères,
Pas encore conçus, pas encore nés,
Seront prêts à la plus libre liberté,
Pas au ciel, pardi, mais sur terre.



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