Écoutez Grand-Mère, dit le soldat.
En voilà un qui revient de là-bas.
Ah, dit la vieille, dans quel état ?
Personne ici jamais ne le saura.
Moi, je le sais, j’y étais.
C’était l’été, les mouches volaient.
On marchait dans la plaine :
Lui devant, moi, vingt pas derrière.
Dispersant bras et jambes sans gêne,
D’un coup, il a valsé en l’air.
On a ramassé ce qu’on a pu.
Scellé dans sa boîte, il est revenu.
Lui, Grand-Mère, il était étudiant.
Un gars sérieux, intelligent
Un bourreau d’études, un exigeant ;
L’unique fierté de ses parents.
Toujours prêt aussi à faire la fête.
Grand-Mère, un feu d’artifice
Comme une comète, a emporté la tête
Et tout l’avenir de ce bon fils.
L’autre, un musculeux, un massif,
Un magnifique animal de sport,
Le même astéroïde explosif
A éparpillé son superbe corps.
Ah si on vous a dit :
« Là-bas attend la victoire
Et chantent les vivats de la gloire. »,
M’est avis qu’on vous a menti.
Pourtant, réfléchit le soldat,
C’était bien parti
Et le salaire était joli
Et versé recta chaque mois.
Et le retour au pays garanti
Et entièrement gratuit.
Pour ça, soldat, mon petit,
On ne vous a pas menti.
Grand-Mère, il n’y avait que des ennemis.
Où étaient passés tous ces amis promis ?
Ce serait une belle promenade
Avec des airs de ballade.
On rirait, on siffloterait.
Le soir, les filles nous attendraient.
Ensuite, ensemble, on irait à la plage
Avec le soleil et la mer pour paysage.
Ce devait être un beau voyage.
Grand-Mère dit : bonne idée à votre âge.
On ne nous avait pas dit la suite
Notre peur, notre terreur, notre fuite.
En voilà un qui revient de là-bas.
Ah, dit la vieille, dans quel état ?
Personne ici jamais ne le saura.
Moi, je le sais, j’y étais.
C’était l’été, les mouches volaient.
On marchait dans la plaine :
Lui devant, moi, vingt pas derrière.
Dispersant bras et jambes sans gêne,
D’un coup, il a valsé en l’air.
On a ramassé ce qu’on a pu.
Scellé dans sa boîte, il est revenu.
Lui, Grand-Mère, il était étudiant.
Un gars sérieux, intelligent
Un bourreau d’études, un exigeant ;
L’unique fierté de ses parents.
Toujours prêt aussi à faire la fête.
Grand-Mère, un feu d’artifice
Comme une comète, a emporté la tête
Et tout l’avenir de ce bon fils.
L’autre, un musculeux, un massif,
Un magnifique animal de sport,
Le même astéroïde explosif
A éparpillé son superbe corps.
Ah si on vous a dit :
« Là-bas attend la victoire
Et chantent les vivats de la gloire. »,
M’est avis qu’on vous a menti.
Pourtant, réfléchit le soldat,
C’était bien parti
Et le salaire était joli
Et versé recta chaque mois.
Et le retour au pays garanti
Et entièrement gratuit.
Pour ça, soldat, mon petit,
On ne vous a pas menti.
Grand-Mère, il n’y avait que des ennemis.
Où étaient passés tous ces amis promis ?
Ce serait une belle promenade
Avec des airs de ballade.
On rirait, on siffloterait.
Le soir, les filles nous attendraient.
Ensuite, ensemble, on irait à la plage
Avec le soleil et la mer pour paysage.
Ce devait être un beau voyage.
Grand-Mère dit : bonne idée à votre âge.
On ne nous avait pas dit la suite
Notre peur, notre terreur, notre fuite.
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