Moi, Zinovien, un Zinovien de Zinovie ;
Je suis triste et malade de cette vie.
En Zinovie, le peuple est toujours en manque,
En état de furie, d’agressivité, de panique,
Il envie l’autre, il craint d’être lésé,
Il se sent dépassé, à la traîne de l’humanité.
Nanti du folklore d’une grandeur illusoire :
Étrange nation, curieux destin.
Poupées gigognes, balalaïkas et samovars,
Haine de soi, jalousie du voisin,
Colère, pogroms, trahison.
Le peuple zinovien est moribond.
Au cœur du cœur de la Zinovie,
Se tient debout sur une stèle fleurie,
La statue du grand Commandeur,
Le monument au grandiose inspirateur,
Guide de tous les Guides et du monde nouveau,
Il porte haut sa barbe ; fier, il porte beau.
Et vont et viennent les pigeons
Se poser dur l’auguste front,
Et font, et font, ce que font les pigeons
Victimes d’un ennui profond.
Les gardiens n’y font rien :
Toujours, le pigeon revient.
Sauf circonstance exceptionnelle,
En Zinovie, la routine habituelle
Ennuyeuse, morose et terne,
Est une vie mise en berne.
Chaque jour a sa pleine dose
De monotonie et de banales choses.
Les gens vont au travail à contrecœur,
Les gens vont ailleurs chercher leur bonheur.
Galia avait une amie dissidente,
On la somma de rompre cette relation.
Elle refusa ; ce fut la punition.
On la dit folle, on chassa la récalcitrante.
La Zinovie est solide, stratifiée,
Un lamellé-collé de classes sociales
Stables, héréditaires, pétrifiées
Malgré les promesses spéciales,
Les enfants d’ouvriers seront ouvriers,
Les enfants de paysans seront paysans.
De père en fils, paysans ;
De père en fils, ouvriers :
C’est la loi d’airain éternelle.
Travailler à la production matérielle.
En Zinovie, avec un instinct naturel,
Certaines gens refusent le travail manuel.
Je suis triste et malade de cette vie.
En Zinovie, le peuple est toujours en manque,
En état de furie, d’agressivité, de panique,
Il envie l’autre, il craint d’être lésé,
Il se sent dépassé, à la traîne de l’humanité.
Nanti du folklore d’une grandeur illusoire :
Étrange nation, curieux destin.
Poupées gigognes, balalaïkas et samovars,
Haine de soi, jalousie du voisin,
Colère, pogroms, trahison.
Le peuple zinovien est moribond.
Au cœur du cœur de la Zinovie,
Se tient debout sur une stèle fleurie,
La statue du grand Commandeur,
Le monument au grandiose inspirateur,
Guide de tous les Guides et du monde nouveau,
Il porte haut sa barbe ; fier, il porte beau.
Et vont et viennent les pigeons
Se poser dur l’auguste front,
Et font, et font, ce que font les pigeons
Victimes d’un ennui profond.
Les gardiens n’y font rien :
Toujours, le pigeon revient.
Sauf circonstance exceptionnelle,
En Zinovie, la routine habituelle
Ennuyeuse, morose et terne,
Est une vie mise en berne.
Chaque jour a sa pleine dose
De monotonie et de banales choses.
Les gens vont au travail à contrecœur,
Les gens vont ailleurs chercher leur bonheur.
Galia avait une amie dissidente,
On la somma de rompre cette relation.
Elle refusa ; ce fut la punition.
On la dit folle, on chassa la récalcitrante.
La Zinovie est solide, stratifiée,
Un lamellé-collé de classes sociales
Stables, héréditaires, pétrifiées
Malgré les promesses spéciales,
Les enfants d’ouvriers seront ouvriers,
Les enfants de paysans seront paysans.
De père en fils, paysans ;
De père en fils, ouvriers :
C’est la loi d’airain éternelle.
Travailler à la production matérielle.
En Zinovie, avec un instinct naturel,
Certaines gens refusent le travail manuel.
inviata da Marco Valdo M.I. - 18/7/2022 - 18:02
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Chanson française — Les Pigeons — Marco Valdo M.I. — 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ;
Épisode 55
Une histoire de pigeons, demande Lucien l’âne, voilà qui est bizarre. Que viennent faire les pigeons dans ce voyage ?
Oh, Lucien l’âne mon ami, ce que viennent faire les pigeons dans n’importe quel voyage, dans n’importe quelle ville. Les pigeons volent.
D’accord, répond Lucien l’âne, pigeon vole, les éperviers et les faucons aussi. Mais encore ?
Oui, je vois, dit Marco Valdo M.I., ce qui explique leur place ici, c’est qu’ils jouent un rôle historique ; un rôle qu’ils doivent jouer partout où il y a des monuments et des statues : ils enseignent la modestie aux grands statufiés de ce monde.
De ça, rétorque Lucien l’âne, on ne peut que les féliciter, mais enfin, je suppose que la chanson ne se limite pas à exalter les exploits cloacaux des pigeons. Alors, de quoi s’inquiète-t-elle ?
Comme on peut s’y attendre, reprend Marco Valdo M.I., elle fait écho à des opinions, des considérations sur la Zinovie et ce qui s’y passe. Cette fois, il y a un Zinovien qui s’exprime en direct, de vive voix, à la première personne.
Qui c’est ?, demande Lucien l’âne.
On en le sait pas, continue Marco Valdo M.I. ; c’est une voix anonyme et à entendre ce qu’elle raconte, il vaut mieux pour elle de le rester. Donc, un Zinovien se plaint de l’état de son pays et de la vie qu’on y vit.
Je suis triste et malade de cette vie. »
et donne un portrait assez réaliste et effrayant (parce que réaliste) du peuple zinovien.
Le peuple zinovien, demande Lucien l’âne, qu’est-ce donc ?
À vrai dire, répond Marco Valdo M.I., ce n’est pas précisé. Comme toujours s’agissant du peuple, on découvre une entité vague, indéfinie, aux contours vagues. Mais enfin, on peut dire en ce cas « les gens », ce qui englobe aussi bien les dirigés que les dirigeants. Il correspond sans doute à cette description de la Zinovie que donne la chanson :
Un lamellé-collé de classes sociales
Stables, héréditaires, pétrifiées ».
Une description, soit dit en passant, qui contredit totalement les « promesses spéciales » faites et perpétuées par les Guides successifs et la constitution qui instaura la Zinovie et son régime. Je laisse la chanson te découvrir d’autres détails de la vie zinovienne.
Soit, dit Lucien l’âne, alors, tissons le linceul de ce vieux monde divers, changeant, guerroyant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane