En Zinovie, règne une atmosphère de puanteur,
La gargote est pleine de bruit,
Les conversations font un chœur,
Une fille parle de son petit ami,
Brutalement exilé de la capitale.
Avec la vodka, il devenait critique,
Une éruption volcanique orale.
Les voisins dénonçaient ses philippiques
La milice venait et verbalisait :
Quinze jours au trou, sans délai.
Nouvelle soirée arrosée mémorable
Et hop là, ils l’envoient au diable.
En Zinovie, qui affiche ses intentions
Est immédiatement anéanti,
Mis au trou sans discussion.
Tel est le sort des gens d’ici.
Il y a ailleurs dans le monde aussi
Des prisonniers politiques, des condamnations,
Des passages à tabac, des trous d’oubli,
Il ne faut pas prendre notre belle nation
Pour un État policier, ni pour un Paradis.
En Zinovie, dans l’intérêt supérieur du Pays,
Pour le bien commun de l’humanité,
L’homme aliène son individualité.
Les gens de Zinovie ne sont pas coupables ;
Le système seul est responsable.
Et le système, qui le maintient ?
Qui sont ses vrais soutiens ?
Tous des encartés, tous des confirmés ;
Le Parti Zinovie Unie, c’est une machine.
En rangs serrés, cette bande à Foutine,
Ce Parti soumis, encroûté, nécrosé,
À la gloire du Guide, marche au pas.
Les jeunes se bouchent le nez,
Les intellectuels sont écartés,
Les ouvriers non plus n’y tiennent pas,
La Zinovie est un État organisé.
Commander et subordonner, et même,
Contraindre, opprimer, réprimer
Sont les solides piliers du système.
En Zinovie, les gens tournent en dérision
Les vérités officielles de la société.
Ils sont partout, ils sont des millions.
Et par le seul fait d’exister,
Sans nostalgie du glorieux passé,
Même si on colle certains au mur,
Sans y penser, sans se presser,
Pas à pas, les gens font naître le futur.
La gargote est pleine de bruit,
Les conversations font un chœur,
Une fille parle de son petit ami,
Brutalement exilé de la capitale.
Avec la vodka, il devenait critique,
Une éruption volcanique orale.
Les voisins dénonçaient ses philippiques
La milice venait et verbalisait :
Quinze jours au trou, sans délai.
Nouvelle soirée arrosée mémorable
Et hop là, ils l’envoient au diable.
En Zinovie, qui affiche ses intentions
Est immédiatement anéanti,
Mis au trou sans discussion.
Tel est le sort des gens d’ici.
Il y a ailleurs dans le monde aussi
Des prisonniers politiques, des condamnations,
Des passages à tabac, des trous d’oubli,
Il ne faut pas prendre notre belle nation
Pour un État policier, ni pour un Paradis.
En Zinovie, dans l’intérêt supérieur du Pays,
Pour le bien commun de l’humanité,
L’homme aliène son individualité.
Les gens de Zinovie ne sont pas coupables ;
Le système seul est responsable.
Et le système, qui le maintient ?
Qui sont ses vrais soutiens ?
Tous des encartés, tous des confirmés ;
Le Parti Zinovie Unie, c’est une machine.
En rangs serrés, cette bande à Foutine,
Ce Parti soumis, encroûté, nécrosé,
À la gloire du Guide, marche au pas.
Les jeunes se bouchent le nez,
Les intellectuels sont écartés,
Les ouvriers non plus n’y tiennent pas,
La Zinovie est un État organisé.
Commander et subordonner, et même,
Contraindre, opprimer, réprimer
Sont les solides piliers du système.
En Zinovie, les gens tournent en dérision
Les vérités officielles de la société.
Ils sont partout, ils sont des millions.
Et par le seul fait d’exister,
Sans nostalgie du glorieux passé,
Même si on colle certains au mur,
Sans y penser, sans se presser,
Pas à pas, les gens font naître le futur.
inviata da Marco Valdo M.I. - 9/3/2022 - 18:47
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Chanson française – L’Atmosphère – Marco Valdo M.I. – 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
LA ZINOVIE
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ;
Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ;
Épisode 27
L’atmosphère, l’atmosphère ?, demande Lucien l’âne. Qu’est-ce qu’elle a cette atmosphère ? Qu’est-ce qu’elle vient faire dans la chanson ? Un clin d’œil à Jeanson, une œillade à Arletty ? Un vieux souvenir d’Hôtel du Nord, que cette « Atmosphère, atmosphère ! »
Pas du tout, dit Marco Valdo M.I., qui s’en souvient ? Quoique, quand même, un peu, finalement, puisque t’en parles. Peut-être même qu’elle a la voix et le bagout qu’il faut, cette fille qui raconte qu’on a envoyé son petit ami « au diable », c’est-à-dire dans un camp lointain, dans un trou d’oubli, comme on fait de millions d’autres en Zinovie.
Et pourquoi donc ?, demande Lucien l’âne.
Ce n’est pas qu’il en savait trop, dit Marco Valdo M.I., mais il en disait trop quand il avait trop bu. Il disait tout haut ce que presque tout le monde pensait tout bas. Et ses voisins lui offraient la vodka pour le pousser à ce crime.
En voilà, une idée, dit Lucien l’âne. Pour ils faisaient ça les voisins ?
En fait, répond Marco Valdo M.I., les voisins espéraient récupérer sa chambre dan l’appartement commun. Espoir déçu, d’ailleurs. On l’a attribuée à un garde qui arrivait d’une lointaine province pour travailler dans la capitale. En fait d’atmosphère, l’atmosphère est celle qui empuantit la Zinovie et celle d’une gargote malodorante où des voix racontent l’ambiance du pays, l’oppressante atmosphère qui tient mal à l’aise les habitants.
Alors, dit Lucien l’âne, je verrais fort bien la Zinovie réciter au Guide :
« C’est la première fois qu’on me traite d’atmosphère ! Si je suis une atmosphère, t’es un drôle de bled ! Les types qui sont du milieu sans en être et qui crânent à cause de ce qu’ils ont été, on devrait les vider ! Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? »
Soit, dit Marco Valdo M.I., j’admets qu’elle est très pertinente cette réplique ; elle vaut la peine d’y réfléchir. Maintenant, pour ce qui est de la chanson, elle décrit un pays où le Parti du Guide pèse de tout son poids sur le dos de la population.
Qui sont ses vrais soutiens ?
Tous des encartés, tous des confirmés ;
Le Parti Zinovie Unie, c’est une machine. »
À cette atmosphère, certains s’y font, certains s’y résignent, certains se révulsent, certains se révoltent, mais nombreux – même parmi les membres du Parti Zinovie Unie – sont ceux qui ne croient pas ce que raconte le Guide :
Les vérités officielles de la société.
Ils sont partout, ils sont des millions. »
Vu comme ça, dit Lucien l’âne, j’imagine dans quelle atmosphère doit se dérouler la vie des habitants. Ce doit être lourd, ce doit être pesant tous les jours. On comprend très bien que les vivent avec en tête un grand courant de dérision ; j’entends d’ici les blagues, les moqueries, les sous-entendus, les discours, les propos à double-sens.
Certainement, reprend Marco Valdo M.I., mais malgré ça, dans les interstices du quotidien, les gens vivent et comme l’eau finit par ronger le rocher, les bribes de la vie changent leur monde et malgré le Guide, son système et sa bande, ils se font, jour après jour, un futur.
Oui, dit Lucien l’âne, j’aime à penser que la vie est forte que l’ennui. Alors, nous aussi, sans nous presser, tissons le linceul de ce vieux monde étouffant, étouffé, oppressant, oppressé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane