Faire ou ne pas faire, telle est la question
Et la réponse a des airs d’équation.
Le soleil descend, la foule panique et fuit
Devant un groupe de chars ennemis.
Sur le chemin, une femme et son enfant
Se promènent tranquillement.
La foule fonce et sans même les voir
Piétine les promeneurs du soir.
Condamner la foule pour cet accident ?
Elle ne pouvait faire autrement.
Du reste, les chars ont écrasé sans retard
Les morts et la plupart des fuyards.
Hé les hommes, que faites, vous ?
Il y a une morale, malgré tout.
La femme était une employée compétente,
Une collaboratrice scientifique intelligente.
Parmi ses amis, un dissident.
De là, viennent tous ses tracas.
Pour prendre sa place, une autre fit fracas.
La dame aux agents du gouvernement.
À son travail pour s’en défaire,
L’autorité monta toute une affaire.
La femme avait de la personnalité,
Honnête et morale, elle refusa de dénoncer.
En Zinovie, la culture est populaire,
Elle obéit naturellement aux bons critères.
L’art est une affaire ténébreuse,
L’art libre est une pathologie dangereuse.
Pas question de laisser un génie
Inventer et créer en liberté.
Un art autonome est une insanie
Qu’il faut sérieusement limiter.
On séquestre œuvres et artistes ;
Pour assurer la sécurité artistique,
On interne les créateurs avant-gardistes
Dans des établissements psychiatriques.
En Zinovie, l’ivrognerie est une religion ;
On boit pour boire, c’est une vocation.
N’importe où, n’importe quand, n’importe quoi,
On biberonne, on s’imbibe, on tombe là.
En Zinovie, l’alcoolisme règne en général.
Pour le contrer, il y a le travail social.
Cette propagande a ses spécialistes,
Pas toujours ennemis de la bouteille.
En la matière, ce sont de vrais artistes ;
Ils tiennent le coup, une merveille.
Le zélateur nous a sermonnés encore,
Avant de s’effondrer ivre mort.
Et la réponse a des airs d’équation.
Le soleil descend, la foule panique et fuit
Devant un groupe de chars ennemis.
Sur le chemin, une femme et son enfant
Se promènent tranquillement.
La foule fonce et sans même les voir
Piétine les promeneurs du soir.
Condamner la foule pour cet accident ?
Elle ne pouvait faire autrement.
Du reste, les chars ont écrasé sans retard
Les morts et la plupart des fuyards.
Hé les hommes, que faites, vous ?
Il y a une morale, malgré tout.
La femme était une employée compétente,
Une collaboratrice scientifique intelligente.
Parmi ses amis, un dissident.
De là, viennent tous ses tracas.
Pour prendre sa place, une autre fit fracas.
La dame aux agents du gouvernement.
À son travail pour s’en défaire,
L’autorité monta toute une affaire.
La femme avait de la personnalité,
Honnête et morale, elle refusa de dénoncer.
En Zinovie, la culture est populaire,
Elle obéit naturellement aux bons critères.
L’art est une affaire ténébreuse,
L’art libre est une pathologie dangereuse.
Pas question de laisser un génie
Inventer et créer en liberté.
Un art autonome est une insanie
Qu’il faut sérieusement limiter.
On séquestre œuvres et artistes ;
Pour assurer la sécurité artistique,
On interne les créateurs avant-gardistes
Dans des établissements psychiatriques.
En Zinovie, l’ivrognerie est une religion ;
On boit pour boire, c’est une vocation.
N’importe où, n’importe quand, n’importe quoi,
On biberonne, on s’imbibe, on tombe là.
En Zinovie, l’alcoolisme règne en général.
Pour le contrer, il y a le travail social.
Cette propagande a ses spécialistes,
Pas toujours ennemis de la bouteille.
En la matière, ce sont de vrais artistes ;
Ils tiennent le coup, une merveille.
Le zélateur nous a sermonnés encore,
Avant de s’effondrer ivre mort.
inviata da Marco Valdo M.I. - 10/2/2022 - 19:42
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Chanson française – Faire ou ne pas faire – Marco Valdo M.I. – 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès
Épisode 22
Marc Chagall – 1912
Quel titre encore, dit Lucien l’âne, on dirait une référence, une allusion au Prince de Danemark et moi qui croyais qu’on était en voyage en Zinovie.
Bien sûr, mon ami Lucien l’âne, que c’est une allusion, une référence à Hamlet et à sa fameuse tirade. Cependant, il y a une différence et elle est essentielle. Hamlet dit textuellement « To be or not to be ; that is the question. » (III, I, 56) – qu’on traduit sans aucune erreur possible par « Être ou ne pas être ; c’est la question. » et le soliloque anonyme de la chanson dit : « Faire ou ne pas faire, telle est la question. », ce qui est d’évidence, une autre affaire. Cette méditation d’Hamlet pose une question centrale d’ordre philosophique ; celle e la chanson est tout aussi centrale, mais pour l’éthique, pour la morale ; elle interroge la légitimité fondamentale de l’acte ou de l’action. Autant l’« être ou ne pas être » est statique, autant le « faire ou ne pas faire » est mouvement.
Ça va, dit Lucien l’âne, j’ai compris. Mais ne peux-tu plutôt synthétiser la chanson ?
Certainement, répond Marco Valdo M.I., et c’était mon intention de relier les quatre strophes à la lumière de ce « Faire ou ne pas faire ». Donc,
— La première indique que le dilemme n’est pas la bonne question, dans la mesure où la réponse ne peut être qu’une impasse logique. C’est le cas de force majeure.
— La deuxième tranche nettement en faveur de la morale.
— La troisième pour le dilemme de l’artiste (forcément) novateur face au pouvoir, au bon goût, à l’académisme.
— La quatrième montre le jeu du faire et une autre de ses impasses.
Pour les détails, je laisse chacun les découvrir.
Parfait, dit Lucien l’âne. Avec tes explications, je ne sais toujours pas ce que raconte la chanson, mais par contre, je comprends son ressort caché. C’est l’essentiel. Je m’en vais à présent voir les détails et surtout, retenir qu’il y a des choses qui se font et des choses qu’on ne fait pas. Pour le reste, en ce qui nous concerne, nous faisons ; la preuve, nous tissons le linceul de ce vieux monde faiseur, bâtisseur, destructeur, dégradeur, rongeur, consumeur, consompteur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane