Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Une fois, il eut une crise de foie ;
De foie, mais pas de foi.
Alors, il dit, cette fois,
C’est la dernière fois
Que je mange du foie
Dans la ville de Foix.
Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Dans sa tombe, il disait, ma foi,
Il se pourrait des fois,
Que j’aie mangé l’autre fois,
Une ultime fois
Bien trop de foie
Dans la ville de Foix.
Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Ce petit bonhomme de foi
Vivait tranquille autrefois
En la bonne ville de Foix.
Il était pur et de Bonne Foi.
L’Inquisition vint une fois
Tortura et brûla les Bonshommes de Foi.
Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Homme de peu de foi,
Réfléchis un peu parfois,
À la vérité et même, plusieurs fois,
Aux hommes de Bonne Foi
Qu’on tua autrefois
Dans la ville de Foix.
Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Et aussi de Navarre, Henri III
Henri IV de France, Henri II de Foix
Comte, pour être roi deux fois,
Deux fois retroqua sa foi.
Mais la deuxième fois ;
Un fanatique de sa dernière foi
L’assassina à Paris et pas à Foix.
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Une fois, il eut une crise de foie ;
De foie, mais pas de foi.
Alors, il dit, cette fois,
C’est la dernière fois
Que je mange du foie
Dans la ville de Foix.
Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Dans sa tombe, il disait, ma foi,
Il se pourrait des fois,
Que j’aie mangé l’autre fois,
Une ultime fois
Bien trop de foie
Dans la ville de Foix.
Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Ce petit bonhomme de foi
Vivait tranquille autrefois
En la bonne ville de Foix.
Il était pur et de Bonne Foi.
L’Inquisition vint une fois
Tortura et brûla les Bonshommes de Foi.
Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Homme de peu de foi,
Réfléchis un peu parfois,
À la vérité et même, plusieurs fois,
Aux hommes de Bonne Foi
Qu’on tua autrefois
Dans la ville de Foix.
Il était une fois
Un petit bonhomme de Foix
Qui mangeait du foie
Dans la ville de Foix.
Et aussi de Navarre, Henri III
Henri IV de France, Henri II de Foix
Comte, pour être roi deux fois,
Deux fois retroqua sa foi.
Mais la deuxième fois ;
Un fanatique de sa dernière foi
L’assassina à Paris et pas à Foix.
inviata da Marco Valdo M.I. - 20/8/2020 - 19:36
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Chanson française – Le petit Bonhomme de Foix – Marco Valdo M.I. – 2020
As-tu, Lucien l’âne mon ami, souvenance d’une comptine enfantine qui racontait dette histoire de l’homme de Foix ?
J’en ai entendu beaucoup de versions, dit Lucien l’âne en riant, mais à l’origine de ma mémoire, j’ai gardé celle-ci – assez cohérente, même si je pense qu’elle camoufle une autre signification plus ancienne et mystérieuse, liée à l’histoire de la ville et du Comté de Foix. La voici dans son intégralité :
Un marchand de foie
Qui vendait du foie
Dans la ville de Foix.
Il se dit : « Ma foi ! »,
C’est la première fois
Et la dernière fois,
Que je vends du foie
Dans la ville de Foix ! »
Donc, Lucien l’âne mon ami, tu connais bien cette comptine et tu entrevois son passé tumultueux. C’est ce dernier que ma chanson – parodie de cette comptine et comptine elle-même, entend restituer, car c’est souvent ainsi avec les comptines : elles servent – sans le savoir – à transmettre une mémoire cachée, un sens crypté du fait qu’elles sont nées d’un événement généralement dramatique, d’un grand traumatisme ou qu’elles servent à mettre en garde les enfants et les futurs adultes contre certains aléas de la vie. Ce qui fait que hors de ce souvenir sous-jacent, elles ont souvent l’air un peu légères, un peu vides de sens et de passé réellement identifiable ; ce sont des paraboles, elles racontent autre chose au-delà de ce qu’elles racontent. Songe un instant aux contes pour enfants qui ont la même destination et la même fonction : par exemple, le petit chaperon rouge où le loup va se farcir la petite fille. Ainsi, la version que tu proposes où un marchand vient vendre du foie à Foix et une seule fois. En dehors de l’allitération, on se demande vraiment pourquoi une telle histoire à dormir debout. D’abord, s’il vend du foie (au temps où remonte la chanson, il n’y avait ni surgelé, ni frigo, ni conserveries), il ne peut venir de loin, ne fût-ce que parce que sa marchandise ne résisterait pas à de longs transports ; son foie arriverait pourri sur le marché ; sans compter que pour en vivre, il lui faudrait en écouler (et en transporter) de grandes quantités. S’il ne vient pas de loin, disons à une heure ou deux de marche, il ne peut négliger la ville dont il est proche. Il en ferait quoi de son foie ? De plus, s’il devait effectivement venir au marché chaque semaine, il faudrait considérer le régime alimentaire de la population de la ville ; ce serait peut-être l’explication du nom de la ville elle-même ?, pourrait avancer un farfelu.
En effet, dit Lucien l’âne, je me disais aussi que c’était bizarre qu’un marchand renonce ainsi à son marché, et puis, pourquoi ne vendrait-il que du foie ? Que ferait-il des restes de ses bêtes forcément mortes – cochons, canards ou oies, puisque sans foie ? Dès lors, est-ce un éleveur, un boucher ? À supposer qu’il vende tout le reste au marché, pourquoi pas le foie ? Et pourquoi seulement à Foix ? Dès lors, il me semble aussi que cette histoire cache quelque chose, en quelque sorte historique.
C’est à cette élucidation, répond Marco Valdo M.I., que s’est efforcée ma chanson. D’abord, quelle mémoire de foie ou de foi peut-on noter à Foix, ville située aux pieds des Pyrénées en plein pays cathare ; dans le Comté de Foix, la Foi, ce fut un temps la Foi cathare, celle des Parfaits qu’un horrible et incroyable croisade, lancée par un Pape au nom Innocent, on ne peut plus faux-cul, tenta d’éradiquer. Par parenthèse, elle commença comme la croisade contre Valdo et ses partisans. Elle dura longtemps et dit-on, elle finit à Montségur par un bûcher énorme où on carbonisa les derniers Bonshommes.
Oh, dit Lucien l’âne, je les ai vus, de mes yeux vus, ces croisés sur les chemins de France et de Navarre pillant, tuant, violant, torturant, incendiant, pires que les Huns d’Attila. C’est à Albi qu’on entendit « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! » Il en reste encore des traces aujourd’hui près de huit cents ans plus tard. L’Église catholique entendait conserver son pouvoir et ses privilèges. Ceci dit, ce n’est pas une spécificité catholique, car toute religion tend qui à étendre son influence, son pouvoir en vient nécessairement à opprimer et in fine, à massacrer, ceux qui ne se soumettent pas à ses ukases.
Plus tard, sans doute dans le prolongement de la résistance cathare, Lucien l’âne, le pays cathare ou l’Occitanie, c’est tout comme, se rallia à la Réforme. Et on recommença à les massacrer.
On comprend aisément un tel scénario, dit Lucien l’âne. À mon avis, il faudrait examiner ça comme un épisode particulier de La Guerre de Cent mille ans.
Cependant, la chanson n’en reste pas là, puisque, moment crucial dans l’histoire de France et de l’affrontement entre les sbires de l’Église romaine et les partisans de la Réforme, il y eut la tentative d’un Comte de Foix de mettre un terme à ces stupides querelles religieuses ; il y laissa sa vie. Il s’agit bien évidemment du roi de France assassiné Henri IV, dit le Vert Galant. C’est la clé de cette chanson : cette volonté de mettre fin à la guerre religieuse.
Eh bien, dit Lucien l’âne, voyons ça et pour notre part, tissons le linceul de ce vieux monde empêtré dans ses croyances absurdes, malade de la foi, délinquant spirituel et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane